Lecture : dossier de presse

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Apprentissage de la lecture : un premier consensus

Extraits

Le PIREF (Programme incitatif de recherche en éducation et formation) a organisé à Paris les 4 et 5 décembre 2003 une conférence de consensus, démarche originale qui constitue une première dans le domaine de l’éducation.

Antoine Prost, Président de la conférence : La démarche de mettre à la disposition des enseignants en langage clair l'état actuel de la recherche n'est pas nouvelle. En revanche, on n'avait jamais eu recours à une conférence de consensus, dont l'usage est fréquent dans le monde médical. Il s'agit de dresser l'inventaire des recherches, de retenir ce qui fait consensus et de le faire valider par un jury qui en tire des recommandations, en l'espèce, quatre pages synthétiques, conçues pour être utiles aux enseignants dans leurs pratiques.

Un constat : la méthode idéale n'existe pas. Mais il existe des points de passage obligés. Les chercheurs s'accordent pour dire qu'on ne peut faire l'économie du code phonologique. Il faut passer par l'apprentissage de la correspondance phonèmes/graphèmes. Se demander s'il vaut mieux épeler les lettres ou partir du sens des mots n'a aucun sens. Si on ne comprend pas, à quoi bon déchiffrer, mais on ne peut faire l'impasse sur le déchiffrage. Les recommandations insistent sur l'importance de mener en parallèle un travail sur l'écrit et l'oral. Le Monde de l'Education janvier 2004

Les « Recommandations pour l’enseignement de la lecture à l’école primaire » du jury de la conférence de consensus.

 

 

Les écoliers français lisent  de moins en moins bien

Une nouvelle enquête internationale confirme les scores très moyens des jeunes Français. L’école privée s’en sort mieux.

Le Figaro 04/12/07

Extraits

Les enfants français ânonnent en lecture. Ils sont au-dessous de la moyenne si on les compare à leurs camarades étrangers. Et leurs résultats sont en baisse depuis 2001. Tel est l’enseignement d’un rapport américain publié par le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS). Notre pays arrive en 27e position sur 40 États, dont une majorité de pays européens. Il a perdu quatre points par rapport à l’édition précédente, en 2001.

Comme en 2001, l’aptitude de lecture des filles est supérieure à celle des garçons (score moyen de 509 sur 600 contre 492 pour les garçons).

L’école privée réussit mieux que l’école publique, contrairement à ce qui se passait en 2001.

Pour le linguiste Alain Bentolila, les résultats de la France ne sont pas liés à la question des méthodes de lecture (globale ou syllabique) : «Ce n’est pas si simple. La Grande-Bretagne, qui a imposé la méthode syllabique, est très mal classée.»

La formation des maîtres sur la lecture – une quinzaine d’heures – serait insuffisante. Pendant leur scolarité, les enfants «passent de classe en classe sans que l’on vérifie jamais leur niveau pour remédier à leurs faiblesses», assure-t-il. Le Figaro 04/12/07

À 17 ans, un jeune sur cinq a du mal à lire

C'est ce que révèlent les évaluations effectuées à la journée d'appel de préparation à la défense. Explications de Fanny de La Haye, coauteur de l'étude

 

Ouest-France 26/05/07

Extraits

Sur les 800 000 jeunes testés, 9,6 % ont des acquis limités, et 11,7 % sont en difficulté, dont 6,9 % en grande difficulté. Huit sur dix des jeunes qui éprouvent des difficultés en lecture n'ont pas dépassé le collège ou ont suivi un enseignement professionnel court. Le pourcentage d'échec est plus élevé chez les garçons (14,8 %) que chez les filles (8,5 %). D'autres études montrent que 15 % des élèves qui entrent en sixième ont de grosses difficultés de lecture et de compréhension.

bien souvent ces jeunes ne manipulent la lecture et l'écrit qu'à l'école. Entre 10 et 15 % n'ont aucun livre à la maison, à part le programme télé. Plus on fait lire les élèves, plus on développe les automatismes.

Trois régions laissent apparaître une situation plus préoccupante avec un taux de plus de 14,5 % de jeunes en difficulté : la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais et la Bourgogne. Cela correspond à des régions qui ont des difficultés économiques. L'Ouest obtient de meilleurs résultats que la moyenne nationale, avec notamment 8,5 % en Pays de-la-Loire et 10,7 % en Bretagne.

