Fonction éducative

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bullet La problématique
bullet Une contribution de G. Roche
bullet Un projet fondé sur l'activité des élèves

 

Fonction éducative, vie scolaire et citoyenneté

 

Le groupe de liaison :

Martine Tauszig, bureau ED, responsable du groupe

Michel Gini, principal honoraire, Aix-Marseille

Paule Furstoss, principale de collège , Aix-Marseille

Monique Galichet, proviseure de lycée professionnel, Aix-Marseille

Georges Roche, IA honoraire, Lyon

Pascal Martinez, proviseur adjoint, Lyon

 

L’école est le lieu où l’acquisition des savoirs est indissociable du savoir-vivre ensemble.

Ces deux aspects de la vie de l’élève sont nécessaires à son éducation.

Ils contribuent à la formation à l’esprit critique et autocritique, indispensables à l’émergence du libre arbitre.

Deux thèmes récurrents dans l’histoire de l’école et qui font l’objet de l’actualité de la rentrée sont proposés à la réflexion, aux débats et échanges, aux récits d’expériences passées , en cours ou en projet :

 

1 Actualité : le code de la paix scolaire

Réflexions autour de règlement et code.

Réflexions et propositions sur la mise en place d’un code de la vie scolaire qui, par sa dimension éthique, engagerait chaque acteur de la communauté éducative.

Il déclinerait un certain nombre d’articles, peu nombreux, qui trouveraient leur application de façon transversale dans la classe et hors la classe.

Ce code aurait comme objectif la nécessaire fusion entre le pédagogique et l’éducatif.

 

2 Actualité : La semaine de 4 jours à l’école élémentaire, les stages de rattrapage pendant les vacances, l’accompagnement éducatif au collège et au lycée, les 15% et 10% envisagés dans la réforme du lycée.

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Ces accompagnements doivent-ils se limiter au rattrapage scolaire ?

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Quelle est la part réelle de l’éducatif dans l’accompagnement éducatif tel qu’il est pratiqué ou tel qu’il se met en place dans les établissements ?

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Quel apport spécifique des CPE ?, des assistants d’éducation ?,des documentalistes ?

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Quelle cohésion avec les enseignants ?

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Quel pilotage pour l’encadrement ?

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Quelle définition pour « éducatif » ?

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Quelle est la part de l’interculturel, de l’artistique, du sportif ?

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Quelle organisation pour concerner le plus grand nombre pour éviter la fragilisation des publics fragiles ?

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L’accompagnement au service de l’acquisition de l’autonomie et de la prise d’initiatives des élèves ? Comment ?

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Quelle place pour les partenaires extérieurs : parents, associations ?

Cette série de questions n’est évidemment pas exhaustive !

 

Le groupe de liaison appelle à réflexion aux échanges sur ces deux thèmes Il ne prétend pas servir ainsi tous les aspects de ce qui fait la fonction éducative de l’école.

Il reste ouvert à tout autre sujet qui aurait trait au domaine dont il est chargé, susceptible d’enrichir la réflexion et les pratiques .

 

 
   

Fonction éducative, vie scolaire, citoyenneté :

 
Contribution de Georges ROCHE  30/XI/08

 

 

L’enfant ou l’adolescent qui intègre un établissement scolaire devient un élève .

 

1             - Sa première référence dès lors est la classe où il apprend «  le vivre ensemble » hors le milieu familial. Travailler, réaliser, jouer en commun sont les premiers apprentissages d’une citoyenneté vivante.

La conquête individuelle des savoirs avec les maîtres, prépare l’individu à la recherche autonome des informations et passe par la maitrise de techniques et de méthodes. Dès la première année de scolarité il prend conscience de son identité et de celle de l’autre ; les outils qui lui sont donnés forgent sa conscience, son esprit critique et autocritique, le préparent aux choix qu’il devra faire tout au long de la vie et sans doute donc à renoncer.

Au collège, au lycée, la classe est l’entité reconnue mais peut s’adapter à des exigences pédagogiques ,elle est  le lieu de rencontre ; à certains moments on peut la quitter pour rejoindre d’autres groupes constitués et optionnels. La classe reste la personne morale de la vie de l’élève.

