Mixité

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Dossier de presse Þ

De la mixité… à l'égalité dans le système éducatif Actes du colloque organisé au siège de la MGEN à Paris, le 27 mai 2004

Voir aussi sur la mixité sociale l'expérience de Sciences Po abordée au Colloque 2004

La cellule de Veille Scientifique et Technique de l'INRP édite des "lettres" avec de nombreuses références aux travaux en cours :

http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/janvier2006.htm

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lettre n°14 - janvier 2006 : "formation des élites et ségrégation scolaire"

  

http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/decembre2004.htm

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lettre n°7 - décembre 2004 : éducation, genre et mixité

 

http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/avril2004.htm

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lettre n°2 - avril 2004 : Ecole et ethnicité

 

 

A y regarder de près...

par François Dubet 

 

Extraits

Quelle révélation ! A y regarder de près, les garçons et les filles sont différents, et l'on vient de le découvrir après trente ans de mixité scolaire. A l'école, les filles travaillent mieux que les garçons, ce qui pénalise les garçons et gêne les filles. De leur côté, les garçons "embêtent" les filles. Au fond, les uns et les autres perdent dans cette rencontre.

Formidable découverte qui semble réconcilier les féministes et les conservateurs les plus extrêmes, ceux qu'il ne faudrait pas pousser beaucoup pour en appeler à un retour à la séparation des sexes à l'école ; et cela d'autant plus tranquillement que c'est un journal réputé à gauche qui lance la campagne.

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin,

pourquoi garder ensemble les bons et les moins bons élèves ? Après tout, les premiers "complexent" les seconds qui, à leur tour, freinent et "embêtent" les premiers. Est-il vraiment souhaitable que les enfants des riches et ceux des pauvres risquent encore de se croiser sur les bancs de la même école ? A y regarder de près, la richesse des uns accentue la frustration des autres et ne facilite pas les apprentissages de tous. . Pourquoi ne pas distinguer d'emblée les élèves en fonction de leur quotient intellectuel, de leur naissance, de leur culture, de leur fortune, de leur sexe, afin de mettre chacun dans son coin et dans sa filière ?

Le plus étrange dans cette affaire est que l'on nous explique que cette construction obsessionnelle d'une homogénéité sociale et culturelle se fait dans l'intérêt des plus faibles Quand, voilà quelques années, quelques jeunes filles musulmanes voulaient porter le voile à l'école, la République semblait menacée. Mais plus personne n'évoque cette République quand il est suggéré, à l'exemple des établissements religieux les plus réactionnaires, de séparer les garçons et les filles, les bons et les moins bons élèves, c'est-à-dire de séparer les sexes et les classes sociales.

Au lieu d'aménager l'école pour qu'elle accueille ensemble la diversité des élèves, qui n'est rien d'autre que la diversité de la société, on suggère de lever l'obstacle en séparant les élèves de façon à éviter toute contamination sociale. Au lieu de reconnaître chaque individu, même comme différent, on agrège ces différences en types sociaux irréductibles dont chacun aurait droit à un traitement spécifique ou pour le moins séparé.

Les véritables différences ne sont pas collectives, mais individuelles, tous les élèves sont singuliers et le problème de l'école est double et paradoxal. Elle doit traiter chaque élève comme un individu singulier, unique et, en même temps, elle doit le considérer comme l'égal des autres, comme un semblable. C'est en tout cas ce que devrait faire une école démocratique.  Le Monde 07/02/03

Partant de l'expérience "ZEP" de Sciences Po, vous trouverez un ensemble d'extraits d'articles sur la discrimination positive dans la page consacrée au Colloque 2004

Voir aussi Mixité sociale, politique de la ville et carte scolaire

 

Dossier de Presse

Pourquoi les filles battent les garçons à l'école

 

Le Monde 27/05/08

Extraits

Que ce soit en Europe ou plus largement dans les 30 pays de l'OCDE, elles sont plus nombreuses à être diplômées de l'enseignement secondaire et supérieur et sont moins en échec scolaire que les garçons.

Seul bémol, si elles sont nettement meilleures en compréhension de l'écrit, elles sont un peu à la traîne des garçons pour leurs notes en mathématiques, selon l'enquête internationale PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Enfin, elles s'orientent moins vers des filières scientifiques (mathématiques, sciences et écoles d'ingénieurs).

Des neurologues ont tenté de trouver des origines cérébrales aux différences entre les sexes. Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche à l'Institut Pasteur, démonte toutes ces études dans un petit livre tonique. Ainsi, l'aptitude au langage, souvent présentée comme plus développée chez les femmes, avait-elle été imputée, selon une expérience de 1995, au fait que celles-ci mobilisaient leurs deux hémisphères cérébraux, tandis que les hommes n'en utilisaient qu'un seul. Des études ultérieures ont infirmé cette hypothèse.

"Remettons les neurones à l'heure, explique la neurobiologiste, les capacités biologiques cérébrales sont identiques pour les deux sexes, et garçons et filles ont les mêmes aptitudes. Pour expliquer les différences, il faut se référer aux stéréotypes socioculturels et aux comportements qui en découlent."

"L'éducation des filles se fonde encore aujourd'hui sur la docilité, au sens étymologique de capacité de réceptivité, d'écoute, assure Christian Baudelot. Et, à l'école, on vous demande d'abord d'intérioriser les règles."

Les filles feraient, par ailleurs, davantage l'objet de la part de leurs parents d'une "sollicitude inquiète", tandis que les garçons, moins soumis à cette surveillance, se construiraient davantage en dehors de l'école et sur des valeurs masculines très différentes. "La culture offerte aux garçons met l'accent sur l'héroïsme, la violence et la démonstration de force : toutes valeurs qui les dotent d'un arsenal antiscolaire",

Les filles ne sont pas seulement formatées pour les études, mais "elles adhèrent positivement à leurs choix". L'école est le lieu où elles font très tôt l'expérience qu'elles peuvent être les égales, voire meilleures, que les garçons. Elles prennent davantage de plaisir qu'eux aux activités culturelles classiques.

"Les filles sont conscientes du fait que les études sont le vecteur principal de leur émancipation. leur réussite est également le fait d'une dynamique historique et d'une évolution de la société, explique Catherine Marry, sociologue, directrice de recherche au CNRS. Les attentes parentales sont aujourd'hui les mêmes en termes de niveau d'études pour les enfants des deux sexes mais demeurent différentes en termes d'orientation."

Au final, les filles continuent d'être sous-représentées dans les filières scientifiques. "Elles restent victimes de l'imaginaire social des métiers et se projettent dans des professions supposées convenir aux qualités des femmes, comme l'attention aux autres."

Le Monde 27/05/08

 

Le problème de l'inégalité face à l'école ne se situe pas au niveau des classes préparatoires.

Tout se joue avant le supérieur

Claude Dargent professeur de sociologie à l'université Paris-VIII, Saint-Denis et à Sciences-Po

Libé 25/04/06

Extraits

La lutte contre l'inégalité face à l'école passerait par un accès automatique d'un pourcentage minimal de bacheliers issus de chaque lycée dans les classes préparatoires aux grandes écoles. On reconnaît là un avatar du dispositif qui a fait ses preuves à Sciences-Po, contre les sceptiques de tous bords : ménager une voie spéciale d'accès aux meilleurs élèves des lycées implantés en Zone d'éducation prioritaire (ZEP). (Mais] la réussite du système adopté par Sciences-Po repose sur une démarche contractuelle avec quelques établissements et n'a rien de commun avec un système aveugle de quota au plan national ,qui mettrait en jeu des milliers de lycées.

le sentiment d'une inégalité de traitement est pleinement justifié si on en juge par l'effort que consent l'Etat. Combien coûte au contribuable un élève de classes préparatoires aujourd'hui en France ? 13 760 euros. Et un étudiant en première année de premier cycle à l'université ? 6 700 euros. L’Etat dépense deux fois plus pour les enfants des classes supérieures, qui dominent dans les prépas, que pour ceux des classes moyennes et populaires, qui sont cantonnés à l'université. Cela s'appelle la redistribution à l'envers...

tout se joue bien en amont de l'enseignement supérieur. Lutter contre l'inégalité sociale, qui caractérise notre système scolaire, passe d'abord par une véritable limitation des effectifs des classes en ZEP et par un vrai avantage en terme de moyens affectés, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Libé 25/04/06

Renfort étudiant

L'Express 20/04/06

Extraits

Créer des liens entre la jeunesse qui peine et celle qui réussit... Durant un an, un étudiant bénévole accompagne un élève de ZEP en échec scolaire. On cherche des volontaires.

Pour répondre à la crise des banlieues, le ministre de l'Education nationale a lancé la campagne «100 000 étudiants pour 100 000 élèves». Il s'agit de réconcilier avec l'école les élèves les plus en échec en leur proposant l'aide d'un étudiant qui les soutiendrait bénévolement.

«Désenclaver les quartiers difficiles, créer des ponts entre la jeunesse en difficulté et celle qui réussit», explique Christophe Paris, président de l'Afev. Il s'agit de casser les barrières géographiques autant que mentales. «Les résultats scolaires ne suivront que si le regard sur l'école change», affirme ce fervent défenseur de la mixité sociale pour qui «ces rencontres permettent d'endiguer la spirale de l'échec et de rendre possible la réussite dans les cités».

