groupe des 14

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Le "groupe des 14" s'est créé quand la réforme des lycées semblait gravement menacée.

Ce groupe des 14 associe, autour des associations de parents d'élèves (FCPE et PEEP), des mouvements pédagogiques et associations d'éducation populaire, mais également des organisations syndicales, clairement acquises à la réforme.

Il ne s'agit pas d'un cartel permanent ou d'une nouvelle formation, mais d'un réseau de solidarité prêt à se mobiliser chaque fois que la vraie réforme est menacée.

Une prise de position : Nous voulons une école où chaque jeune pourra construire son avenir.

Une des dernières prises de position : le collège pour tous.

Trois exemples de prises de positions de ce groupe :

bullet une lettre au ministre conjoncturelle certes, mais qui peut encore éveiller des échos ;
bulletun manifeste pour le collège de tous;
bulletun deuxième manifeste pour l'école de tous

Nous voulons une école où chaque jeune pourra construire son avenir

14/02/05

CEMEA, CRAP, EDUCATION & DEVENIR, FCPE, FOEVEN, FRANCAS, GFEN,  ICEM-Pédagogie Freinet, LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT, OCCE, PEEP,  SGEN-CFDT, UNSA Éducation (SE-UNSA,SNPDEN)

 

Nous, signataires de ce texte, avons, séparément ou ensemble, fait des propositions convergentes pour construire une Ecole pour la réussite de tous les jeunes. Nous contestons avec force les propos du ministre de l’éducation qui prétend qu’il n’y a pas d’alternatives à son projet de loi.

 

Nous dénonçons l’incapacité de l’actuel projet de loi à transformer l’Ecole, à lui donner une ambition à la hauteur des défis éducatifs, politiques, économiques, écologiques et sociaux que les citoyens du XXIème siècle vont devoir affronter. Les mesures avancées sont passéistes et conservatrices : la suppression des TPE (Travaux personnels encadrés) en terminale et le retour des punitions collectives allaient déjà dans ce sens. Faire porter aux familles et aux élèves la responsabilité de l’échec est inacceptable. Permettre de recourir au redoublement, chaque année, dès le cours préparatoire, ne résoudra ni la question de l’apprentissage diversifié des élèves ni la question de l’échec scolaire. Confondre, avec la note de vie scolaire, sanction et éducation, respect des règles et engagement citoyen, est un retour en arrière.

 

L’Ecole à laquelle nous croyons ne peut accepter de laisser des élèves au bord du chemin. Elle refuse toute orientation précoce pendant la scolarité obligatoire et toute reconstitution de filières ségrégatives.

Nous continuons d’exiger le maintien d’une scolarité commune de la maternelle à la 3ème.

Nous continuons d’exiger de faire vivre l’organisation scolaire par cycles permettant la différenciation des interventions pédagogiques et l’accès aux connaissances et compétences selon le rythme de chacun.

Nous continuons d’exiger que les contenus des connaissances et des compétences soient réactualisés, que les formes d’évaluation soient diversifiées, y compris pour le baccalauréat, et que les missions et la formation des enseignants soient redéfinies, favorisant en particulier le travail de groupe et l’accompagnement individualisé des élèves dans leur processus d’apprentissage.

 

 

Le système éducatif reste aujourd’hui à transformer en profondeur. Ce projet de loi ne le permettra pas. Il ne trace aucune perspective d’avenir pour l’Ecole du XXIème siècle. Il ne crée pas les conditions de la réussite de tous les élèves, il n’a ni vision prospective ni ambition pédagogique et citoyenne.

 

Pourtant, de nombreuses pratiques innovantes, peu valorisées par l’Education nationale, fonctionnent avec succès dans des écoles, des collèges et des lycées : elles témoignent qu’il est possible de se préoccuper de l’avenir de chaque élève sans réduire les exigences scolaires.

 

Une Ecole qui se soucie de chacun, qui l’accompagne au plus haut niveau possible, qui participe à la construction du futur citoyen, qui fait travailler ensemble tous les acteurs de la communauté éducative, c’est possible !

C’est cette Ecole-là que nous voulons promouvoir avec toute la Nation !

 

 LETTRE OUVERTE AU MINISTRE (9 JUILLET 1999)

                                                    Paris, le 9 Juillet 1999

 

 Monsieur le ministre,

 

Nous avons approuvé les principes fondateurs de la charte " Un lycée pour le XXIe siècle " au Conseil Supérieur de l'Éducation le 4 mars 1999. En effet, ces principes nous semblent pouvoir contribuer à atteindre l'objectif d'une véritable démocratisation de la scolarité en lycée qui ne rejette pas une partie des jeunes sans qualification et qui propose aux jeunes de véritables exigences intellectuelles pour la construction d'individus autonomes et responsables. Il s'agit bien, vous l'avez  rappelé, de placer l'élève au centre du système éducatif, conformément à la loi  d'orientation de 1989.