Ouest-France 26/05/07

Les évaluations en lecture dans le cadre de la journée d’appel de préparation à la défense Année 2006 note d’information  07 25

Séminaire sur la lecture Intervention de J-E Gombert : l’enseignement de la lecture, rien de neuf !

Les causes de la dyslexie identifiées
Une étude menée sur 1.000 écoliers, dont nous publions en exclusivité les résultats, montre qu'il existe un facteur déterminant à l'origine des troubles de la lecture

La Croix 13/11/06

Extraits

Les enfants mauvais lecteurs n’ont pas ou ont mal acquis les règles de bases du «décodage», qui permettent de faire le lien entre un son et une syllabe. Ces enfants sont certes plus nombreux dans les zones plus défavorisées, mais ni les conditions socioculturelles ni les conditions pédagogiques ne peuvent «rendre compte à elles seules des difficultés de lecture».

Durant l’année scolaire 2005-2006, une évaluation a été menée sur le niveau de lecture, d’orthographe et de calcul d’un millier d’enfants de 20 écoles parisiennes. Le premier volet de l’étude dresse un état des lieux : 10,7 % de ces élèves de CE1 enregistrent un retard de lecture d’un an au moins

Selon l’étude, une différence du niveau entre un établissement «modérément défavorisé» et un établissement normal existe, mais n’est pas significative. En revanche, confirmant ce qu’avaient démontré les Anglo-Saxons, on repère un vrai décrochage dans les écoles des zones «très défavorisées».

Les antécédents «périnataux» ou de «prématurité» sont rares chez les enfants en difficulté. Sur un même terrain médical, on remarque que les «troubles de vision» sont même moins fréquents chez les faibles lecteurs que chez les «normo-lecteurs». Certains enfants en difficulté ont, en revanche, un trouble modéré de l’audition. Le lien n’est pas établi entre trouble auditif modéré et difficulté de lecture. De même, le niveau intellectuel des élèves n’est pas très différent selon qu’ils ont ou non des difficultés de lecture.

Sur le comportement des élèves, l’enquête révèle aussi que les mauvais lecteurs ne manifestent pas particulièrement de troubles de conduite en classe.

l’étude met en avant le facteur des compétences phonologiques : ce sont les enfants «faibles décodeurs» que l’on retrouvera, en milieu de CE1, dans le groupe des lecteurs en difficulté.

Un entraînement spécifique pour améliorer le décodage a été proposé à des élèves sur dix semaines.
Au terme de ce délai, plus de la moitié des enfants entraînés ont progressé davantage en lecture que leurs camarades moins faibles mais non entraînés. Ce résultat encourageant pourrait prouver qu’il reste de grandes marges de progression pour la prise en charge, dans le cadre scolaire, des élèves mauvais lecteurs.
La Croix 13/11/06

L'Inspection générale relève un "trouble préjudiciable" chez les professeurs et les parents

 

AFP 08/11/06

Extraits

Le bras de fer qui a opposé depuis la rentrée le ministre de l'Education et les acteurs de terrain sur l'enseignement de la lecture a créé "chez les parents comme chez les maîtres un trouble préjudiciable", selon l'Inspection générale

Il est aujourd'hui nécessaire de rassurer les parents et de conforter l'action des professionnels de terrain en disant clairement la confiance dans le travail réalisé"

Concernant le "climat" qui règne à l'Ecole "ces dernières semaines", les inspecteurs généraux, qui ont interrogé 10 recteurs, 16 inspecteurs d'académie, 64 inspecteurs de l'Education nationale et quelque 200 enseignants, ont fait référence à "une certaine déstabilisation d'enseignants" et à "une difficulté des inspecteurs à expliquer des attentes institutionnelles que le traitement médiatique simplifie inévitablement".

Ils ont cité l'encart publicitaire appelant à dénoncer les enseignants ne pratiquant pas la seule méthode syllabique publié dans quatre titres de la presse quotidienne régionale par SOS Education, groupe de pression très conservateur, qui a suscité "de réelles inquiétudes sur le terrain".