Durant une année, un étudiant suit un élève de ZEP à problèmes. Les rencontres ont lieu une fois par semaine chez l'élève, dans son établissement ou au cours d'une sortie culturelle (musée, expo ou simple flânerie dans Paris…). L'Express 20/04/06

Plus douées à l'école, les filles trouvent moins facilement du travail

Nel Obs 06/03/06(AP)

Extraits

En 2004, 68% d'une génération de filles ont obtenu leur baccalauréat, contre 56% des garçons. L'objectif de 80% d'accès au niveau du bac est presque atteint par les demoiselles, avec un taux de 76% contre 64% pour leurs camarades masculins. Et 50% des filles sortent du système éducatif diplômées du supérieur, contre quatre garçons sur dix.

après avoir suivi les parcours des bacheliers 2002, la DEP constate que les garçons continuent plus souvent vers les classes préparatoires aux grandes écoles (12% contre 7% des filles) et les instituts universitaires de technologie (14% contre 6% des filles). De leur côté, les filles se dirigent plus souvent vers l'université (41% contre 27% des garçons).

En février 2004, sept mois après avoir quitté le système éducatif, 52% des lycéennes occupaient un emploi, aidé ou non, contre 59% des lycéens. Les écarts diminuent quand le diplôme possédé s'élève. Nel Obs 06/03/06(AP)

Les filles et les garçons dans le système éducatif : note d’information 06.06 février 2006

Un « New Deal » pour l’école

Georges Felouzis Sociologue, université Bordeaux-II, Joëlle Perroton Sociologue, université Bordeaux-II coauteurs avec Françoise Liot de L’Apartheid scolaire. Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Seuil, Paris, 2005.

 

Le Monde diplomatique

Extraits

Dans une académie comme celle de Bordeaux (guère terre d’immigration pourtant), 10 % des collèges concentrent à eux seuls 40 % des élèves issus du Maghreb, de l’Afrique noire ou de la Turquie. Des chiffres d’autant plus considérables que ces établissements abritent aussi une très forte proportion d’élèves de milieux défavorisés ou en retard scolaire. D’où un cumul des inégalités préjudiciable à la scolarité

L’absence de brassage social et ethnique a des effets négatifs en termes d’apprentissage, et produit de l’échec scolaire. Et prôner une orientation dès l’âge de 14 ans vers l’apprentissage ne fera que renforcer le sentiment de ces jeunes : ils sont exclus de l’école comme ils sont exclus du travail, des loisirs, de la ville – en un mot, de la société.

L’apartheid scolaire est d’abord le fruit d’une ville de plus en plus clivée socialement et ethniquement. Les familles elles-mêmes participent largement à cette ségrégation lorsqu’elles « évitent » certains collèges, perçus comme mauvais parce qu’ils hébergent une population défavorisée, mais aussi, il faut le dire tout net, « non blanche ». Dans les collèges ghettos, la « fuite » des familles des classes moyennes est massive. Elle a pour conséquence directe de doubler la proportion d’élèves issus de l’immigration.

Les enfants d’immigrés, et particulièrement les Maghrébins, ont – avaient ? – une profonde volonté d’ascension sociale. Mais ils commencent à croire, comme les Noirs américains, que les barrières raciales, trop fortes dans le monde de l’emploi, ne leur permettront pas de quitter leur cité et d’accéder à des positions honorables. Ayant intégré les valeurs culturelles et d’égalité de la société française, ils supportent très mal les inégalités scolaires, qui signent leur futur échec social.

On assiste en fait à une véritable inversion des valeurs, à la formation d’une sorte de contre-culture scolaire ethnicisée : par réaction, les élèves issus de l’immigration investissent leur appartenance ethnique, et, à l’extrême limite, la culture scolaire devient le symbole de la domination.

Un « New Deal » à l’école postule une politique volontariste. Désormais, elle ne peut plus résoudre les problèmes sociaux en affichant une « indifférence aux différences » qui, comme aimait le rappeler Pierre Bourdieu, revient trop souvent à entériner des inégalités de fait entre groupes et individus. Le Monde diplomatique

Ecole : Le match public / privé

Quatre enfants sur dix effectuent déjà une part au moins de leur scolarité dans le privé. Et le phénomène ne cesse de s'accentuer.

Nel Obs hebdo 25/01/06

 

Extraits

L'enseignement privé accueille un cinquième des petits Français : 14% des élèves du primaire et 21% de ceux du secondaire.

«Nous sommes prêts à ouvrir des établissements pour répondre à des besoins éducatifs nouveaux. Notamment dans certains quartiers, où les désordres récents ont montré combien l'école était vitale», lance Paul Malartre, secrétaire général de l'enseignement catholique.

Mis à part les boîtes à bac hors contrat, qui surfent sur un marché restreint, les 8 500 établissements privés sous contrat, qui accueillent la quasi-totalité des élèves, sont le plus souvent rattachés à des congrégations enseignantes.

«Nous avons une obligation morale de résultat. Nous devons faire réussir nos élèves», assure Paul Malartre. Et les accueillir dans des « lieux de vie » où l'on transmet des repères, où l'on parle de morale, de bienveillance, d'accueil de l'autre et d'éducation à la spiritualité. Voilà pour la bonne parole ! Dans la réalité, bien sûr, les motivations des familles sont généralement plus prosaïques. «Nous ne sommes pas dupes. On nous choisit pour contourner la carte scolaire». «On paie pour ne pas subir la dure loi de la sectorisation», reconnaît un parent. Les familles françaises s'efforcent d'y dénicher le « sur-mesure » que le secteur public, jugent-elles, est incapable de leur offrir. Elles font leur marché, sans vergogne. Et sont de plus en plus nombreuses à « zapper » d'un système à l'autre : désormais, près de 40% des élèves français passent au moins une année dans le secteur privé au cours de leur scolarité.

«Les meilleurs résultats sont liés à l'origine sociale des élèves», reconnaît Paul Malartre. Dans le secondaire, par exemple, 27,4% des effectifs sont issus d'un milieu très favorisé contre 18,5% dans le public. A l'inverse, 28,8% sont d'origine sociale très défavorisée contre 40,7% dans le public. «Rapportées aux catégories socioprofessionnelles, les réussites ne sont pas fondamentalement différentes entre le privé et le public», résume [le sociologue G. Langouët]. A l'exception toutefois des enfants d'ouvriers et d'employés, qui réussissent mieux dans le privé.

Plus traditionnel que le public, le privé continue de privilégier la culture de l'écrit. Les élèves planchent régulièrement : exercices à rendre tous les jours, interrogations écrites, devoirs sur table toutes les semaines... Dans le privé, le mode de recrutement facilite la constitution d'équipes plus soudées. Les profs du privé ne connaissent quasiment pas la grève. À l'avantage du public, on notera que les enseignants y sont plus diplômés.

Les grandes institutions continuent d'attirer les enfants de la bourgeoisie ou les très bons élèves : en quoi ils ne différent d'ailleurs pas tellement des prestigieux lycées publics de centre-ville ! Nel Obs hebdo 25/01/06

Ce que nous avons appris sur les nuits de novembre

Hugues Lagrange sociologue,  chercheur au CNRS

Le Monde 25/01/06

Extraits

Les pouvoirs publics ont constamment sous-estimé les effets ravageurs du chômage des aînés diplômés. En Seine-Saint-Denis, les communes les plus touchées par les incendies sont celles où les taux de chômage des 15-24 ans diplômés sont très élevés (Clichy, Montfermeil, Aulnay, Villepinte, Le Tremblay). Ce n'est pas seulement l'ascenseur social qui est en panne, mais le modèle de socialisation : le grand frère qui a fait des études mais se trouve sans emploi met en déroute toutes les bonnes paroles sur la réussite scolaire. Du coup, les modèles qui fonctionnent sont les figures négatives, celles du caïd, du business.

L'idée la plus souvent défendue devant les difficultés scolaires, le chômage et la délinquance dans les quartiers d'habitat social les plus stigmatisés est celle de l'échec du creuset français. Cette vision concentre tous les maux sur l'école et tous les espoirs sur elle. C'est précisément avec l'élévation des niveaux scolaires — les progrès ont été notables dans les zones urbaines sensibles (ZUS) entre 1990 et 1999 — que les enjeux se sont déplacés vers les discriminations à l'embauche.

Il faut diversifier l'offre scolaire dans les quartiers pauvres, prolonger la symbolique de l'accès aux meilleures écoles des meilleurs élèves des zones d'éducation prioritaires (ZEP), l'effet positif des contrats aidés qui favorisent l'accès à des emplois dans le secteur marchand. On ne prend pas la mesure des émeutes de novembre si l'on ne se demande pas comment les jeunes des quartiers peuvent reconquérir l'estime de soi. Le Monde 25/01/06

«On est passé d'un monde ouvrier qui se défait à un monde de ghetto.»

François Dubet, professeur de sociologie à l'université Bordeaux-II et à l'EHESS, s'est exprimé lors lors de la première conférence sur le thème de la société inégalitaire.