A cette réunion du Conseil Supérieur, nous avons proposé un voeu qui a été très largement adopté. Il s'agissait d'indiquer que la charte elle-même ne constituait qu'une première étape de la nécessaire réforme du lycée. Elle ne doit pas rester dans le domaine des principes, des bonnes intentions. Ce qui compte c'est bien la traduction en actes d'une volonté politique.

Or, quatre mois après, nous sommes déçus et inquiets. Pour la préparation de la rentrée dans les lycées, les conditions préalables à la mise en oeuvre des démarches et enseignements nouveaux n'ont pas été pour l'essentiel réunies à ce jour.

 Nous ne prendrons que quelques points pour illustrer notre propos. La mise en place de véritables projets d'établissement, l'accompagnement des élèves, le suivi individualisé, la concertation indispensable entre les enseignants mais aussi avec l'ensemble de la communauté éducative dessinent les contours d'un nouveau métier enseignant. Pour rendre possible cette évolution, le service des enseignants doit être redéfini : il y a là un levier fondamental de la transformation.

Or, à ce jour, vous n'avez toujours pas publié les réflexions menées sur le sujet par Monsieur le recteur Bancel. Ce silence nous inquiète car nous estimons que ce dossier doit être ouvert au plus tôt.

La charte indique clairement qu'une réflexion doit être menée en 1999-2000 sur l'évaluation et l'organisation du baccalauréat. La définition dans les programmes de français pour la rentrée 2000 d'une épreuve nationale du baccalauréat nous semble faire peu de cas de l'engagement pris dans la charte de mener une réflexion sur cet examen. En outre, rien ne serait pire que d'ajouter de nouvelles épreuves sans réfléchir au préalable sur les finalités, la cohérence globale et les modalités de l'examen.

Le Conseil avait demandé la mise en place d'un groupe de suivi de la réforme du lycée, impliquant tous les acteurs du système. Certes un comité de suivi national s'est réuni le 16 mai 1999 mais il n'a pas impulsé la mise en place d'un véritable maillage engageant chaque échelon, du ministère aux établissements : cette réforme ne prendra corps qu'avec l'ensemble des acteurs du système.

 Enfin, nous ne pouvons que constater -pour le regretter- que la voie technologique est la grande oubliée de vos propositions et que cet oubli met à mal les principes d'égale dignité des filières telles que vous les avez énoncées. Ce chantier doit être ouvert au plus tôt.

La charte peut être une première étape dans la transformation, encore faut-il en respecter les engagements, tous les engagements.

Nous attendons de votre part sur ces dossiers des annonces et des décisions concrètes.

Nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, à l'assurance de nos sentiments respectueux.

 

 signataires : 

 Cemea -- Crap-Cahiers pédagogiques -- Education et Devenir -- Faen -- Fcpe -- Fen -- Foeven -- Francas – Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente -- Mouvement des Réseaux d'Echanges Réciproques de Savoirs --

 Occe -- Peep -- Sgen-CFDT -- Se-Fen -- SNCL-Faen -- UNL

 

 

 

MANIFESTE POUR LE COLLEGE DE TOUS

 

Si on doit reconnaître les incontestables réussites, ces cinquante dernières années, du système éducatif, on ne peut ni accepter la reproduction au sein de l'école des inégalités sociales, ni le départ de plus de 60 000 jeunes chaque année sans qualification, ce qui les engage ainsi vers l'une des voies de l'exclusion sociale.

Parce que le collège est le lieu où les phénomènes d'exclusion s'intensifient, on voit se développer incivilité, violence, et sentiment d'insécurité.

 

Bien au-delà des rapports et des quelques tentatives de " rénovation " dont il a fait l'objet depuis 1980, la nécessité s'impose aujourd'hui de le faire évoluer en profondeur pour en faire l'outil de la réussite pour tous, structure capable d'être son propre  recours, intégrée dans la vie du quartier, de la commune ou du canton.

 

L'école primaire et le collège constituent bien aujourd'hui le creuset dans lequel passent tous les enfants, citoyens, demain, de notre pays. Il faut donc assurer la continuité, la cohérence de la progression dans les acquisitions entre l'école et le collège tant en terme de contenus qu'en terme de méthodes.

 

Le collège a l'obligation d'assurer à tous l'acquisition des savoirs, savoir faire et savoir être nécessaires à l'épanouissement de la personnalité. Il doit permettre l'appropriation des valeurs et des règles sociales partagées qui fondent indispensable

 éducation à la citoyenneté.

 

Mais ces acquisitions se font pendant que l'adolescent continue à structurer ses capacités intellectuelles, au moment de sa maturation physique et psychique. Tous les membres de la communauté éducative doivent être conscients de cette spécificité du collège et y être attentifs dans leur pratique.