 

2 – L’établissement est la deuxième référence : école, collège, lycée, identifié, personnalisé qui peut créer un sentiment d’appartenance (on découvre souvent ce sentiment après avoir quitté l’école). Il est souhaitable de valoriser cette identification par l’ouverture à des travaux de groupes propres au travail en classe ou externalisés. Le cadre d’un réseau d’établissements complémentaires et différents, mais proches et accessibles détermine l’ouverture vers d’autres spécificités scolaires et professionnelles : les enseignements modulaires ou optionnels le permettent et sont accessibles.

 

3 – L’accompagnement : Ce constat premier impose au service d’enseignement et d’éducation des exigences d’accueil et de suivi. La finalité est l’accompagnement de chaque élève vers des voies de réussite scolaire et professionnelle à la mesure des possibilités, des dons, des aptitudes que chacun possède et que l’école doit mettre en relief tout au long du cursus.

Accueillir signifie solenniser sans doute par la présentation et mettre en valeur un livret personnel que chaque élève se doit de porter en permanence : livret boussole, livret passeport où figure en première page ce code de vie qui rappelle les préceptes simples de la vie en commun : (code de vie et non code de paix ce dernier semble faire référence à un état permanent d’affrontement, de rapports de force). Les commentaires oraux sont dès l’accueil présentés en impératif et expliqués : la politesse qui n’est pas ensemble de rituels souvent obsolètes, la solidarité qui trouve ses applications dans les travaux de groupes, dans le jeu, dans l’entraide et s’écarte de la compétition. Ici s’apprend la liberté d’expression et de pensée, le débat, une éthique explicitée à chaque occasion.

Les compétences apprises sont enregistrées sur les pages de ce livret et les résultats faisant l’objet de notations pour les travaux individuels accompagnent, participant du portrait de l’élève concerné. Se pose ici le problème récurrent et majeur de l’évaluation des acquis, de la domination de la note chiffrée si tranquillisante et si inquiétante pour l’élève et pour le maître.

La dimension éthique explicitée dès l’entrée au collège et au lycée doit être ritualisée dans la vie de chaque jour. Symboles à créer, habitudes à instaurer (comme ces courts instants de silence en début de rassemblements) qui s’intègrent alors dans une communauté de vie.

 

L’accompagnement est à la base de la réussite pour chaque élève. Les besoins sont différents selon les personnalités : présence et directivité familiales plus ou moins accentuées, comportements et appétences des intéressés, accidents de l’existence souvent secrètement gardés.

L’accompagnement exige un maître-médiateur ni solitaire ni isolé. Son apport à l’équipe, guide interdisciplinaire, est évidemment essentiel. Les choix demandés à l’élève, qu’ils soient ponctuels (pour telle option), qu’ils soient déterminants pour le devenir scolaire voire professionnel (modulaires en particulier), ces choix sont essentiels, ils ne devraient jamais être issus d’un tirage au sort ni être le fruit du hasard ou de la contrainte. Le soutien scolaire participe de l’accompagnement, il s’adresse ponctuellement aux élèves en difficulté. L’accompagnement est permanent.

Le professeur n’est pas renvoyé ici seul devant ce problème difficile d’accompagnement. Le livret boussole peut servir de fil conducteur, de consignations d’éléments nécessaires au suivi. Le travail à privilégier est un travail de réseau interne à la classe, à l’établissement facilité par les technologies nouvelles de communication et de recherche.

La fonction d’éducation est inhérente à la fonction de l’instruction. Elles portent, en se soutenant, les mêmes valeurs de l’humanité solidaire : les valeurs transmises par l’école sont les valeurs de l’école.

 
 
   
Un projet fondé sur l’activité des élèves

 

 

Claude rebaud était proviseur au lycée François Mauriac à Andrézieux Bouthéon quand il a écrit ces réflexions sur le travail scolaire des élèves de seconde. Ce texte ne semble pas avoir perdu de son actualité à l'heure où on continue de réfléchir sur l'accompagnement scolaire, le métier d'enseignant , l'autonomie des établissements et celle des élèves; à l'heure d'une nouvelle réforme du lycée dans laquelle E&D a toute sa place.