Libé 24/01/06

Extraits

Il faut refuser une idée simple, celle que peut donner les sondages et qui serait que la pauvreté croît depuis vingt ans de manière exponentielle. Les pauvres ne sont pas de plus en plus pauvres, mais de plus en plus ensemble. A leur création, les HLM étaient des sas. Désormais en HLM, il n'y qu'1% des appartements qui bougent. Ceux qui manifestaient aux Minguettes en 1981, étaient de jeunes immigrés qui voyaient leurs projets d'intégration se casser. A l'époque, ils se définissaient sur le mode social : “Nous sommes les enfants de travailleurs privés de travail.” Maintenant, ce qui était perçu comme un problème social est perçu, entre autres, sur des termes ethniques. En 25 ans, on passe d'un monde ouvrier qui se défait à un monde de ghetto. La figure du militant, du travailleur social qu'il pouvait y avoir a été remplacée par la figure de l'homme de foi, une figure morale et communautaire.

L'exclusion s'est également accrue. “L'école m'oblige à y aller, pour m'exclure. L'école est la seule manière que j'ai de m'en sortir, mais elle ne me propose rien d'efficace.”

Il s'est créé l'idée que les vraies victimes sont les classes moyennes qui vont au front de ces quartiers. Résultat, des réformes comme l'apprentissage à 14 ans, la fin du collège unique, sont passées très facilement. On manipule le sentiment d'insécurité : une frontière se forme entre les “gens normaux” et ceux qui, parce qu'ils sont victimes, deviennent dangereux. Et les classes moyennes ont des sentiments de sympathie pour les pauvres tant qu'ils peuvent assurer leur fuite, qu'ils ne sont pas obligés de fréquenter le même établissement scolaire. Libé 24/01/06

Ségrégation scolaire et sociale : deux études de la DEP :

ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2005/ni0537.pdf
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2005/ni0536.pdf

Banlieues, chômage et communautés

Daniel Cohen

 

Le Monde 11/01/06

Extraits

Le chômage, et non la pauvreté, est l'un des facteurs majeurs qui expliquent les soulèvements urbains. Ce n'est pas parce qu'on est pauvre qu'on se révolte, mais parce qu'on n'a pas de travail, qu'on se sent étranger au monde où l'on veut vivre.

Le modèle républicain français, qui joue tout sur l'intégration par l'école, est évidemment allergique à l'idée qu'un lien communautaire fort puisse être un facteur d'intégration. On préfère souligner plus directement que le niveau scolaire des parents étant faible, le handicap des enfants devient vite insurmontable.

Ce raisonnement est indiscutable, et ceux qui le sous-estiment au profit d'explications strictement culturelles manquent l'essentiel. Il est pourtant incomplet. Dans les pays émergents aussi, le handicap scolaire des parents est écrasant. Cela n'empêche pas certains d'entre eux de rattraper, parfois en deux ou trois générations, le retard initial. Singapour était, après la guerre, un pays à 90 % analphabète, il est aujourd'hui classé parmi les meilleurs, devant la France. Mais contrairement aux enfants de Singapour qui bénéficient de programmes par définition adaptés à leur niveau, l'école de la République fixe une norme qui est celle de la moyenne nationale, inadaptée aux enfants vivant dans les banlieues.

Ce constat ne signifie pas qu'il faille une école au rabais, mais qu'on devrait réfléchir davantage aux moyens d'adapter l'école aux jeunes auxquels elle s'adresse. On pourrait, par exemple, commencer l'enseignement primaire plus tôt, dès 5 ans, pour les familles en difficulté, permettre aux enfants d'aller à l'école en juillet, de manière plus ludique, de façon à préparer l'année suivante. Le Monde 11/01/06

Les « ghettos » scolaires font des ravages

La crise des banlieues est aussi une crise scolaire. Comment les familles détournent la carte scolaire, comment se constituent des collèges ghettos ? Des sociologues ont mené l'enquête à Bordeaux et à Paris. Les explications de Georges Felouzis

Ouest-France 11/11/05

Extraits

La France ne mène pas une politique consciente de mise à l'écart de certaines populations. Mais les faits sont là : il y a des ghettos fortement marqués sur le plan ethnique dans nos villes et dans nos collèges.

Dans l'académie de Bordeaux - qui n'est pourtant pas une terre de forte immigration - 10 % des collèges scolarisent plus de 40 % des élèves issus de l'immigration. Ces collèges sont le reflet des quartiers où ils sont implantés. Mais la seconde cause, c'est la stratégie des familles des classes aisées, moyennes ou populaires, afin que leurs enfants n'aillent pas dans ces collèges souvent classés en Zep. cela joue sur la subjectivité et la construction psychologique de ces enfants qui se sentent mis à l'écart, rejetés, renvoyés à leurs origines, alors qu'ils ont les mêmes aspirations que tout le monde.

Ils touchent du doigt ce décalage immense entre le discours républicain - « Nous sommes des individus égaux, on ne vous juge pas sur vos origines ou votre religion, mais sur votre valeur personnelle » - et la réalité quotidienne des discriminations à l'embauche, au logement, aux loisirs. Ce décalage produit du ressentiment et de la violence. Ouest-France 11/11/05

Egalité des chances, inégalité des malchances

Gil Ben Aych écrivain enseigne la philosophie au lycée Guillaume-Apollinaire à Thiais (Val-de-Marne).

Le Monde 28/10/05

 

Extraits

Demandons-nous s'il y a réellement, à proprement parler, "inégalité" entre le lycée Marcel-Cachin à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et l'Ecole alsacienne à Paris ou le lycée parisien Henri-IV ? Non. Car dans les trois cas nous avons des professeurs du service public (égalité), les mêmes programmes (égalité) et les mêmes sujets d'examens (égalité). Qu'est-ce à dire ? Tout simplement qu'il y a une école publique riche (avec ou sans fonds privés en plus) et une école publique pauvre (avec fonds privés en moins), parce qu'il y a un public riche et un public pauvre, et que le public, le peuple, la population n'est pas "inégale", mais différente, divisée, différenciée. Et c'est justement parce que ce public est divisé en fait entre riches et pauvres qu'on proclame ­ déclaration, pétition ­ son égalité en droit, sur le papier, dans la Constitution et pour la forme ! En souhaitant qu'elle s'accomplisse un beau jour républicain.

L'égalité des chances est inapplicable parce qu'elle n'est qu'un mot, une phrase, une déclaration et non une réalité, un fait vécu. Et elle n'est qu'un mot parce que cette expression absurde a une fonction idéologique décisive en République : remplacer la chose par le mot, remplacer le fait par l'espoir, le réel par l'idéal, la vie par le droit, l'aujourd'hui prosaïque par le lendemain enchanté. Parce que là où il y a égalité, donc droit, par définition, il n'y a pas chance, donc aléa ; et que là où il y a chance, aléa, par définition aussi il n'y a pas égalité

On reconnaît aussi que le fait de chacun dépend de la "chance", en faisant mine d'ignorer les raisons pour lesquelles le public est ou riche (chance) ou pauvre (malchance). Alors que les déterminations de la richesse et de la pauvreté, de la culture et de l'inculture, sont par ailleurs parfaitement connues et repérables scientifiquement, depuis deux cents ans justement, depuis la naissance et le développement des sciences humaines, depuis l'avènement républicain précisément. Le Monde 28/10/05

Ségrégation scolaire
Collèges en noir et blanc
Trois sociologues le démontrent : il existe en France des établissements scolaires transformés en ghettos ethniques

Nel Obs hebdo 20/10/05

Extraits

Non, le collège unique n'existe pas. Oui, des établissements concentrent des jeunes issus de l'immigration et deviennent de facto des repoussoirs.

« Dans les données officielles sur l'école, la question ethnique reste invisible », explique Georges Felouzis. Ils ont donc bousculé les statistiques de l'Education nationale, qui ne connaît qu'une distinction, celle entre les Français et les élèves de nationalité étrangère. Comment ? En utilisant les prénoms, « marqueurs liés à la religion et au pays d'origine ». 

Les sociologues ont ainsi fait apparaître le groupe des « allochtones », enfants étrangers ou d'origine étrangère. En 2000, parmi les 133 000 élèves de l'académie de Bordeaux répartis dans 333 collèges, 7,1% étaient donc des « allochtones ». Mais si l'on ne retient que l'immigration maghrébine, turque et d'Afrique noire, 40% de ces « allochtones » se retrouvaient dans 10% des collèges de l'académie. Cette concentration n'est pas seulement le reflet du quartier. Elle est accentuée par les dérogations. . « Le mécanisme d'évitement est alimenté par la peur de «l'autre», celui qui est culturellement différent et socialement inférieur », dit Georges Felouzis. Cette défiance aux relents racistes renforce les effets de la ségrégation urbaine. Nel Obs hebdo 20/10/05 Voir aussi : La mixité sociale au ban de l'école Libé 27/10/05

Smaïn Laacher, sociologue, retrace le parcours de jeunes qui ont su profiter du système:
«Ceux qui réussissent paient le prix fort»

 

Libé 16/09/05

Extraits

Les jeunes dont j'ai exploré le parcours ont des parents qui ne sont pas entièrement démunis. Ce sont aussi des familles qui vivent sous l'emprise de convictions morales fortes, qui savent que l'école est fondamentale. Ce sont enfin des familles où il existe un récit de l'histoire de la famille.