Peut-être faut-il faire redoubler les plus fragiles pour mieux les encadrer ? Pas le moins du monde, tranchent encore les chercheurs. « Car, écrivent-ils, dans la majorité des cas, le redoublement ne permet pas un rétablissement suffisant. » AFP 08/11/06

La polémique sur la lecture crée un « trouble préjudiciable » chez les parents et les maîtres Les échos 09/11/06

La méthode syllabique est "bien appliquée" mais a créé des tensions à l'école, note un rapport AP 09/11/08

Rapport sur la lecture de l'Inspection générale: "démenti flagrant" aux syndicats (Robien) AFP 09/11/06

SOS Education dénonce le rapport sur la lecture de l'Inspection générale AFP 09/11/06

Mise en œuvre de la politique éducative Application de la circulaire du 3 janvier 2006 et de l'arrêté du 24 mars 2006 sur l'apprentissage de la lecture au cycle des apprentissages fondamentaux Rapport IGEN téléchargeable

En se braquant contre une méthode de lecture mixte, qu'il appelle «semi-globale», le ministre de l'Education alimente la défiance de certains parents envers les enseignants.

Les mots biaisés de Robien

Rémi Brissiaud maître de conférences de psychologie cognitive à l'IUFM de Versailles

Libé 06/11/06

Extraits

Rappelons que le 4 octobre, sur France Culture, le ministre proclamait l' «interdiction de la méthode globale ou semi-globale ou assimilée». Et il continuait : «On doit commencer, dès le premier jour, par apprendre les lettres, les syllabes et les sons puis ensuite les mots», décrivant ainsi ce qu'on appelle une approche strictement synthétique de l'apprentissage de la correspondance lettres-sons. Cette démarche doit être distinguée d'une approche analytique : l'élève est au départ devant l'écriture d'un mot dont il connaît globalement la forme sonore et sa tâche consiste à l'analyser en constituants sonores élémentaires et à chercher dans l'écriture du mot les lettres ou groupes de lettres correspondants.

Gilles de Robien ne respectait pas la liberté pédagogique lorsque, sur France Culture, il proclamait l'interdiction des méthodes mixtes, méthodes qu'il préférait appeler «semi-globales ou assimilées». Ce sont des officines telles que SOS Education ou Lire-écrire.org qui ont élaboré ce vocabulaire.

Dans Libération, pour justifier son usage du mot «syllabique», Gilles de Robien affirme qu'il «emploie tout simplement des mots que tout le monde comprend». Comment se fait-il qu'il n'utilise pas le mot «mixte», qui, lui aussi, est compris par tout le monde ?

Plus l'année scolaire s'écoulera, plus les parents des enfants qui présentent un rythme d'apprentissage moins rapide seront tentés d'accuser le maître du fait qu'il n'a pas utilisé cette méthode syllabique. Les tensions, plutôt que de s'apaiser, auront tendance à croître. Ce sont les élèves fragiles qui pâtiront le plus de ce climat délétère. Libé 06/11/06

L'association ultraconservatrice s'empare du débat sur les méthodes de lecture.

SOS Education en croisade pour le retour à l'école d'antan

Libé 06/11/06

Extraits

«Un inspecteur insulte son ministre et il ne risque rien, pas même un blâme. Roland Goigoux, lui, continue de former des enseignants. La preuve que l'Education nationale ne contrôle plus rien.» Vincent Laarman, porte-parole de SOS Education, est furieux. Gilles de Robien a fait un geste d'apaisement envers Pierre Frackowiak, l'inspecteur hostile à la méthode du B.A.BA pour apprendre la lecture, prônée par le ministre. Le chercheur Roland Goigoux, mis sur la touche pour les mêmes raisons, est de nouveau invité à des séminaires de formation.

Vincent Laarman nie que l'association ait recours à la délation, ce dont l'accusent les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves. Pourtant l'encart, paru dans des éditions locales de Sud Ouest, de la Montagne et de la Dépêche du Midi, y ressemble fort : «Si votre enfant est en CP, il a plus de neuf chances sur dix d'être en train d'apprendre à lire avec la méthode semi-globale. Pour réagir, vérifiez le nom du manuel de votre enfant et appelez vite SOS Education ».

Dans le concert des «déclinistes», SOS Education est à part. Elle ne compte pas de personnalités dans ses rangs et cherche désespérément des alliés. Anti-Etat et anti-service public, ultraconservateur sur le plan des valeurs, SOS Education fait partie d'une mouvance autour de Liberté chérie, une association qui juge les Français «oppressés par un Etat surdimensionné et une réglementation excessive».

