Constructivisme

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Le constructivisme en termes simples. Domenico Masciotra

Clermont GAUTHIER, un chercheur québécois récupéré par la droite
  Clermont Gauthier, avec d'autres chercheurs (Mellouki, M., Simard, D., Bissonnette, S., Richard, M.) dans un ouvrage intitulé Interventions pédagogiques efficaces et réussite scolaire veut démontrer la supériorité de ce qu'il appelle l'approche explicite qu'il oppose au "constructivisme pédagogique", censé être de gauche et à l'enseignement traditionnel. En France ses travaux ont été mis en exergue par la Fondation pour l'innovation politique, proche de l'UMP.

Une approche critique de ces travaux a été menée par Serge Pouts-Lajus (avec une réponse très agressive de deux des collaborateurs de C. Gauthier) dans Le café pédagogique

http://www.cafepedagogique.net/dossiers/contribs/faus.php

Thèses controversés au Québec même comme en témoigne NouvellesCSQ Septembre-Octobre 2005

http://www.csq.qc.net/nouvelle/sept05/P14-15-16-17.pdf

   

«L'école doit être efficace»

Extraits

Nous avons constaté dans nos recherches que des approches moins structurées, comme cette pédagogie dite «de la découverte», semblent entraîner de moins bons résultats scolaires que des approches plus structurées, où l'enseignement est explicite, organisé et fonctionne du simple au complexe.

Ces nouvelles pédagogies qui veulent mettre l'élève au centre datent d'au moins un siècle! Elles ont toujours usé de la même rhétorique, en voulant s'opposer, à juste titre selon moi, aux pédagogies traditionnelles qui sont celles du cours purement magistral. Ce que nous concluons, c'est qu'un enseignement systématique, structuré, qui va du simple au complexe, qui contient des stratégies comme le rappel des connaissances antérieures, qui propose un enseignement qui met les élèves au travail a de meilleurs résultats. En gros, c'est une pédagogie où le professeur montre et vérifie que l'élève comprend. La vérification constante est un ingrédient essentiel de l'enseignement structuré.

Trop souvent, on met les élèves en situation de découverte alors qu'ils ne possèdent pas les connaissances nécessaires pour réaliser cette découverte. Dans ce processus, ils vont apprendre des erreurs dont le professeur n'a pas conscience immédiatement et qui vont se cristalliser. En outre, ce type d'enseignement prend du temps.

Les élèves les plus nantis pourront toujours réussir quelle que soit la méthode pédagogique. En revanche, nos chiffres le montrent, les élèves en difficulté réussissent mieux dans le cadre d'une pédagogie structurée. Il semble, en effet, que les pédagogies de la découverte mettent les élèves face à des projets qu'ils ne peuvent appréhender, car ils n'ont pas les bases suffisantes. Déjà en difficulté, ils le seront donc plus encore. Ils vivront davantage d'échecs, détesteront davantage l'école et la quitteront pour certains. Le Matin (journal suisse) 7 mai 2005

http://www.lematin.ch/nwmatinhome/nwmatinheadactu/actu_suisse/_l_ecole_doit_etre.html

 

 

Françoise Clerc et Jean-Michel Zakhartchouk, à travers des thèses contestables,  visent aussi une collusion avec des "alliés peu recommandables".
   

Résister, mais surtout PROPOSER   Françoise CLERC

L’alternative est l’innéisme, d’où l’intérêt que les idéologues réactionnaires portent à la critique du constructivisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus que résister , il faut proposer, non pas des solutions toutes faites mais des méthodologies pour accompagner l’évolution des compétences professionnelles

