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Contribution de Georges ROCHE 30/XI/08
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L’enfant ou l’adolescent qui intègre un établissement scolaire devient un élève .
1 - Sa première référence dès lors est la classe où il apprend « le vivre ensemble » hors le milieu familial. Travailler, réaliser, jouer en commun sont les premiers apprentissages d’une citoyenneté vivante. La conquête individuelle des savoirs avec les maîtres, prépare l’individu à la recherche autonome des informations et passe par la maitrise de techniques et de méthodes. Dès la première année de scolarité il prend conscience de son identité et de celle de l’autre ; les outils qui lui sont donnés forgent sa conscience, son esprit critique et autocritique, le préparent aux choix qu’il devra faire tout au long de la vie et sans doute donc à renoncer. Au collège, au lycée, la classe est l’entité reconnue mais peut s’adapter à des exigences pédagogiques ,elle est le lieu de rencontre ; à certains moments on peut la quitter pour rejoindre d’autres groupes constitués et optionnels. La classe reste la personne morale de la vie de l’élève.
2 – L’établissement est la deuxième référence : école, collège, lycée, identifié, personnalisé qui peut créer un sentiment d’appartenance (on découvre souvent ce sentiment après avoir quitté l’école). Il est souhaitable de valoriser cette identification par l’ouverture à des travaux de groupes propres au travail en classe ou externalisés. Le cadre d’un réseau d’établissements complémentaires et différents, mais proches et accessibles détermine l’ouverture vers d’autres spécificités scolaires et professionnelles : les enseignements modulaires ou optionnels le permettent et sont accessibles.
3 – L’accompagnement : Ce constat premier impose au service d’enseignement et d’éducation des exigences d’accueil et de suivi. La finalité est l’accompagnement de chaque élève vers des voies de réussite scolaire et professionnelle à la mesure des possibilités, des dons, des aptitudes que chacun possède et que l’école doit mettre en relief tout au long du cursus. Accueillir signifie solenniser sans doute par la présentation et mettre en valeur un livret personnel que chaque élève se doit de porter en permanence : livret boussole, livret passeport où figure en première page ce code de vie qui rappelle les préceptes simples de la vie en commun : (code de vie et non code de paix ce dernier semble faire référence à un état permanent d’affrontement, de rapports de force). Les commentaires oraux sont dès l’accueil présentés en impératif et expliqués : la politesse qui n’est pas ensemble de rituels souvent obsolètes, la solidarité qui trouve ses applications dans les travaux de groupes, dans le jeu, dans l’entraide et s’écarte de la compétition. Ici s’apprend la liberté d’expression et de pensée, le débat, une éthique explicitée à chaque occasion. Les compétences apprises sont enregistrées sur les pages de ce livret et les résultats faisant l’objet de notations pour les travaux individuels accompagnent, participant du portrait de l’élève concerné. Se pose ici le problème récurrent et majeur de l’évaluation des acquis, de la domination de la note chiffrée si tranquillisante et si inquiétante pour l’élève et pour le maître. La dimension éthique explicitée dès l’entrée au collège et au lycée doit être ritualisée dans la vie de chaque jour. Symboles à créer, habitudes à instaurer (comme ces courts instants de silence en début de rassemblements) qui s’intègrent alors dans une communauté de vie.