 

L'hétérogénéité est actuellement en débat. Comme nous refusons la ségrégation sociale, nous rejetons la ségrégation scolaire et affirmons qu'une hétérogénéité maîtrisée est un atout pour la réussite de tous. La classe hétérogène doit rester le groupe de référence, mais articulée de façon concertée et évaluée à des modes divers de regroupement en fonction des activités, des besoins, des projets, des nécessités de la prise en charge des élèves en difficulté.

 

La différenciation pédagogique, le recours à une pédagogie personnalisée, font de l'élève l'acteur de ses apprentissages à l'intérieur du groupe. Ils favorisent la socialisation et l'acquisition de l'autonomie, prennent en compte les difficultés scolaires et  préviennent l'échec.

 

Seule la définition d'objectifs communs peut donner leurs sens à des contenus d'enseignement dépassant l'empilement actuel des connaissances disciplinaires et à la nécessaire diversification des modalités d'apprentissage.

 

Une telle conception ne saurait s'accommoder de la persistance ou de la résurgence de dispositif de tri, de paliers d'orientation, de filières déguisées ou non à l'intérieur du collège. Elle suppose la volonté de lutter contre tout ce qui produit de fait de la ségrégation dans et autour des établissements.

 

Elle implique aussi que soit redéfini le rôle de l'enseignant, les modalités de son intervention auprès des élèves, son rapport avec la discipline enseignée.

 

La place et le rôle spécifiques du collège nous obligent à concevoir les spécificités de ses enseignants en particulier leur formation et en même temps à repenser les articulations entre l'école et le collège et entre le collège et le lycée.

 

Si l'enseignant doit changer son regard vis à vis des élèves, la société doit, elle, se montrer ambitieuse vis à vis du fonctionnement du système éducatif :

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Ø      en accroissant l'autonomie des établissements afin qu'ils soient à même de mettre en oeuvre les démarches pédagogiques les mieux adaptées à leur public pour atteindre les objectifs définis au plan national et fédérer les initiatives des équipes éducatives. Il faut contractualiser, sur projet, une partie de la dotation, et chercher, dans le cadre d'un réseau d'établissements, à rendre plus équitable l'offre de formation.

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Ø      en mettant en place des dispositifs diversifiés d'accompagnement du travail des élèves, de suivi individualisé, de tutorat, de démarches d'évaluation formative.

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Ø      en proposant une nouvelle organisation des établissements qui par leur taille, leur conception, leur équipement et leur aménagement ou réaménagement soient des lieux favorables au travail collectif mais aussi des lieux de vie, d'activités sportives et culturelles où s' élaborent et se mettent en oeuvre des règles du vivre ensemble et du fonctionnement démocratique. A ces conditions là, le collège peut devenir un centre de vie du quartier ou de la commune, respecté des élèves et de la population et participer avec d'autres structures associatives ou municipales à la lutte contre l'exclusion sociale et à la vie de la cité.

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Ø      en redéfinissant le métier et le service des enseignants et de tous les personnels par la prise en compte, entre autres, des démarches de travail en équipe et donc de la concertation- et du suivi individualisé des élèves. Ceci doit se traduire dans une professionnalisation accrue de la formation initiale des personnels et par une intensification de leur formation continue .

 

Toute démarche de transformation du système éducatif doit faire l'objet d'une évaluation des moyens à mettre en oeuvre pour mener à bien les évolutions mais aussi d'un dispositif de pilotage , de suivi et d'accompagnement de la mise en place des décisions sur le terrain.

 

Le collège de la réussite de tous se mettra en place dès lors qu'il y aura cohérence entre les objectifs et les moyens.

 

FCPE, Peep, Cemea, Crap, Éducation et devenir, FOEVEN, Francas, Ligue de l'enseignement, MRERS, OCCE, Fen, SE-Fen, Sgen-CFDT, UNL

 

  

 

NOUS NOUS ENGAGEONS PLUS QUE JAMAIS POUR L'ÉCOLE DE  TOUS

 

 

 

Oui, l'École, de la maternelle à l'université est un lieu de transmission et d'appropriation de la culture et du savoir.

Oui, l'École est un lieu de socialisation et d'apprentissage, de construction et de confrontation de valeurs : celles de la citoyenneté, de la démocratie, de la République et de la déclaration universelle des droits de l'Homme.

Oui, l'École est un outil essentiel de la cohésion sociale.

Oui, l'École est un lieu de travail et un lieu de vie.

Oui, les élèves - nous pourrions dire les enfants et les jeunes - sont au centre du système éducatif. Cette affirmation est le fondement de " la loi d'orientation sur l'éducation " du 10 juillet 1989.