Il existe actuellement une attaque frontale contre ce que l’on appelle parfois la "pédagogie constructiviste". Le terme est inadéquat car il ne peut y avoir à proprement parler de pédagogie (pratique professionnelle) constructiviste (paradigme scientifique). Dans un colloque récent au Québec (novembre 2005) sur la pédagogie différenciée, j’ai entendu Clermont Gauthier, éminent collègue de l'Université du Québec, s’en prendre au constructivisme en pédagogie. L’argumentation contre le constructivisme, au niveau des sciences de l'homme, peut être aisément démontée. Mais il faut en outre, ne pas céder devant une offensive qui ne s’annonce pas pour ce qu’elle est. Les anticonstructivistes ont des alliés assez peu recommandables. Clermont Gauthier a accepté de s’exprimer dans un colloque à la Sorbonne convoqué par les plus éminents représentants de la réaction en matière d'éducation : Sauver les lettres, leur fournissant une pseudo caution scientifique. Il faut savoir que le constructivisme dans les sciences de l’homme n’est que la conséquence des théories de l’adaptation. L’alternative est l’innéisme, d’où l’intérêt que les idéologues réactionnaires portent à la critique du constructivisme. Enfin, comme toute théorie, le constructivisme s’est enrichi. En gros, il consiste à dire que l’intelligence des enfants obéit à un rythme biologique conditionné par le programme génétique de l’espèce mais que ce programme ne trouve son expression que dans des interactions sociales. En quoi cela entraînerait-il des pratiques pédagogiques inefficaces ?

 

Le problème des ministres (et pas seulement de l’Éducation nationale) est de fonder leur politique sur des expertises qui donneraient à penser que leurs choix sont indiscutables parce que déduits des savoirs savants. Pour cela, ils commandent des « rapports » dans la plus grande confusion.

bullet Confusion entre les différents sens de l’expertise : l’expertise au sens anglo-saxon du terme (ie. excellence professionnelle) avec l’expertise traditionnelle en français (ie. rendre un avis étayé sur des raisons scientifiques). Les « experts » dans les deux cas ne sont pas les mêmes or ils sont invités pêle-mêle, avec des représentants de « la société civile » (à quel titre ? choisis comment ?) à donner des avis sans précautions théoriques ou méthodologiques.
bullet Confusion dans les domaines d’expertise : par exemple, si les sociologues produisent des outils de compréhension sur le fonctionnement du système éducatif, ils ne sont pas les mieux placés pour parler de pédagogie (quand certains sociologues parlent de classes différenciées, ils désignent des classes qui sont précisément ce que combat la différenciation pédagogique… C’est-à-dire des classes à publics particuliers).
bullet Confusion des responsabilités : en démocratie, les décisions politiques ont leur propre autonomie par rapport aux savoirs savants, ne serait-ce que parce que les sciences ne disent pas ce qu’il convient de faire. Elles n’ont qu’une valeur indicative par rapport à l’action. Elles fournissent des outils pour comprendre. Les politiques doivent assumer leurs décisions devant le peuple qui les a élus. Aucune « expertise » ne peut leur servir de caution.

 

Il faut ajouter que, quel que soit le ministre, les enseignants interprètent les textes et qu'entre ce qui est prescrit et ce qui est effectivement fait, il y a une marge considérable - et je ne parle pas de ce que les enseignants ont l'intention de faire et qu’ils ne font pourtant pas qui constitue encore un autre ensemble souvent contradictoire avec les précédents... C'est un des principes de base de l'analyse du travail. Donc, pour incriminer le "globalisme" des recommandations sur la lecture d’un ministère, il faudrait que les textes aient un impact immédiat et mesurable sur les pratiques qui évoluent bien plus lentement que ne se renouvellent les ministres. Il serait plus intéressant d'évoquer les pratiques sociales à l'égard de l'écrit et, d’une manière générale, le rapport à la langue dans la société française, qui ont un effet bien plus désastreux sur l'apprentissage de la lecture que le travail des enseignants. Avant d’incriminer l’école sur ses prétendus échecs, il faudrait s’interroger sur l’accroissement de la pauvreté et sur ses implications culturelles sur les classes populaires… ce qui ne décharge évidemment pas l’école de ses responsabilités.

 

Il existe actuellement une grande convergence des spécialistes sur la modélisation de la lecture et sur les meilleures conditions pour apprendre. D’un point de vue psychologique, décoder et comprendre sont deux activités intimement liées. Mais on sait aussi que lire est un acte social et plus un groupe social est culturellement dominé, plus l’accès à la lecture est difficile pour ses membres.

 

Il ne peut plus s’agir seulement de résister: les conditions économiques et sociales ont changé, les savoirs sur l'apprentissage aussi, la manière d'appréhender le travail enseignant a beaucoup progressé depuis ces dernières années. Il faut donc en tenir compte. Il faut s’habituer à l’idée, qu’en raison des logiques professionnelles dans l’éducation et l’enseignement, les injonctions et les prescriptions rigides n’ont que peu de chance de faire évoluer les compétences dans le sens d’une pertinence accrue. Plus que résister (qui ne peut être qu'une position transitoire), nous devons proposer, non pas des solutions toutes faites, mais des méthodologies pour accompagner l’évolution des compétences professionnelles.