L’accompagnement est à la base de la réussite pour chaque élève. Les besoins sont différents selon les personnalités : présence et directivité familiales plus ou moins accentuées, comportements et appétences des intéressés, accidents de l’existence souvent secrètement gardés. L’accompagnement exige un maître-médiateur ni solitaire ni isolé. Son apport à l’équipe, guide interdisciplinaire, est évidemment essentiel. Les choix demandés à l’élève, qu’ils soient ponctuels (pour telle option), qu’ils soient déterminants pour le devenir scolaire voire professionnel (modulaires en particulier), ces choix sont essentiels, ils ne devraient jamais être issus d’un tirage au sort ni être le fruit du hasard ou de la contrainte. Le soutien scolaire participe de l’accompagnement, il s’adresse ponctuellement aux élèves en difficulté. L’accompagnement est permanent. Le professeur n’est pas renvoyé ici seul devant ce problème difficile d’accompagnement. Le livret boussole peut servir de fil conducteur, de consignations d’éléments nécessaires au suivi. Le travail à privilégier est un travail de réseau interne à la classe, à l’établissement facilité par les technologies nouvelles de communication et de recherche. La fonction d’éducation est inhérente à la fonction de l’instruction. Elles portent, en se soutenant, les mêmes valeurs de l’humanité solidaire : les valeurs transmises par l’école sont les valeurs de l’école. |
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Un projet fondé sur l’activité des élèves
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A chaque rentrée scolaire, lorsque j’accueille les élèves des classes de secondes, je leur tiens le discours qu’une réussite au bac en 3 ans nécessite au moins 10 heures de travail par semaine. Trois mois plus tard, ils sont presque un tiers à rencontrer des difficultés. Quand j’interroge ceux-ci sur leur travail personnel, la plupart avoue, dans le meilleur des cas, 7 à 8 heures de travail personnel hebdomadaire . Quelques uns, en tout petit nombre, travaillent beaucoup, sans efficacité. Je retiens deux conclusions de cette anecdote : D’une part, il ne sert à rien d’évoquer la paresse pour expliquer ce manque de travail : quand on prolonge l’entretien, on se rend compte que ces élèves ne sont pas motivés par une activité scolaire personnelle parce qu’ils n’ont pas de projet, qu’ils ne comprennent pas le sens des savoirs scolaires, que l’école est un monde étranger à leur univers, ou parce qu’au contraire, leur famille surinvestit sur leur scolarité et exerce sur eux une pression insupportable. D’autre part, la notion de travail que j’utilise quand je leur parle en début d’année n’est pas opérante, probablement parce que l’école devrait être le lieu où l’on apprend à travailler avant d’être le lieu où l’on travaille. Si l’objectif d’une Réforme de l’Ecole est de faire réussir tous les élèves en les conduisant tous au moins au niveau 5, quelle que soit leur origine sociale, l’entrée la plus pertinente me semble avoir déjà été fixée par la loi d’orientation de 1989, qui affirmait que l’élève devait être au centre du système, au sens où l’Ecole devait être centrée sur les activités de l‘élève qui sont du ressort de l’école et non de la famille. C’est à l’école que l’élève travaille et apprend à travailler. C’est en ce sens qu’il faut entendre l’assertion : « l’école est son propre recours ». Aucune réforme n’est allée au bout de cette analyse pourtant communément partagée. Le nombre d’heures de cours est trop important pour laisser une place suffisante à l’appropriation des connaissances, au travail individuel et en équipes, à des activités d’apprentissages et de socialisation, à des activités d’individualisation. Il convient donc d’abord de diminuer le nombre d’heures de cours hebdomadaires., au profit d’autres formes de travail encadré ou personnel, et, en conséquence, d’alléger les programmes. La définition d’un socle commun de connaissances et une diversification des enseignements mieux marquée au lycée devrait favoriser le « savoir bien » de préférence au « savoir beaucoup ». Dans une perspective de démocratisation, le travail scolaire étant l’affaire de l’école, et non celle de la famille, l’essentiel doit se faire dans les murs de l’école. Ainsi, malgré un nombre de cours réduit, le temps de présence des élèves dans l’établissement devrait être accru (35 heures par semaine dans le second degré) Deux chantiers incontournables doivent permettre la réalisation de ce projet :
….une bonne réforme serait celle qui, se bornant à reprendre les analyses des dernières décennies, en tirerait toutes les conséquences pratiques pour que l’école devienne enfin l’école de l’égalité des chances.
Claude Rebaud, président d’E&D |
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