\n

Nouveau site : http://www.educationetdevenir.fr/  

 

 

Février 2001

 

LE BON ELEVE

 

En cette période de conseils de classe dans mon collège calme de la France profonde, se dégage une typologie des élèves et il me semble que se stabilise une définition du "bon élève" intéressante et que j'aimerais vous faire partager :

Le bon élève travaille. Il travaille très régulièrement, de façon très approfondie (?), à 90 %. S'il est à 100 %, ce n'est plus un bon élève, il peut s'essouffler, on s'inquiète pour la suite. S'il est à 70%, il peut mieux faire. Il a d'excellents résultats, aucune de ses notes n'est inférieure à 17.

Le bon élève sait toujours ses leçons, il a toujours fait ses exercices. Rien ne l'a jamais empêché de le faire. Ni le sport, ni la télévision, ni ses copains. D'ailleurs il n'a que des copains qui sont eux-mêmes de bons élèves.

Le bon élève n'a pas de soucis, il n'est préoccupé par rien d'autre que sa réussite. Sa famille est soudée, attentive et sans problèmes financiers ; elle l'aide chaque soir à faire ses devoirs, à réciter ses leçons, lui a appris à bien se comporter et à ne pas écouter de la musique en travaillant.

Le bon élève est attentif et concentré. Il en donne les signes : les mains sur la table, le regard fixe tourné vers le professeur, il ne crayonne pas sur une feuille de papier et ne joue pas avec son stylo.

Le bon élève est toujours souriant, de bonne humeur ; mais pas trop, s'il rit, il devient un élève perturbateur.

Le bon élève est calme. Il maîtrise dès les petites classes ses gestes, ses mots, ses mimiques, le ton qu'il emploie. Il lève le doigt avant de prendre la parole et attend avec une infinie patience que le professeur la lui donne. Quand on ne lui donne pas la parole, le bon élève n'en conçoit aucune amertume.

Le bon élève ne court pas dans les couloirs et ne crie pas dans la cour.

Le bon élève n'est jamais ni en retard ni absent. Il est en bonne santé.

Le bon élève est gentil et très poli. Il ne mâche pas de chewing-gum, il ne fait pas tomber sa règle pendant le cours.

Le bon élève participe à la classe mais de façon appropriée et discrète. Il n'occupe jamais toute la place, s'effaçant avec modestie derrière son professeur ou ses camarades. Il ne confond jamais participation et enthousiasme de mauvais aloi ou agitation.

Le bon élève ne copie pas sur son voisin et ne laisse pas son voisin copier. Il travaille tout seul.

Le bon élève néanmoins aide ses camarades en difficultés. Il sait quels sont les moments réservés à cela et ne le fait pas pendant la classe ; il sait que cela dérangerait le professeur.

Le bon élève ne bavarde jamais ; il ne ressent pas l'envie d'échanger avec son voisin de table.

Le bon élève pose des questions intelligentes mais pas trop inattendues ou hors sujet. En général d'ailleurs, il connaît déjà le contenu de la leçon du jour.

Le bon élève n'a pas besoin du professeur ; il l'aide au contraire à "tirer la classe vers le haut".

Le bon élève ne fait jamais d'erreurs en contrôle. Il lit très calmement les consignes, sans appréhension, et résout tous les exercices en faisant appel aux connaissances appropriées.

Le bon élève a confiance en lui mais pas trop. C'est-à-dire qu'il ne panique jamais mais garde un regard et une attitude modeste. Il ne triomphe pas quand il a une bonne note.

Le bon élève connaît et maîtrise parfaitement les codes de l'école. Il sait, en apprenant une leçon, quelles questions lui seront posées et ce qui est très important. Celui qui cherche à connaître, par la bande, les questions du contrôle n'est pas un bon élève, c'est un tricheur.

Le bon élève est toujours capable d'en dire un peu plus, mais pas trop - ce serait hors sujet - que ce qui est demandé. S'il s'en tient strictement à ce qui est demandé, c'est un élève scolaire.

Le bon élève fait preuve d'une autonomie qui lui vient naturellement sans qu'on ait besoin de l'accompagner. Il n'est cependant pas trop indépendant, ce serait de la sédition.

Le bon élève ne rêve pas. Il a des projets réalistes, très bien conduits et argumentés. Il a de l'ambition mais ne sans le dire trop haut. Ce serait alors un outrecuidant.

Le bon élève fait toujours tout ce qu'on lui demande. Il est obéissant mais pas trop servile. Il sait penser par lui-même mais a des idées qui ne sont pas trop originales ou divergentes.

Le bon élève n'usurpe pas la signature de ses parents : il n'a jamais rien de désagréable à faire signer.

Ce bon élève, je ne l'ai jamais rencontré. Il n'existe pas et n'a jamais existé, les professeurs qui le décrivent n'ont jamais été eux-mêmes comme cela. Moi j'ai rencontré Sophie, Amandine, Mohamed, Julien, Etienne, Atiya, Eddy, Soulein, Mélie… et je suis intéressée par leur spécificité et leur différence. Je les aime parce qu'ils sont imparfaits et vivants.

 

Jacqueline RIMET-MEILLE,

Principale de collège

Académie de Grenoble