 

 

Françoise Clerc

Professeur en sciences de l'éducation

Université Lyon 2

 

 

Quand les chercheurs cautionnent les pires régressions

Je connaissais un peu les travaux de Clermont Gauthier au Québec et ce chercheur, qui a travaillé avec d’éminents représentants du constructivisme, avait bien voulu faire une recension élogieuse de mon livre L’enseignant, un passeur culturel en 1999.

J’avais lu son étude sur les pédagogies efficaces où il remettait en cause le constructivisme, prônant une pédagogie « explicite » dont il définit quelques grands traits, en précisant qu’il ne s’agit aucunement de la pédagogie magistrale traditionnelle. Cette étude était parue sur le site de la Fondation pour l’innovation politique[1], avec une présentation très idéologique de M. C. Bellosta, ce chercheur venu d'un pays-référence pour nombre de pédagogues, représentant une aubaine pour elle et ses amis. Du coup , le rapport devenait  une machine de guerre contre le soi-disant « pédagogisme ».

J'avoue ne pas comprendre comment Clermont Gauthier a pu accepter une telle présentation, et pire a pu venir faire une conférence à la Sorbonne à l’initiative de Sauver les Lettres. J’ignore comment s’est passée la conférence, qui n’a eu guère d’écho si j’en crois quelques lignes du Monde de l’éducation. Mais j’ai fait part de ma consternation auprès de Clermont Gauthier.

Car, si j'ai bien lu son étude, j’avais noté que ce qu’il appellait « pédagogie explicite" était à bien des égards quelque chose que je pratique souvent (mais dans le cadre d'une pédagogie différenciée et variée). De plus, il était plusieurs fois mis en avant la nécessité, une fois l'explicitation du prof faite (et il y a sur le point de départ une incontestable divergence avec les constructivistes),
du travail de groupes, de la métacognition, des conduites explicatives chez les élèves eux-mêmes, etc.  Autant de choses qui n'ont rien à voir avec la "pédagogie" qu'on trouve chez les Marc Lebris, Brighelli et autres Boutonnet, héros ou hérauts de Sauver les lettres et toute cette mouvance. Pour Brighelli, par exemple, on est à l’école pour écouter, se taire et prendre des notes !
Le travail de ce chercheur québecois peut être discuté ; on peut le contester, et pour ma part, je suis convaincu de la fécondité du « constructivisme » sous certaines conditions dont celle du refus de tout dogmatisme, mais au moins on peut débattre. Peut-on vraiment débattre avec les personnes précédentes, eux qui pratiquent la désinformation, l’absence de références précises, la déformation des propos et un style pamphlétaire souvent digne de l’extrême-droite ?   Personnellement, enseignant en ZEP, pédagogue militant aux Cahiers pédagogiques depuis bien longtemps, côtoyant des gens dynamiques, qui font tout pour faire réussir les élèves et sont loin du "laxisme" et du non-directivisme pratiquement absent de l'enseignement secondaire aujourd’hui (où le constructivisme est hyper-marginal), j'en ai plus qu'assez des injures continuelles de ces gens qui nous accusent de "détruire l'école " et de "fabriquer des crétins" (rien qu'utiliser ce mot me fait  honte, j'ai honte comme enseignant du mépris qu'ont ces gens pour les élèves, mes élèves avec qui je travaille toujours avec plaisir et passion). Je ne comprends pas comment un éminent chercheur a pu ainsi cautionner l’entreprise destructrice de ces gens qui sont bien souvent de ces « professeurs de désespoir » dont parle Nancy Huston qui haïssent le présent et l’avenir
[2].

 

Jean-Michel Zakhartchouk

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[1] Clermont Gauthier et al., Quelles sont les pédagogies efficaces? Un état de la recherche.  Sur www.fondapol.org

 [2] Un très beau livre, paru chez Actes Sud

 

En complément  
  Article téléchargeable (format *.pdf) : "Apprentissage collaboratif et nouvelles technologies"

Ce substantiel document, sur l'apprentissage collaboratif à distance grâce aux TIC, comporte une première partie une première partie sur "L'apprentissage selon les constructivistes"