Si on devait formuler une constante je dirais que tous ont compris que la connaissance était une arme qui permet de se sauver, dans tous les sens du terme : de son milieu, de sa condition nationale, de l'endroit où ils habitent.

Ces jeunes doivent tout réinventer : leur façon de se vêtir, de se tenir à table... Tous ceux que j'ai interviewés présentaient les mêmes caractéristiques : bien habillés, parlant à voix assez basse, tenant des propos nuancés, mesurant leurs gestes... Tout cela n'exprime pas une timidité psychologique mais une timidité sociale.

L'école doit, sans ambiguïté, privilégier sa fonction de transmission du savoir, mais sans faire comme si ce savoir se transmettait dans un ciel sans nuages ! Pour les enfants de milieu populaire et issus de l'immigration, la réussite scolaire se paie au prix fort. Car, si l'école ouvre sur le monde, elle bouleverse tous les repères. La réussite se fait contre ce qu'on est, contre son milieu, contre ses copains... Libé 16/09/05

En Ile-de-France, le marquage social des quartiers souligne l'inégalité devant l'école.
La carte scolaire et l'apartheid

 Michel GODET Professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).

 

Libé 08/09/05

Extraits

La carte scolaire, qui visait pourtant la mixité, n'a pas empêché la concentration sociale des enfants de milieux aisés et cultivés dans les mêmes quartiers ainsi que la concentration des enfants les plus défavorisés dans les ZEP (Zones d'éducation prioritaire). C'est le prix du mètre carré qui fait la différence. La carte scolaire renforce la ghettoïsation de la société française par le haut.

L'ascenseur social de l'école républicaine ne fonctionne plus, moins en raison du système scolaire qu'en raison de l'apartheid urbain.

La concentration, dans les ZUS (Zone urbaine sensible), des enfants de familles pauvres de biens et de liens et handicapées par les origines sociales et la situation familiale, est un facteur multiplicateur des inégalités de réussite. 80 % des établissements publics situés en ZUS sont classés en ZEP. pour les ZEP : «Il n'y a pas de dégradation relative des acquis des élèves, alors que les conditions sociales s'y sont, elles, dégradées.» Cette conclusion est terrible : ce qui est en cause, c'est la concentration des handicaps dans les mêmes quartiers.

L'apartheid urbain et scolaire se renforce au détriment de la santé des enfants : les problèmes de surpoids, d'obésité et de caries dentaires y sont plus fréquents (problèmes d'accès aux cantines), les retards scolaires persistent (problèmes de soutien scolaire) et l'intégration républicaine par l'école ne fonctionne plus guère (utilisation de plus en plus fréquente de leur langue d'origine par les habitants). Tout se passe comme si la ghettoïsation de la France par le haut développait le communautarisme des populations immigrées reléguées dans les quartiers sensibles. Il n'y a pas trop d'étrangers en France, ils sont seulement mal répartis sur le territoire.

Il n'y a pas de fatalité. Tous les principaux de collège savent que la moins bonne de leurs classes de sixième deviendra l'une des meilleures des cinquièmes si on la confie aux meilleurs professeurs. A cette fin, il conviendrait de lier les promotions et les rémunérations des enseignants aux conditions d'exercice de leur métier et à leurs performances. Libé 08/09/05

Paris, capitale du contournement de la "carte scolaire"

 

 

 

Extraits

À Paris, 40 % des élèves de sixième évitent leur collège public de rattachement grâce à des dérogations ou à une inscription dans un établissement privé. Ce chiffre démontre l'extrême difficulté, pour les autorités publiques, à mettre en place une politique de mixité sociale au sein de l'éducation nationale.

Dans le reste du territoire l'évitement des secteurs scolaires est pratiqué mais dans une proportion nettement plus faible : un peu moins de 29 % des collégiens étaient scolarisés hors de leur collège de rattachement (données 2001).

Le chiffre de 40 % pour Paris ne tient pas compte, en particulier, de l'évitement "officieux" ­ obtenu grâce à de fausses domiciliations.

Une partie des élèves demandent une dérogation [pour] des motifs médicaux, scolaires (choix d'une langue vivante spécifique, classe à horaires aménagés), familiaux (rapprochement de frères et soeurs) ou géographiques (proximité d'un établissement). "Vingt et un collèges -sur 109- accueillent un peu plus de la moitié des élèves hors secteur."

La seconde stratégie de contournement consiste en une inscription dans le privé : 34 % des effectifs de sixième à Paris sont scolarisés dans les collèges privés. Cette situation fait de Paris le troisième site du privé en France après Rennes et Nantes.

La fuite vers le privé semble cependant toucher les élèves "moyens" : les résultats des élèves qui ont quitté le public pour le privé sont, en effet, comparables (66 % de réussite en français, 65 % en mathématiques, selon les évaluations réalisées en sixième) à ceux des élèves restés dans le public (67 % en français, 67 % en mathématiques). Le Monde 03/09/05

L'échec scolaire en trompe-l'œil des enfants d'immigrés

 

Extraits

Les enfants d'immigrés s'en sortent mieux à l'école qu'on ne le croit. Si on compare leurs parcours scolaires à ceux des élèves de parents français et de même milieu social, ils sont statistiquement plus nombreux à préparer un baccalauréat général.

L’orientation scolaire des élèves issus de l'immigration apparaît défavorable par rapport à celle de leurs camarades nés de parents français. Seulement 27 % d'entre eux préparent un baccalauréat général contre 40 % des enfants issus de familles non immigrées et 48 % des enfants de familles mixtes. Inversement, ils sont plus nombreux (55 % contre 40 % des enfants de parents français) dans les filières technologiques et professionnelles.

Mais cette peinture en trompe-l'oeil ne prend pas en compte la situation socioprofessionnelle des familles.

La réalité s'inverse à situations sociales et familiales comparables. "A situation sociale et familiale comparable, les enfants d'immigrés ont des chances au moins égales à celles des autres élèves de préparer un baccalauréat général et présentent un risque moins élevé de sortie précoce du système éducatif que les autres élèves."

Revers de la médaille, les enfants d'immigrés habités d'une plus forte ambition se retrouvent déçus quand leur orientation ne correspond pas à leurs attentes et expriment plus fréquemment "un sentiment d'injustice".

"Les trois quarts des lycéens professionnels d'origine immigrée souhaitent entreprendre des études supérieures", contre seulement 65 % des jeunes issus de familles mixtes et 62 % des jeunes de familles non immigrées.

Volonté de gagner de l'argent et rejet de la condition ouvrière caractérisent les ambitions professionnelles des jeunes issus de l'immigration. Le Monde 06/07/05

Voir aussi : Les trajectoires scolaires des enfants « pauvres » Alice Davaillon et Emmanuelle Nauze-Fichet Revue « Ecole et formations » DEP et D’une génération à l’autre, les aspirations éducatives des familles immigrées : ambition et persévérance _ Yaël Brinbaum, Université de Bourgogne, Iredu et Lasmas Annick Kieffer, CNRS, Lasmas

Hommes ou femmes, le cerveau ne voit pas la différence

Extraits

Catherine Vidal, neurobiologiste, désamorce les contre-vérités sur les différences entre cerveaux masculin et féminin qui impliqueraient des comportements sexués. A l'heure où la biologie est toute-puissante, elle dénonce l'obsession mise à chercher dans le cerveau la clef de la nature humaine.

Statistiquement, on ne peut pas trouver de différences anatomiques significatives entre les sexes. Pourquoi ? Parce qu'il existe une telle variabilité dans la forme et la taille du cerveau entre les individus d'un même sexe qu'elle l'emporte sur la variabilité entre hommes et femmes.

La représentation du cerveau comme une sorte de mosaïque avec des zones spécialisées et immuables est complètement dépassée. Grâce à l'IRM, nous savons qu'une fonction n'est jamais localisée dans une seule région et que les deux hémisphères sont en communication permanente. On s'aperçoit que le cerveau fonctionne avant tout de façon dynamique, en construisant des chemins, en créant des liens entre les différents territoires, qui se font et se défont au cours du temps. Seuls 10 % de nos connexions neuronales existent à la naissance, les 90 % restants vont se construire progressivement en fonction des stimulations qui viennent du monde extérieur.

La tentation est toujours présente de mettre en avant la dimension biologique pour expliquer les comportements humains et justifier l'ordre social. Un exemple éloquent est la création récente d'une nouvelle discipline : la «neuro-éthique». Son but est de préparer les neurobiologistes à leurs futurs rôles pour évaluer les potentialités de réussite scolaire, la prédilection pour la violence ou la consommation de drogue... Voila les scientifiques investis du pouvoir de prédire l'avenir, comme si le destin était inscrit dans le cerveau. Libé 04/06/05

Voir aussi : Âneries génétiques Judith Butler : «Nous ne sommes pas sexuellement déterminés» L'Express 06/06/05

Leur parcours scolaire est en décalage avec leurs souhaits de formation.
L'ambition contrariée des enfants d'immigrés

Libé 03/05/05

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Encouragés par des parents qui n'ont quasiment pas connu l'école dans leur pays d'origine, les enfants d'immigrés nourrissent de grands rêves pour leur scolarité. Comparés à ceux des enfants nés de deux parents français, leurs souhaits de formation sont nettement plus ambitieux. Mais en appartenant dans le même temps aux milieux sociaux les plus défavorisés, ils sont davantage vulnérables à l'échec scolaire. Un décalage qui nourrit un sentiment d'injustice ainsi qu'une désillusion plus grande à l'égard de l'école.

le département évaluations et prospectives (DEP) a suivi le parcours de 17 830 élèves depuis leur entrée en sixième [en 1995]. Sept ans après leur entrée au collège, seul un peu plus d'un enfant d'immigré sur quatre prépare un bac général (27 %, contre 40 % pour des enfants nés de deux parents français et 48 % pour les enfants nés de familles mixtes). Ils sont en revanche surreprésentés dans les filières technologiques et professionnelles.