Oui, le temps scolaire est partagé entre des cours, des travaux dirigés et d'atelier, le travail personnel assisté et le travail personnel autonome. C'est dans cette même loi.

Oui, l'École doit faire acquérir connaissances et méthodes de travail. Mais elle doit aussi dispenser une formation adaptée dans ses contenues et démarches aux évolutions sociales, culturelles, économiques et techniques de la France dans son

 environnement européen et international. C'est encore dans la loi.

 

La loi ne règle pas tout. Mais nous sommes scandalisés que ce texte, largement salué il y a 10 ans comme répondant aux besoins de démocratisation du système éducatif, soit combattu aujourd'hui dès qu'il s'agit d'en tirer les conséquences et surtout de l'appliquer. Il ne peut être question de faire l'impasse sur cette loi et de ramener le débat sur l'École à un affrontement avec le ministre de l'Éducation Nationale. Nous refusons d'être les spectateurs passifs d'un débat tronqué par l'approximation et la désinformation.

 

En 1999, défendre l'École de la République, l'École laïque, c'est tout faire pour qu'elle fasse le lien entre une culture commune partagée pour et par tous, et l'attention apportée à l'évolution des savoirs et à l'explosion des connaissances.

 

Défendre l'École de la République, l'École laïque, c'est construire une École en phase avec son temps qui offre à tous les enfants et à tous les jeunes les meilleures chances d'une intégration sociale et professionnelle et leur permet d'inventer "demain". C'est à la fois un impératif et un enjeu d'équipe. C'est le contraire d'un "SMIC éducatif ou culturel".

 

Une telle ambition inscrit l'École dans la nécessaire formation tout au long de la vie, l'éducation permanente. Elle lui confirme de redoutables responsabilités : transmettre les connaissances et construire des savoirs, apprendre à apprendre et à penser, faire acquérir sens de l'effort, esprit critique, capacités à communiquer, à s'exprimer, à coopérer, à se repérer, à négocier. Mais une telle ambition demande à l'École qu'elle apprenne aussi à élaborer des projets individuels et collectifs, à dialoguer et à se situer dans et avec la diversité des cultures et des identités.

 

C'est d'abord à l'École de donner et redonner sens au désir et au plaisir d'apprendre.

 

Cette École a relevé au cours de son histoire bien des défis. Elle doit gagner le défi actuel de sa démocratisation. Elle doit mettre un terme à cet "effet centrifugeuse" qui lui fait rejeter à ses marges, à l'identique de notre actuel modèle de société, celles et ceux qui échouent ou dont elle ne reconnaît pas la réussite.

 

Or il n'y aura pas de démocratisation de l'École et de l'éducation sans démocratie dans l'École. Celle-ci se fonde sur des personnels reconnus par la société dans leur compétence et dignité professionnelle, tout particulièrement là où les conditions sont les plus difficiles, des élèves reconnus comme acteurs de leur formation, des parents reconnus dans leurs dimensions d'éducateurs et de partenaires. Elle repose également sur la reconnaissance des collectivités territoriales pour la dimension décisive qu'elles ont dans les politiques publiques d'éducation et sur la place faite aux associations éducatives complémentaires du service public. C'est une véritable dynamique qu'il faut rechercher par l'interaction de l'ensemble des acteurs du projet éducatif local et les partenaires de l'insertion professionnelle des jeunes.

 

Il n'y aura pas de démocratisation de l'École et de l'éducation sans transformation de l'École. Elle concerne ses objectifs, ses contenus, ses programmes, ses démarches, ses structures, les rythmes et la vie scolaires, la formation initiale, continue et les conditions de travail de ses personnels, et les moyens que la Nation lui consacre.

 

Nous ne pouvons admettre que le service public soit miné par les discriminations à l'oeuvre en son sein comme dans la société et accepter également qu'il ne les combatte pas.

 

Renoncer à transformer l'École c'est faire le lit du "marché de l'angoisse" concrétisé notamment par le recours croissant aux leçons particulières payantes.

Renoncer à transformer l'École, c'est prendre la responsabilité d'une rupture avec l'opinion publique et d'une implosion du service public.

 

S'y engager c'est faire faire pièce à tout cela.

S'y engager c'est faire progresser l'École pour faire vivre les idées républicaines d'égalité et de justice, de progrès et de fraternité, de liberté et de démocratie. Nous y sommes viscéralement attachés. Ce ne sont pas que des principes ou des mots.

 

C'est plus que jamais le sens de notre engagement pour "l'École de tous".

 

 

 

 Signataires : Sgen-CFDT, FAEN, Fen, FCPE, PEEP, UNL, Ligue de l'enseignement, Ceméa, Crap, Éducation et Devenir, Francas, Foeven, OCCE.

 

  

 

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