Les politiques ne s'affichent guère avec une association dont l'idéologie, à la droite de la droite, renvoie aux néoconservateurs américains. SOS Education a toutefois réussi à être reçu deux fois au ministère de l'Education, par un conseiller. Libé 06/11/06

Le marketing de SOS-Education pour imposer le b.a.-ba Le Monde 08/11/06

Pour le ministre, les textes officiels sont un cadre qui ne nie pas la créativité des enseignants.

Je ne condamne pas la liberté pédagogique

Gilles de Robien ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Libé 02/11/06

Extraits

La circulaire «Apprendre à lire» et l'arrêté qui modifie les programmes sont, depuis le début de l'année 2006, les références écrites en la matière. Ces textes donnent un appui méthodologique sûr aux enseignants de notre pays.

«Prenant appui sur le travail engagé à l'école maternelle sur les sonorités de la langue et qui doit être poursuivi aussi longtemps que nécessaire, un entraînement systématique à la relation entre graphèmes et phonèmes doit être assuré afin de permettre à l'élève de déchiffrer, de relier le mot écrit à son image auditive et à sa signification possible.» Ce passage obligé de l'apprentissage de la lecture n'est contesté par aucun spécialiste.

le cheminement pédagogique fixé pour les débuts du cours préparatoire repose sur les acquis de l'école maternelle. En grande section, les enfants ont déjà approché le système alphabétique. Ils ont appris à identifier syllabes et sons ; ils ont emmagasiné du vocabulaire. Arrivant au CP, ils disposent d'un capital de mots dont ils connaissent la signification et qui leur permet déjà une expression précise. C'est cette richesse qui donne sens et efficacité à un apprentissage systématique, dès les débuts du cours préparatoire, du code de notre langue ; c'est ce vocabulaire appris avant d'approcher méthodiquement la lecture qui leur permet d'accéder au sens des mots de façon autonome. Je dirais même que c'est cette richesse du vocabulaire qui leur donne le goût du déchiffrage.

Les enseignants sont les premiers porteurs du statut de l'écrit dans notre société. Ils ont tout mon soutien dans cette noble tâche.

Libé 02/11/06

Robien temporise

Frackowiak, l'inspecteur rétif au B.A.BA, ne serait pas sanctionné.

Libé 31/10/06

Extraits

La procédure disciplinaire visant l'inspecteur du Nord, Pierre Frackowiak, qui avait osé discuter le credo du ministre de l'Education, pourrait bien être abandonnée. Et l'universitaire Roland Goigoux, un temps écarté de la formation des cadres, semble en passe d'être absous.

Le ministre a annoncé avoir «pris acte» des «regrets» et de «l'affirmation de loyauté» de Frackowiak. Un geste salué comme une «volonté d'apaisement» par l'intéressé. «Comme le prévoit la loi, j'ai eu accès à mon dossier mercredi dernier, et j'ai écrit mes observations dans une lettre au ministre, dit-il. J'ai répété ce que je dis : j'ai toujours été loyal et j'ai toujours appliqué les programmes sur la lecture de 2002 modifiés par l'arrêté de mars 2006. J'ai aussi exprimé des regrets sur l'ampleur prise par l'affaire, sur ses conséquences néfastes sur le climat dans les écoles, sur la montée de la défiance à l'égard des enseignants.» 

Autre signe de décrispation, Roland Goigoux a reçu hier la confirmation de sa participation à deux séminaires de formation et y a vu un «net revirement» de Robien. «On a le sentiment qu'on a gagné, son passage en force a manqué», a-t-il confié. Libé 31/10/06

Après avoir été écarté de formations, un universitaire réinvité AFP 30/10/06

Gilles de Robien fait un geste d'apaisement envers ses détracteurs AFP 30/10/06

Robien tente de dissiper la polémique sur les méthodes d'apprentissage de la lecture Le Monde 01/11/06

Robien tend la main à ses détracteurs Le Figaro 01/11/06

Roland Goigoux, 48 ans, professeur à l'IUFM. Proche des pédagogues, il a été mis sur la touche pour s'être opposé à la méthode syllabique prônée par Robien et les conservateurs.