Relégués en filières professionnelles, les trois quarts d'entre eux souhaitent malgré tout poursuivre des études supérieures, contre 65 % des enfants de familles mixtes et 62 % des jeunes de familles non immigrées.

Mais quand ils envisagent des études supérieures, six enfants d'immigrés sur dix pensent BTS ou DUT, laissant de côté les cursus plus longs ou des filières plus prestigieuses comme les classes préparatoires aux grandes écoles. Seuls les élèves d'origine asiatique n'écartent pas cette possibilité. Le statisticien risque une explication, soulignant que les élèves originaires d'Asie ou d'Europe fréquentent des établissements «moins ségrégués» que les élèves d'origine maghrébine, africaine ou turque. Libé 03/05/05

L'aspect religieux passe au second plan
Ecole : le choix du privé est lié à la qualité

Le Figaro 28/04/05

 

Extraits

Pour les parents qui inscrivaient leurs enfants dans le privé, l'éducation religieuse était autrefois l'argument numéro un. Ce n'est plus le cas. Désormais, ils obéissent à une approche pragmatique et consumériste.

Selon une enquête réalisée en 2004 par le Credoc auprès de 800 parents scolarisant au moins un enfant dans l'enseignement libre, l'instruction religieuse est l'un des derniers critères entrant en ligne de compte dans le choix de l'établissement : seulement 14% des personnes interrogées le considèrent «très important». Parmi les discriminants, la qualité de l'encadrement vient en tête avec 81%. Vient ensuite la capacité de l'école à s'adapter aux spécificités des enfants et à leur permettre de s'épanouir, plébiscitée par 76% des personnes sondées. plus d'un tiers de l'échantillon ont expliqué qu'ils avaient inscrit leurs enfants dans le privé pour des raisons pratiques.

L'enseignement de la rigueur, du respect des adultes, de l'autorité, mais aussi de la tolérance, de l'ouverture et du partage est considéré comme fondamental par 67% des sondés. Le Figaro 28/04/05

De la discrimination raciale à l'école

Nel Obs 19/04/05

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L 'association Agir contre les discriminations a dénoncé lundi 18 avril l'existence de ségrégations ethniques à l'Ecole qui se traduisent notamment par la formation de "classes ethniques". "La plus grosse part de discrimination, ce sont les classes, les enfants portant des noms étrangers sont regroupés entre eux et regardés différemment", a affirmé Fatima Zehouane, vice-présidente de l'association.

"Certaines classes comptent 80% d'arabes ou de noirs, parce que si on mélange tous les élèves, une certaine catégorie de familles va retirer ses enfants pour les mettre dans le privé". "Ces gamins, c'est l'institution qui les rend violents, ils ne sont pas dupes, tout petits, on leur dit qu'il n'y arriveront jamais".

Adhérente à la Ligue de l'Enseignement, l'association a mis en place depuis peu des permanences afin de "repérer les discriminations", "sensibiliser et alerter" les pouvoir publics mais aussi les syndicats enseignants et les fédérations de parents d'élèves accusés de "fermer les yeux", et de "faire cesser les discriminations". Nel Obs 19/04/05

"Une vraie violence des institutions" Fatima Zehouane, vice-présidente de l'association Agir contre les discriminations à l'école.

Antisémitisme
La haine du juif sous toutes ses cultures

 

Michel Wieviorka, la Tentation antisémite : haine des Juifs dans la France d'aujourd'hui

Libé 19/04/05

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Michel Wieviorka apporte une réponse mesurée : «[L’antisémitisme] est en expansion, taraudant la société française en divers lieux, dans divers milieux, mais sans verser dans l'excès qui y voit un phénomène massif, généralisé, ou porté par de puissants groupes sociaux ou politiques.»

La question de l'antisémitisme agit comme un révélateur et un miroir grossissant des dérives d'une institution scolaire dépassée par les évolutions de la société. Découverte : les personnels sont apparus à Wieviorka «dans l'ensemble peu soucieux, sinon de connaître et de comprendre l'antisémitisme à l'école, du moins de penser les moyens susceptibles de le contrer efficacement». Quand les enseignants «ne nient pas l'existence de l'antisémitisme», ils le resituent comme «un simple élément dans un flot de tensions généralisées : phénomènes de bandes, sexisme, violence scolaire, précarité des familles, etc.».

le livre évoque les propos racistes qui émaillent parfois des conversations en salles des professeurs. Wieviorka diagnostique «une sorte de paralysie», portée notamment par «la bonne conscience de gauche [qui] considère les porteurs de l'antisémitisme à l'école d'abord comme des victimes du racisme». Ainsi que par un fond résiduel d'antisémitisme «classique» : «Un ressentiment apparaît chez certains élèves, et parfois aussi chez des enseignants : même victimes, les Juifs s'en sortiraient mieux que d'autres...» Libé 19/04/05

Henri-IV
Le lycée des premiers de la classe

Le Point 07/04/05

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Le système scolaire va mal, mais Henri-IV, qui reste le meilleur lycée de France, parvient encore à améliorer ses résultats. Henri-IV est un symbole, incarnant à lui seul la méritocratie républicaine. Depuis un siècle, on y cultive avec bonheur l'excellence : la liste des anciens résume l'histoire intellectuelle du XXe siècle et, pour son centenaire en 1996, le lycée a pu réunir pour une séance de dédicaces 80 écrivains, tous anciens élèves.

La fabrique de l'excellence commence au primaire. A deux pas du temple républicain, à l'école élémentaire de la rue Victor-Cousin, la moitié des élèves de CM2 n'ira pas au collège tant convoité. Certains habitent par exemple le secteur [du collège] Lavoisier. Henri-IV est plus qu'un bon collège. Il est l'antichambre naturelle du lycée Henri-IV, le seul établissement capable d'y envoyer chaque année la moitié de ses élèves de 3e !

Les évaluations à l'entrée en 6e confirment l'excellent niveau des élèves : le score moyen de réussite est de 78,4 % en français, 82,3 % en maths (contre 64 % de moyenne nationale). Cet excellent niveau général autorise les professeurs à continuer d'enseigner « à l'ancienne ».

La sociologie du quartier explique la réussite du collège. Mais, au lycée, où les élèves viennent de la France entière, le sang neuf ne change pas la donne. Le proviseur n'a pas son pareil pour dénicher la bonne recrue. « Je sais lire des bulletins ».

Conformisme ? Le mot est lâché par Laurence G. : « Les élèves maîtrisent les méthodes et les techniques scolaires, truffent leur copie de références, mais où est la réflexion personnelle ? » Le Point 07/04/05

Débat avec Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny , lundi 21 mars 2005

Casseurs, délinquance : les nouvelles questions

Chat modéré par Guillaume Pélissier-Combescure et Stéphane Mazzorato

Le Monde 21/03/05

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Si l'on parle de délinquance en général, du fait des moins de 18 ans, elle est plus fréquente, plus jeune, un petit plus féminine, et surtout plus violente que par le passé.

Ce n'est que depuis peu que certains jeunes osent exprimer qu'ils pratiquent un contre-racisme. Et ce contre-racisme est à la hauteur du racisme qu'ils ressentent. Beaucoup de ces casseurs ne sont pas obligatoirement hors des circuits sociaux. Ils peuvent aller à l'école le matin et casser l'après-midi. Leurs motivations, apparemment, au moins dans cette manifestation-là, étaient de "casser du Blanc", qu'ils identifient comme des personnes riches, fragiles, et lâches. Il y a donc une volonté moins de s'approprier des biens que de faire mal à des personnes.

La violence reflète toujours une difficulté personnelle ou collective, et par ailleurs elle reflète une incapacité de communiquer autrement. Il est de fait que dans cette société, nombre de personnes sont dans l'incapacité de communiquer normalement, et leur douleur personnelle n'est pas prise en  compte. Donc ils explosent.

C'est l'expression exacerbée d'une faillite sociale et éducative. Cette faillite que dénoncent les lycéens eux-mêmes.