 

A chaque rentrée scolaire, lorsque j’accueille les élèves des classes de secondes, je leur tiens le discours qu’une réussite au bac en 3 ans nécessite au moins 10 heures de travail par semaine. Trois mois plus tard, ils sont presque un tiers à rencontrer des difficultés. Quand j’interroge ceux-ci sur leur travail personnel, la plupart avoue, dans le meilleur des cas, 7 à 8 heures de travail personnel hebdomadaire . Quelques uns, en tout petit nombre, travaillent beaucoup, sans efficacité.

Je retiens deux conclusions de cette anecdote :

D’une part, il ne sert à rien d’évoquer la paresse pour expliquer ce manque de travail : quand on prolonge l’entretien, on se rend compte que ces élèves ne sont pas motivés par une activité scolaire personnelle parce qu’ils n’ont pas de projet, qu’ils ne comprennent pas le sens des savoirs scolaires, que l’école est un monde étranger à leur univers, ou parce qu’au contraire, leur famille surinvestit sur leur scolarité et exerce sur eux une pression insupportable.

D’autre part, la notion de travail que j’utilise quand je leur parle en début d’année n’est pas opérante, probablement parce que l’école devrait être le lieu où l’on apprend à travailler avant d’être le lieu où l’on travaille.

Si l’objectif d’une Réforme de l’Ecole est de faire réussir tous les élèves en les conduisant tous au moins au niveau 5, quelle que soit leur origine sociale, l’entrée la plus pertinente me semble avoir déjà été fixée par la loi d’orientation de 1989, qui affirmait que l’élève devait être au centre du système, au sens où l’Ecole devait être centrée sur les activités de l‘élève

qui sont du ressort de l’école et non de la famille.

C’est à l’école que l’élève travaille et apprend à travailler.

C’est en ce sens qu’il faut entendre l’assertion : «  l’école est son propre recours ».

Aucune réforme n’est allée au bout de cette analyse pourtant communément partagée.

Le nombre d’heures de cours est trop important pour laisser une place suffisante à l’appropriation des connaissances, au travail individuel et en équipes, à des activités d’apprentissages et de socialisation, à des activités d’individualisation. Il convient donc d’abord de diminuer le nombre d’heures de cours hebdomadaires., au profit d’autres formes de travail encadré ou personnel, et, en conséquence, d’alléger les programmes.

La définition d’un socle commun de connaissances et une diversification des enseignements mieux marquée au lycée devrait favoriser le « savoir bien » de préférence au « savoir beaucoup ».

Dans une perspective de démocratisation, le travail scolaire étant l’affaire de l’école, et non celle de la famille, l’essentiel doit se faire dans les murs de l’école. Ainsi, malgré un nombre de cours réduit, le temps de présence des élèves dans l’établissement devrait être accru (35 heures par semaine dans le second degré)

Deux chantiers incontournables doivent permettre la réalisation de ce projet :

  1. Pour faire des établissements scolaires des lieux de travail, il faut aménager les espaces. Une loi d’orientation fixant les objectifs pour 15 ans, voilà une belle façon d’associer les collectivités territoriales à un projet national. Après les dernières décennies consacrées à construire et à restaurer un parc immobilier délabré, elles pourraient désormais consacrer leurs efforts sur cet objectif.

  2. Les élèves doivent pouvoir bénéficier d’un encadrement pendant toute la durée de leur présence dans l’établissement. Dans cette perspective, il faudra redéfinir les métiers des personnels d’enseignement et d’éducation et leur statut. C’est ici qu’il faudra faire preuve du plus grand courage politique.

….une bonne réforme serait celle qui, se bornant à reprendre les analyses des dernières décennies, en tirerait toutes les conséquences pratiques pour que l’école devienne enfin l’école de l’égalité des chances.

 

 Claude Rebaud, président d’E&D