Où le B.A.BA blesse

Libé 31/10/06

Extraits

Chercheur en sciences de l'éducation et professeur à l'IUFM (institut universitaire de formation des maîtres) d'Auvergne, Roland Goigoux est devenu, malgré lui, le symbole de la résistance au retour en arrière voulu par le ministre, et une des deux victimes ­ avec l'inspecteur Pierre Frackowiak, en butte à une procédure disciplinaire ­ de «la guerre de la lecture».

«L'histoire de [ses] déboires», selon son expression, commence le 9 septembre. Le directeur de l'Esen (Ecole supérieure de l'Education nationale, qui forme les inspecteurs) l'appelle pour lui annoncer qu'il met fin à sa collaboration, vieille de dix ans. Motif : ses vues sur l'apprentissage de la lecture ne sont pas conformes à la pensée du ministre, il manque de «loyauté». Goigoux proteste  : «Je n'ai pas à être loyal à la personne du ministre mais aux textes officiels, et je le suis.»

Trois jours plus tôt, Roland Goigoux était invité d'une émission de France Inter avec le ministre. «J'avais pourtant été hyper légaliste, raconte-t-il  ; j'expliquais que les derniers textes mettant l'accent sur le déchiffrage étaient corrects. Mais je disais aussi que je ne suivais pas le ministre, qui allait plus loin en voulant imposer la seule méthode syllabique. Car l'arrêté du 24 mars 2006 autorise toutes les méthodes, hormis la globale.» 

Passionné par son sujet, convaincu d'avoir raison sans jamais tomber dans l'hystérie «Il ne se prend jamais pour ce qu'il n'est pas, il met les choses à leur place, souligne Sylvie Cèbe, il a toujours défendu une école qui n'exclut personne.» Libé 31/10/06

La réponse des opposants à Robien: la lecture est une question de "dosage"

AFP 25/10/06

Extraits

Gilles de Robien répète depuis la rentrée que seule la "méthode syllabique" est aujourd'hui autorisée, "au moins au tout début du CP". Les textes officiels, dont les nouveaux programmes, ne sont pas aussi catégoriques, puisqu'ils prônent une approche synthétique (syllabes) et analytique (mots).

Apprendre à lire peut se comparer au travail d'"un ingénieur du son sur une table de mixage: il place six curseurs plus ou moins haut pour obtenir le son le plus clair", [explique] Roland Goigoux.

Ces "curseurs" sont la lecture de mots, la compréhension de phrases, la compréhension de textes, l'écriture de mots, la production de textes et les usages de l'écriture.

L'universitaire aux méthodes dites "mixtes", très présentes dans le discours médiatique, préfère l'appellation "méthodes phonémiques".

"Actuellement, la plupart des enseignants l'utilisent", c'est-à-dire qu'ils concentrent le travail sur le code, soit la relation entre les graphèmes (écriture) et les phonèmes (sons), avec "intégration" de mots entiers, explique-t-il.

Ne pas utiliser de mots entiers sous peine d'être "hors la loi" parce que pris en flagrant délit de méthode globale, comme l'affirment de nombreux parents d'élèves qui reprochent aux enseignants de ne pas suivre les directives de M. de Robien, reviendrait pour M. Goigoux à "ne pas écrire la date chaque jour au tableau".

"Combien de temps faudra-t-il attendre pour écrire la date et que les enfants constatent que lundi finit comme mardi ?", a-t-il interrogé, en rappelant que les programmes de maternelle prévoient que les enfants apprennent à écrire leur prénom, quelques mots ("maison") et les lettres. AFP 25/10/06

B.A. BA: Robien de plus en plus seul Libé 21/10/06

Voir aussi la prise de position de 22 chercheurs

Une minorité de parents s'inquiètent de l'utilisation persistante de la méthode globale

 

Le Monde 18/10/06

Extraits

Selon un sondage IFOP pour SOS-éducation, seuls 7 % des enseignants déclarent utiliser une méthode purement syllabique, 76 % y recourent mais en partie seulement, 16 % ne l'utilisent pas. Contrairement aux propos de Gilles de Robien, les programmes insistent sur la nécessité du déchiffrage des mots mais autorisent l'apprentissage de mots entiers qui seront ensuite décomposés en syllabes. L'objectif est de faciliter la compréhension de petits textes plutôt que de se borner au b.a.-ba, qui peut être ennuyeux.

Rassurer les familles, en redoublant d'explications : la plupart des enseignants ont compris qu'il fallait jouer sur cette corde pour couper court à toute psychose.