Elle exprime ce que j'appelle un "mitage" social où les pauvres se renferment dans leur ghetto quand les riches montent des hauts murs autour de leurs propriétés, chacun empêchant l'autre de venir chez lui. Pour peu qu'on trouve un maire de gauche qui réalise qu'il y a une route entre la cité ouvrière et la cité pavillonnaire et qui y monte un mur, on se retrouve dans ce que nous avons vécu il y a trois ans dans le nord de la France. Chacun chez soi, chacun dans sa communauté. C'est le rôle de la République de faire sauter ces murs. Le Monde 21/03/05

Eric Maurin, sociologue, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et auteur du Ghetto français (éditions du Seuil, «la République des idées»), analyse le texte socialiste sur l'état de la France en 2005

Libé 19/03/05

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L'incertitude de la concurrence scolaire, les aléas de l'insertion sur le marché du travail concernent de près ou de loin toutes les familles. C'est devenu le moteur intime de l'âpreté de notre société, à l'école, au travail, dans les choix résidentiels.

Aujourd'hui, l'anxiété vis-à-vis de l'avenir, et notamment l'anxiété scolaire des parents, fait que chacun cherche de façon un peu pathétique la meilleure école, le meilleur quartier, pour lui-même et ses proches. Cette compétition est le moteur intime de la ségrégation urbaine. Elle explique que les personnes les plus aisées se concentrent de plus en plus dans quelques quartiers, une ghettoïsation par le haut est en cours. Le rapport prend acte de ce ressort essentiel de la fragmentation sociale, lequel nourrit la persistance des inégalités à l'école, tout autant que la crise aujourd'hui aiguë du logement.

Les politiques donnant la priorité à l'égalité entre enfants, adolescents et jeunes adultes sont, à mes yeux, celles qui répondent le mieux à l'idée que nos contemporains se font de la justice sociale. Libé 19/03/05

Manifestations de lycéens  : le spectre des violences anti-"Blancs"

Le Monde 16/03/05

Extraits

Heikel, 18 ans, de nationalité française et tunisienne, se présente comme un "casseur". "Si j'y suis allé, c'est pas pour la manif, mais pour prendre des téléphones et taper les gens." "Il y avait des petits groupes qui couraient, qui faisaient de l'agitation. Et au milieu des bouffons, des petits Français avec des têtes de victimes."

Comme la plupart de ses camarades, qu'ils reconnaissent ou non avoir commis des agressions, qu'ils aient participé ou non aux manifestations, Heikel assume la violence.

Dans le discours de ces jeunes se cumulent des explications économiques ("se faire de l'argent facile"), ludiques ("le plaisir de taper") et un mélange de racisme et de jalousie sociale ("se venger des Blancs").

Dans leur langage, ils les appellent des "bolos" (ou "borros", parfois). "Un bolos, c'est un pigeon, une victime". "Un Maghrébin peut être "bolos" s'il a la mentalité des Français, ajoute Rachid. S'il parle de sexe avec sa sœur, par exemple." Le Monde 16/03/05 "Cela ressemble à une sorte de revanche scolaire"  Dominique Pasquier, sociologue, directrice de recherche au CNRS Le Monde 16/03/05

Aneries génétiques

Le cerveau n’a pas de sexe

 

Nel Obs hebdo 24/02/05

 

Extraits

Les poncifs les plus éculés sur les différences de capacités entre hommes et femmes sont à la mode. Neurobiologiste, Catherine Vidal dénonce ces thèses qui alimentent livres et magazines.

«Partant du postulat que les garçons et les filles commencent leur vie avec des atouts et des handicaps différents, Doreen Kimura, psychologue canadienne, estime qu’il faut adapter leur scolarité selon ce principe. [...] Par exemple, rien ne sert d’inciter les femmes à suivre des filières scientifiques, car "leur tendance naturelle ne les y pousse pas".» Cela fait froid dans le dos, surtout quand on apprend que Doreen Kimura est un membre actif du Freedom Party, ce mouvement ultralibéral qui s’oppose aux programmes d’aide sociale et à l’idée d’égalité des chances.

Notre personnalité serait-elle entièrement prédéterminée par notre code génétique pendant notre vie fœtale, de même que nos empreintes digitales? On retrouve ces âneries réductionnistes, déclinées sur tous les tons, dans des best-sellers à l’eau de rose, mais aussi dans des revues scientifiques («Nature»).

Les nouvelles techniques d’observation du cerveau vivant ont mis en lumière l’importance de la «plasticité cérébrale», c’est-à-dire de «l’incessant remodelage des circuits de neurones en fonction de l’expérience vécue». Le cerveau n’est pas donné à la naissance, rappelle Catherine Vidal, il est en constante évolution tout au long de la vie; et «chaque individu a sa propre façon d’activer et de façonner son propre cerveau». C’est pourquoi le déchiffrage du génome ne peut pas fournir les clés de la nature humaine, pas plus qu’un clavier de piano ne fournit les clés d’une sonate de Beethoven. Comme le dit François Jacob, prix Nobel de biologie, «nous sommes programmés, oui, mais pour apprendre».

«Cerveau, sexe et pouvoir», par Catherine Vidal, avec la collaboration de Dorothée Benoit-Browaeys, préface de Maurice Godelier, Belin Nel Obs hebdo 24/02/05

A l'école maternelle  : "Mais moi, ma maman aussi fait de la moto"

Le Monde 04/02/05

 

Extraits

Il y a "les gants de maman pour faire la vaisselle" et "les gants de papa pour faire de la moto". Ainsi parle une maîtresse à ses élèves dans une classe de moyenne section, en maternelle. "Mais moi, ma maman aussi fait de la moto", rétorque Damien

Cet échange, Leila Acherar, docteur en sciences de l'éducation et chargée de cours à l'université Montpellier-III, l'a entendu et retranscrit dans l'étude Filles et garçons à l'école maternelle qu'elle a récemment publiée pour le compte de la délégation régionale aux droits des femmes et à l'égalité de Languedoc-Roussillon. Elle y affirme que l'école, "que l'on persiste à appeler maternelle, transmet un modèle archaïque de rapport entre les sexes". Et participe donc des structures et des pratiques qui engendrent les inégalités entre les hommes et les femmes.

L'école maternelle renforce "la division traditionnelle du travail de production et de reproduction entre les sexes" Le Monde 04/02/05 

Etude téléchargeable

Piégées dès l’école
Meilleures élèves, les filles, prisonnières des stéréotypes, choisissent massivement les études les moins porteuses

Nel Obs hebdo 27/01/05

Extraits

Au moment de choisir leur voie, leur futur métier, les filles se croient libres, «comme un garçon»... Pourtant, elles persistent à s’orienter en masse vers les diplômes et les disciplines les moins cotés.

«Elles continuent à mobiliser les "aptitudes" et les "qualités" autrefois prisées chez les maîtresses de maison: diplômes littéraires, culture générale et artistique, aptitude à communiquer, aux relations humaines, sens du dévouement», constate Dominique Epiphane, sociologue au Céreq

20% seulement des ingénieurs sont des femmes.

Les filles, pourtant meilleures que les garçons jusqu’au bac, sont trop modestes.

Les filles, pourtant meilleures que les garçons jusqu’au bac, sont trop modestes. Si elles travaillent mieux, «les garçons se montrent presque aussi studieux et parfois même un peu plus disciplinés lorsque les enjeux deviennent décisifs», révèle une étude de l’Observatoire de la Vie étudiante. Nel Obs hebdo 27/01/05

L'intégration des immigrés et de leurs enfants

 Le Parisien 09/12/04

Extraits

La Cour des comptes relève un triple échec : 1. La concentration d'une partie importante des populations immigrées sur des territoires dont « les difficultés connaissent un développement quasi exponentiel » ; 2. Le nombre et les conditions de vie des étrangers en situation irrégulière ; 3. Les difficultés économiques, sociales et personnelles de nombreux immigrants et de leurs enfants, auxquelles s'ajoutent des pratiques discriminatoires. Un chiffre résume l'ampleur du problème : la probabilité qu'un élève de sixième sorte du système scolaire sans aucune qualification varie du simple au double entre un petit Français et un enfant de famille étrangère. Le Parisien 09/12/04

La société de l’entre-soi

A chacun son ghetto

Pourquoi les Français même les mieux intentionnés se révèlent-ils incapables de lutter contre le séparatisme social. Réponse chiffres en main d’un chercheur sans tabous, Eric Maurin

 

Nel Obs hebdo 02/12/04

Extraits

Les quartiers difficiles ne sont que la conséquence la plus visible d’un processus qui est à l’œuvre dans toute la société. La société française est une société de l’entre-soi. Les classes sociales se regroupent.

Les familles sont tout à fait conscientes de l’importance de la réussite scolaire. Elles savent qu’un échec à l’école entraîne des processus irréversibles de déclassement social, d’enfermement dans des destins de second choix. Elles cherchent donc à offrir à leurs enfants le meilleur environnement possible, dans la mesure de leurs moyens financiers: les meilleures écoles, mais aussi les camarades de classe les plus motivés, l’environnement culturel le plus porteur.

Le voisinage a bel et bien un effet sur les performances des élèves. Il n’est pas aussi important que le rôle de la famille, mais presque.