Bon baromètre de la tension parentale, les fédérations de parents d'élèves n'ont pas été assaillies d'appels de familles angoissées ou mécontentes. "Il y a bien eu quelques personnes qui nous ont contactés pour nous dire 'dans telle école, ils font de la globale'. Mais on est loin d'une déferlante", explique Jean-François Le Helloco, chargé de la commission école primaire à la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP). A la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), l'organisation concurrente, étiquetée à gauche, le sujet n'a pas non plus déclenché beaucoup de réactions. Le Monde 18/10/06

Bras de fer sur les méthodes de lecture

Les inspecteurs annoncent une grève du zèle pour soutenir un des leurs, sanctionné. Les parents répondent massivement à l'appel de SOS Éducation contre la méthode globale.

Le Figaro 18/10/06

Extraits

Alors que Gilles de Robien répète chaque semaine depuis des mois qu'il faut privilégier la méthode syllabique, le fameux « b.a.-ba », et abandonner la méthode globale, certains parents, inquiets, constatent que les directives ministérielles ne sont pas toujours suivies d'effet.

Le ministre a d'ailleurs demandé à l'inspection générale de vérifier que sa réforme était bien appliquée dans toutes les classes. Il a par ailleurs officialisé l'ouverture d'une procédure disciplinaire contre l'un de ses inspecteurs, Pierre Frackowiak.

La réaction du ministre exaspère le syndicat des inspecteurs qui annonce une grève du zèle. « Si les inspecteurs sont par nature loyaux et prêts à défendre les réformes nécessaires pour que tous les élèves réussissent au mieux, ils ne peuvent accepter les diktats et le mépris qui prévalent actuellement au plus haut niveau de l'État », dénonce le bureau national du SIEN-Unsa.

En face, une partie des parents reste inquiète et soutient plus que jamais le ministre. L'appel, lancé la semaine dernière par SOS Éducation, à dénoncer les profs refusant d'appliquer la circulaire ministérielle, a reçu un énorme écho : l'association reçoit chaque jour plus de 200 mails ou appels de parents « déboussolés ».

Les syndicats d'enseignants du primaire ont demandé à Gilles de Robien d'intervenir auprès de cette association pour qu'elle cesse ces pratiques qui mêlent « la désinformation à la délation ». Le Figaro 18/10/06

« On jette la défiance sur les maîtres »

Roland Goigoux

Ouest-France 17/10/06

Extraits

Ce que le ministre appelle maintenant - parce qu'il n'arrête pas de changer de définition - une méthode syllabique, ce sont toutes les méthodes qui enseignent les correspondances entre les lettres et les sons. Si c'est ça, une méthode syllabique, on est d'accord. Le problème est qu'il prend parti sur la meilleure manière d'établir les correspondances entre les lettres et les sons. Celle qu'il décrit comme la meilleure est très datée : c'est la manière syllabique des années 1940. Mais rien, du point de vue scientifique, ne permet de défendre que c'est la meilleure. Les cautions scientifiques du ministre sont maintenant dégonflées.

Après débat, au printemps, le ministre a modifié les programmes. Le texte dit qu'il faut enseigner les correspondances entre les lettres et les sons avec des démarches complémentaires : une approche syllabique et une approche qu'on pourrait presque qualifier de « globale ». Avec mes collègues, nous défendons ces textes, qui ont force de loi. Si on est en porte à faux avec le ministre, c'est parce que lui-même, oralement, trahit son écriture. Nous sommes plus légalistes que lui !

Si un pays peut s'offrir le luxe d'avoir de la défiance vis-à-vis de ses maîtres, cela se saurait. On a besoin de cette confiance, qui est justifiée dans 95 % des cas. Instiller le trouble, comme on le fait aujourd'hui en annonçant des choses fausses, jeter la défiance, inciter les parents à la délation, puisqu'on en est quasiment là, c'est prendre un risque énorme, déraisonnable. Ouest-France 17/10/06

Polémique sur la lecture: menace officielle de sanction contre un inspecteur

AFP 16/10/06

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Pierre Frackowiak, inspecteur de l'Education nationale à Douai (Nord), syndiqué au Sien-Unsa, a annoncé lundi à l'AFP avoir reçu samedi une lettre recommandée signée de la directrice de l'encadrement de l'Education nationale, Ghislaine Matringe, lui confirmant qu'il faisait l'objet d'une procédure disciplinaire.

Celle-ci l'avertit qu'elle "envisage de (lui) infliger une sanction du premier groupe", c'est-à-dire un avertissement ou un blâme, donc une sanction "légère".

"Par délégation du ministre, je l'ai averti que, sur la base de certains éléments, à savoir un article de Femina et les rapports du recteur de Lille et de l'Inspection d'académie où il reconnaît avoir répondu au journaliste, il n'a pas respecté son devoir de réserve, en tant que fonctionnaire et en tant que cadre", a expliqué Mme Matringe.

"Le ministre fait une erreur: plus personne ne peut le comprendre si ce n'est dans sa volonté de mettre en place un bras de fer avec les enseignants, les inspecteurs et les scientifiques", a affirmé Patrick Roumagnac, secrétaire général du Sien-Unsa.

Il a annoncé avoir appelé les inspecteurs à "ne plus participer à aucune animation ou formation sur la lecture" et, "dans les réunions institutionnelles, à lire une déclaration puis se taire". AFP 16/10/06

Mauvaise grille de lecture pour Robien

Libé 14/10/06

 

Extraits

Qu'on se le dise : le b.a.-ba est la seule méthode qui vaille pour apprendre à lire au début du CP. Pour avoir mis en cause cette nouvelle vérité officielle, deux enseignants ont déjà été punis. Le chercheur Roland Goigoux a été écarté de son poste de formateur à l'Ecole supérieure de l'Education nationale (Esen). L'inspecteur Pierre Frackowiak est lui en butte à une procédure disciplinaire.

«Nous vous demandons, Monsieur le ministre, de cesser de caricaturer l'apprentissage de la lecture, de mettre en cause la formation des enseignants et d'entretenir la suspicion au sein de notre système éducatif», dénoncent les signataires (FCPE, Ligue de l'enseignement, Sien-Unsa, Sgen-CFDT, Snuipp-FSU) d'une lettre envoyée jeudi à Gilles de Robien. «Vous menacez les enseignants du premier degré d'une enquête, [...] vous engagez les parents à dénoncer les maîtres qui n'appliqueraient pas une méthode exclusivement syllabique»

Tout a commencé en décembre 2005. Le ministre annonce qu'il faut se débarrasser une fois pour toutes de la méthode globable responsable de «l'épidémie de dyslexie».  «Les experts sont formels», lance Robien, citant les «spécialistes des neurosciences selon lesquels c'est par la méthode syllabique que l'on apprend le mieux à lire»

L'arrêté du 24 mars 2006, qui modifie le texte de François Fillon sur la lecture, en 2002, est toutefois bien accueilli.

La polémique semble devoir s'apaiser. Mais Gilles de Robien, qui va répétant que 20 % des élèves à l'entrée en sixième maîtrisent mal la lecture, n'en reste pas là. Il va bien au-delà de l'arrêté. Il prône désormais le bon vieux b.a.-ba.

Pour convaincre les enseignants, Gilles de Robien a fait distribuer des DVD dans les écoles. Le chercheur Jean-Emile Gombert y a dénoncé vendredi l'utilisation tronquée de ses propos : «Il est nécessaire que les activités suscitent l'envie de lire», y dit-il. Mais le reste de sa phrase est passé à la trappe: «Ce qui n'est pas le cas des méthodes b.a.-ba» . Libé 14/10/06

Croisade Libé 14/10/06

Un ministre trop vieille école Libé 14/10/06

Quand Fillon privilégiait le résultat à la méthode Libé 14/10/06

Les enseignants contre la «délation» Libé 14/10/06

Lettre à Robien pour cesser de "caricaturer l'apprentissage de la lecture"

 

AFP 12/10/06

 

Extraits

Des représentants de syndicats enseignants, parents et intellectuels ont demandé jeudi dans une lettre ouverte au ministre de l'Education de "cesser de caricaturer l'apprentissage de la lecture" et "d'entretenir la suspicion" au sein du système éducatif
"Comment pouvez-vous déclarer que seule la méthode syllabique doit être employée alors que les programmes indiquent sans ambiguïtés qu'il faut recourir à deux procédures: l'approche synthétique (des lettres vers le mot) et l'approche analytique (du mot vers la lettre) ?" demandent les signataires (FCPE, Ligue de l'enseignement, Se-Unsa,Sgen-CFDT, Snuipp-FSU, etc.)
"Nous vous demandons, Monsieur le ministre, de cesser de caricaturer l'apprentissage de la lecture, de mettre en cause la formation des enseignants et d'entretenir la suspicion au sein de notre système éducatif, car en faisant cela, c'est vous qui mettez l'Ecole en danger", écrivent les signataires.
"Vous menacez les enseignants du premier degré d'une enquête (..) vous engagez les parents à dénoncer les maîtres qui n'appliqueraient pas une méthode exclusivement syllabique".
AFP 12/10/06