Aider un quartier, c’est le stigmatiser. La mise en place de zones urbaines sensibles (ZUS) ou celle de zones d’éducation prioritaires (ZEP), où les établissements scolaires reçoivent un peu plus de moyens qu’ailleurs, équivalent à montrer ces espaces du doigt. Cet étiquetage joue a contrario, en faisant fuir les familles les plus à l’aise, ou en les décourageant de s’y installer. Mieux vaut choisir d’aider directement les individus. Nel Obs hebdo 02/12/04

Piston, tuyaux ou privilèges... Ils savent comment ouvrir les portes du succès à leurs enfants

Education : Les secrets des initiés

Nel Obs hebdo 13/05/04

 

Extraits

Même très républicains, les parents sont de plus en plus nombreux à vouloir échapper aux contraintes de l’Education nationale, telles que la carte scolaire. Ces parents sont profs, au premier chef. Mais aussi apparatchiks et membres d’associations de parents d’élèves, ou bien fonctionnaires, ou encore cadres.

Déchirés entre un amour immodéré de la mixité sociale et la trouille de l’avenir, ils préfèrent, tout bien réfléchi, être bons parents que bons citoyens. Ce faisant, ils sont les premiers à trahir un système républicain auquel ils jurent pourtant un attachement sans faille.

Permettez aux cadres moyens et supérieurs de déroger à la règle, autorisez les bons éléments à fuir les établissements populaires, et les plus faibles se retrouvent entre eux. Comme à Paris, depuis la désectorisation des lycées. Nel Obs hebdo 13/05/04 Stratégies et stratagèmes pour choisir le « bon »  Collèges : Le catalogue de la débrouille Ils savent choisir entre 150 bacs Lycées : Les enragés de l’excellence Un maquis de 30000 formations Supérieur : Le savoir-faire des pros  Grandes écoles : itinéraire bis

Le pédopsychiatre analyse la différence dans la réussite scolaire
Marcel Rufo : «L'école convient mieux aux filles»

Le Figaro 08/03/04

Extraits

Pour réussir à l'école, il faut s'identifier aux professeurs. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les enfants d'enseignants se retrouvent très majoritaires dans certaines écoles telles que Normale sup. Les filles ont des capacités d'observation et d'adaptation très grandes, de déguisement – elles suivent la mode – les garçons sont plus dans un rêve inaccessible.

Le sexe dit «fort» est en réalité psychiquement faible. Ils sont plus souvent touchés par l'instabilité, le retard de langage et les problèmes d'adaptation à l'école.

Il y a une très grande différence affective entre les garçons et les filles quoi qu'en pensent certaines féministes. Les filles partent à la recherche du prince charmant et font croire à ceux qu'elles rencontrent qu'ils remplissent cet idéal. Pris au jeu, les garçons, eux, partent à la conquête du pouvoir.

L'égalité des sexes n'a de sens que dans la différence. Le Figaro 08/03/04

Les parents d'élèves défendent la mixité à l'école, devant le Sénat

AFP 10/02/04

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Les trois grandes fédérations de parents d'élèves, FCPE et PEEP pour l'enseignement public, et UNAPEL pour le privé, ont défendu mardi au Sénat le principe de mixité entre garçons et filles à l'école, tout en reconnaissant des problèmes d'orientation ou de violences sexistes.

"C'est une réalité humaine et biologique, les garçons et les filles sont différents et doivent vivre ensemble. Il s'agit d'un principe fondamental qu'il faut absolument préserver", a déclaré le secrétaire-général de la FCPE, Faride Hamana. Il a néanmoins souligné les problèmes d'orientation scolaire des filles, massivement orientées vers les filières littéraires ou de services aux personnes (filières sanitaires et sociales..), alors qu'elles sont globalement meilleures élèves que les garçons.

Véronique Gass, vice-présidente de l'UNAPEL, a noté l'existence de "violences sexistes" en soulignant les "grosses difficultés" qui se posent dans certains collèges entre garçons et filles, avec "un décalage de maturité sexuelle ou psycho-affective" L'UNAPEL étudie la possibilité d'instaurer des moments où garçons et filles pourraient temporairement être séparés "pour des raisons pédagogiques".

Lucile Rabiller, secrétaire-générale de la PEEP a qualifié la mixité entre les élèves "d'inéluctable", tout en déplorant sa rareté au sein du personnel enseignant, massivement féminin. AFP 10/02/04

Promouvoir une pédagogie antisexiste à l'école

Le Monde 28/01/04

Extraits

La mixité du système éducatif français, progressivement introduite dans les années 1960 pour des raisons économiques, puis généralisée après mai 68, fut mise en place sans débat politique ni réelle finalité pédagogique.

"Imaginer la mise en place optionnelle de quelques enseignements séparés, pour faciliter par exemple l'expression des garçons en cours de français et permettre aux filles d'avoir accès aux machines en sciences et techniques, pourquoi pas ?, estime Marie Duru-Bellat (université de Bourgogne, Dijon). Mais à condition qu'ils soient provisoires et que les objectifs restent les mêmes pour tous." Il vaudrait mieux, selon elle, promouvoir une véritable pédagogie antisexiste à l'école.

Après avoir longuement étudié la façon dont les professeurs de collège se comportent avec leurs élèves des deux sexes, il paraît clair [aux] yeux [de Nicole Mosconi, sociologue] que la plupart d'entre eux, sans doute à leur insu, tendent à "positionner" différemment filles et garçons. Plus autoritaires avec ces derniers, c'est avec eux, également, qu'ils interagissent le plus, cantonnant de fait les filles à un rôle plus passif.

En perpétuant des schémas de pensée qui divisent et hiérarchisent les sexes et les disciplines, ils exerceraient ainsi une influence sur la manière dont les élèves constituent - ou modifient - leur "rapport au savoir", dans leurs résultats scolaires comme dans leurs orientations. Le Monde 28/01/04 Voir aussi dans Le Monde du 28/01/04 : Côté filles, côté garçons et La déroutante découverte de l'autre

Longtemps sacro-sainte, la cohabitation entre garçons et filles, de la maternelle à la terminale, commence à être remise en cause
Les questions posées par la mixité scolaire

Le Figaro 24/11/03

Extraits

Même si les violences sexistes extrêmes sont rarissimes, le mépris, les insultes, l'intimidation, la crainte de l'autre sexe sont, à des degrés divers, monnaie courante chez les adolescents. Autre déséquilibre celui des performances scolaires : les filles ont, en moyenne, de meilleurs résultats que les garçons et, pourtant, elles sont moins présentes dans les prestigieuses filières scientifiques du supérieur. parmi les élèves entrés en sixième en 1989, 53% des filles ont obtenu leur bac huit ans après contre 39% des garçons. Et, selon l'Insee, à 17 ans, 8% des garçons manifestent des troubles graves de la lecture contre 3,9% des filles. Mais, elles ne sont plus que 26% dans les classes préparatoires scientifiques et 22% dans les écoles d'ingénieurs.

Les prises de position idéologiques ont dans un premier temps pris le pas, en écho au débat sur le collège unique, d'une part – un même enseignement pour tous ? –, et sur la laïcité, d'autre part – jusqu'où l'école doit-elle prendre en compte les différences de chacun ? L'idée étant qu'in fine tous les élèves sont singuliers et que l'école doit faire avec leurs différences sexuelles, religieuses, sociales, intellectuelles, etc. [Mais certains suggèrent] que les enseignants soient vraiment formés à utiliser la mixité comme outil éducatif : pour apprendre aux jeunes à vivre ensemble, sur un pied d'égalité, en respectant leurs différences. Le Figaro 24/11/03

Les élèves en classe ghetto

Libé 08/11/03

 

16,3% des profs scolarisent leurs enfants hors carte scolaire

Libé 08/11/03

Extraits

Passages dans le privé, dérogations pour le choix d'un collège public... la mixité scolaire est menacée.

L'enseignement privé catholique (95 % des élèves du privé) a connu un succès sans précédent cette année avec 20 000 demandes refusées. A l'arrivée, 12 088 élèves supplémentaires. Une observation fine du comportement des familles (et de l'institution) montre qu'au niveau du collège, dans certaines régions, jusqu'à 40 % des élèves ne sont pas scolarisés dans l'établissement public de leur secteur.

Le paysage scolaire s'apparente à une mosaïque de ghettos : ceux dans lesquels sont cantonnés les pauvres, sans qu'on leur demande leur avis ; ceux dans lesquels se protègent les riches, sans d'ailleurs avoir besoin de contourner la loi (leur lieu d'habitation leur offre protection) ; et de plus en plus ceux par lesquels les classes moyennes tentent d'échapper à une mixité sociale

Selon [le sociologue Eric Maurin], la carte scolaire est «un facteur de polarisation des familles» : dans la mesure où les plus riches sont «dans une recherche active de quartiers protégés et sûrs qui assurent la scolarité de leurs enfants contre les aléas», les «un peu moins riches» en font autant (avec moins de choix) et ainsi de suite. Résultat : la ségrégation : la ghettoïsation urbaine, statistiquement, est aussi marquée en France qu'aux... Etats-Unis. Libé 08/11/03

Les enseignants arrivent en tête des dérogataires, devant les inactifs (15 %), les cadres (10 %), les professions intermédiaires (8,5 %)… Libé 08/11/03

Les effets de la mixité sociale

Etude de l'IREDU

 

"La mixité sociale influence la vision de l'école des lycéens" M. Duru-Bellat et S. Landrier publient sur le site de l'IREDU une étude sur les effets de la mixité sociale sur les résultats scolaires et les attitudes face à l'école. Basée sur un échantillon de 2000 lycéens, elle établit que "en français, toutes choses égales par ailleurs, les élèves des écoles à recrutement social élevé progressent davantage que ceux des écoles à recrutement social faible. En maths, les lycéens d'établissements à recrutement privilégié progressent davantage que ceux des établissements populaires... Les élèves des établissements socialement mixtes progressent davantage que ceux des établissements populaires". La mixité sociale aurait un effet positif, particulièrement net en maths. Cette étude, novatrice en France, n'est pas sans intérêt dans le débat actuel sur l'école. D'une part on voit bien que la sélection précoce décourage la mixité sociale. D'autre part elle pose aussi la question de la transparence et du respect de la carte scolaire. Etude de l'IREDU En anglais - cité par le Café Pédagogique (voir Liens)

Défendre la mixité, les yeux ouverts.

Par Annick Davisse, inspectrice pédagogique régionale honoraire.

L'Humanité 22/09/03

Extraits

Il faut d'abord défendre la mixité et refuser la séparation des filles et des garçons, contraire à la démocratie. C'est une question politique, de même ordre que le collège : on rêvait d'une école unique mais on s'est contenté de mettre les élèves ensemble, face à des contenus et des pratiques inchangées, et comme ça ne marche pas, on propose peu ou prou le retour au passé ségrégatif. Or, aujourd'hui, c'est parce que la demande sociale de scolarité et d'égalité s'est formidablement développée, que l'exigence de culture commune bute sur la réalité des différences. L'idée de renoncer au progrès d'un enseignement commun est significative du recul des projets de société progressistes.

La mixité est vécue sans " traitement " : en difficulté pour saisir les marquages sociaux (de sexe et de classe) de ses références, l'école l'est aussi pour " accompagner " l'adolescence. Deux questions, parmi d'autres, devraient être travaillées : l'amour comme question didactique et ce qu'on appelle (c'est laid) l'" éducation sexuelle ". Si l'on pense " mixte ", c'est-à-dire en refusant de s'en tenir à la dénonciation des garçons (voir à la stigmatisation de ceux des quartiers populaires), on pourrait s'intéresser davantage à ce que le patrimoine culturel offre comme occasion de réfléchir et de parler les rapports amoureux. L'Humanité 22/09/03

Elisabeth Badinter, philosophe, défend une école républicaine mixte:
«On ne soigne pas la violence par la séparation des sexes»

Libé 18/09/03

Extraits

La société a changé, les hommes et les femmes aussi, mais on l'ignore, et on s'en remet à un pragmatisme ivre sans jamais penser aux effets pervers des pratiques du passé. Evidemment, il est beaucoup plus facile de lancer en l'air des recettes désuètes que de déclencher un plan d'urgence contre la violence sociale. Faut-il rappeler que c'est sous la plume de Condorcet, fin XVIIIe, qu'on a enfin pensé qu'il fallait éduquer les filles sur les mêmes bancs que les garçons. Non seulement il n'y a pas trop de mixité à l'école, mais il n'y en a pas assez.

Qu'il y ait des problèmes de violences, c'est certain. Mais la violence est avant tout un problème social. On ne peut pas soigner cette violence par la séparation des sexes.

Une étude décrit l'ampleur des ségrégations ethniques à l'école

Le Monde09/09/03

 

Extraits

Un travail mené dans la région bordelaise à partir des prénoms des élèves souligne la répartition inégale des enfants issus de l'immigration, qui conduit à l'existence de fait de classes-"ghettos". Les "stratégies" familiales qui tentent de contourner la carte scolaire aggravent ce phénomène.

L'étude décrit un monde scolaire "très fortement marqué par l'ethnicité" et "en rupture totale avec les fondements les plus universalistes" de l'école. Le chercheur a étudié la répartition des 144 000 collégiens de l'académie de Bordeaux. Les inégalités sont flagrantes : dans certains collèges, près d'un élève sur deux a un prénom qui indique une origine étrangère. Ces disparités sont plus marquées lorsqu'on considère les élèves dont le prénom est associé au Maghreb, à l'Afrique noire et à la Turquie : seulement 10 % des collèges scolarisent 40 % du total des élèves présumés issus de ces régions. ces collèges "mis à l'écart" cumulent les inégalités sociales et scolaires préjudiciables à l'apprentissage - ce qui autorise le chercheur à parler de ségrégation et pas seulement d'inégalités. ces constatations amènent le chercheur à s'interroger sur "la distance croissante" entre le "discours "officiel"" sur une école qui ne reconnaît que "des "citoyens" détachés de leur "communauté"" et "la réalité des collèges les plus ségrégués, où l'origine culturelle et l'ethnicité deviennent, par la force des choses, les critères principaux d'identification". Le Monde09/09/03

Filles-garçons : la tentation de les séparer à l'école

Le Parisien 08/09/03

Extraits

Il y a cinq ans, remettre en cause le principe de la mixité à l'école aurait fait hurler. Aujourd'hui, le sociologue Michel Fize, plaide en pleine rentrée scolaire pour la création de classes non-mixtes à l'école publique. Une idée qui fait son chemin.

Comment sauver les filles des agressions qu'elles subissent dans les classes ? Comment permettre aux garçons de rattaper des performances scolaires qui ne cessent de baisser ? Une solution, qui aurait été jugée scandaleuse il y a encore quelques années, est aujourd'hui clairement pronée par quelques spécialistes de l'éducation, dont le sociologue Michel Fize dans son livre qui vient de sortir «Les pièges de la mixité scolaire» (voir ci-contre son interview): le retour à un enseignement séparé à l'école. Filles d'un côté, garçons de l'autre pour aider le plus grand nombre à s'épanouir et par là même à réussir.

«Cela ne changerait rien, insiste Isabelle Cabat, institutrice et militante de l'association Mix-Cités. Il vaudrait mieux envisager de former les enseignants à ne pas reproduire des schémas sexistes, de revoir les manuels qui donnent des images de la femme et de l'homme très rétrogrades.» Le Parisien 08/09/03

« L'égalité des sexes n'existe pas »

Michel Fize, sociologue, auteur de " les Pièges de la mixité scolaire »

Le Parisien 08/09/03

Extraits

Je m'insurge contre le fait qu'à l'école la mixité est érigée en dogme intouchable, un vrai tabou. L'école mixte a, en partie, échoué puisque l'égalité des sexes n'est toujours pas assurée. Séparer les garçons des filles permet le plus souvent une expression plus libre. La non-mixité aide certains à mieux s'épanouir, d'où une chance supplémentaire d'obtenir de meilleurs résultats. Cela permet également de protéger les filles de quolibets, les préserver d'agressions réelles, verbales, physiques et même sexuelles. D'un autre côté, les garçons qui réussissent beaucoup moins bien à l'école que les filles pourraient aussi en tirer parti. Le Parisien 08/09/03

Comment les classes moyennes choisissent l'école de leurs enfants

Agnès Van zanten

La mixité scolaire inquiète les classes moyennes. On savait déjà que, pour le collège, près de trois familles sur dix optaient pour un établissement privé ou dérogeaient à la sectorisation.

Le Monde 22/03/03

Les filles réussissent mieux à l'école

Nel Obs 7/03/03

 

Extraits

Meilleures que les garçons à l'école primaire et dans le secondaire, elles se désintéressent des filières scientifiques. C'est dans le domaine "littéraire" que les filles obtiennent les meilleurs résultats par rapport aux garçons. A la rentrée 2001, les filles qui entraient en sixième réussissaient 75% des questions de français, contre 69% pour les garçons, alors que les résultats aux questionnaires de mathématiques étaient comparables.  La préférence des filles pour les activités littéraires se traduit plus tard dans le choix de leur orientation, et leur faible présence dans les filières scientifiques: parmi les lycéens qui réussissent le baccalauréat général, seulement 37% des filles étaient inscrites dans la filière "scientifique", contre 68% des garçons. Nel Obs 7/03/03

Sauver 
les garçons
pour sauver
 la mixité
Le Monde de l'education 
Janvier 2003
 
 
 
Le Monde de l'education Janvier 2003

 dossier : Les ratés de la mixité
bordeaux.gif (61 octets) Allez les garçons ! bordeaux.gif (61 octets) "Il faut combattre les effets pervers" bordeaux.gif (61 octets) L'école entre filles bordeaux.gif (61 octets) De la passion des années 1930 à "Salut les copains" bordeaux.gif (61 octets) La vie dans la cité, sous haute surveillance

 

Le Monde quotidien se fait l'écho du dossier du MdE

 

La mixité scolaire à l'épreuve du sexisme dans les établissements

A en croire les spécialistes, la dégradation des relations entre filles et garçons ne serait pas réservée aux seuls quartiers défavorisés. Et, tant en termes de réussite scolaire que d'orientation, les objectifs égalitaires, sans cesse relancés, n'ont jamais été véritablement atteints.

 

L'école doit-elle protéger les garçons ?

La mixité scolaire a eu des effets pervers, longtemps occultés par l'éducation nationale. "Le Monde de l'éducation" revient sur une crise qui dépasse l'école pour interpeller la société tout entière. Et pas seulement en France.