Texte intégral téléchargeable

Robien manie la badine

Le ministre de l’Éducation nationale ne veut voir qu’une méthode d’apprentissage de la lecture : la syllabique. Même si les textes disent officiellement le contraire

L'Humanité 10/10/06

Extraits

Après Roland Goigoux, universitaire, évincé de sa mission à l’École supérieure de l’éducation nationale (ESEN), un autre cadre pourrait regretter d’avoir dit son avis à propos des nouvelles directives concernant l’apprentissage de la lecture au CP.

Gilles de Robien a affirmé qu’une procédure disciplinaire était engagée à l’encontre d’un inspecteur de l’éducation nationale, « motivée par un manquement grave et caractérisé de ses obligations ». Il avait expliqué, récemment, dans un magazine régional, que l’on ne pouvait résumer l’apprentissage de la lecture au seul b.a.-ba et que le travail sur le sens des mots doit être employé simultanément avec celui sur le décryptage des syllabes. Il n’en a pas fallu plus pour que le ministre de l’Éducation prenne la mouche et menace de ses foudres le blasphémateur.

« Preuve de force ou aveu d’impuissance », s’interroge Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU, qui réprouve la démagogie d’un ministre qui « voudrait empêcher les enseignants d’expliquer publiquement leurs pratiques ».

La semaine dernière, lors d’un séminaire au Collège de France, une centaine de formateurs avaient quitté la salle avant l’arrivée de Gilles de Robien, lui reprochant eux aussi son autoritarisme et son double discours visant sciemment à entretenir la polémique sur la question de la lecture. Le fait est que si Gilles de Robien affirme avoir bouté la « globale hors l’école », les programmes continuent de préconiser une approche mixte C’est ce qu’explique Roland Goigoux dans le livre qu’il co-publiait en septembre et qui lui vaut d’être écarté de la mission qu’il assurait depuis dix ans. Et c’est ce qu’a dit l’inspecteur, aujourd’hui menacé de sanctions. L'Humanité 10/10/06

Lecture: "droits et devoirs" sont "la beauté de la Fonction publique" (Robien) AFP 11/10/06

Apprentissage de la lecture : le bras de fer

Le ministère de l'Éducation a engagé une procédure disciplinaire contre un inspecteur qui avait exprimé ses doutes

Ouest-France 09/10/06

Extraits

Jeudi, Gilles de Robien a révélé qu'un inspecteur de l'Éducation nationale « fait l'objet d'une procédure disciplinaire », liée à l'application des nouvelles directives sur la lecture.

Dans une interview publiée par Femina, l'inspecteur en question, Pierre Frackowiak, en poste dans le Nord, avait émis des doutes sérieux à l'égard des positions ministérielles. Sommé de s'expliquer par sa hiérarchie, il a souligné qu'il s'exprimait en tant que représentant de son syndicat, l'Unsa.

L'Unsa Éducation a réagi vivement. « L'autoritarisme accompagne désormais les dérives conservatrices », dénonce le syndicat, estimant que le ministre « doit immédiatement lever toutes les menaces de sanctions ». Faute de quoi, « le gouvernement s'expose, à bref délai, à un conflit majeur avec les personnels de l'éducation ».

Gilles de Robien n'en démord pas : la méthode dite « syllabique » est la seule qui vaille pour apprendre à lire. « La liberté pédagogique - c'est la loi - s'exerce dans le cadre des textes officiels. »

« Discours simplificateur et démagogique », accuse l'Unsa. « Tous les scientifiques disent qu'on ne peut pas privilégier une méthode sur une autre » Ouest-France 09/10/06

La procédure à l'encontre d'un inspecteur est conforme au statut (ministère) AFP 07/10/06

Lecture: procédure disciplinaire ouverte contre un inspecteur (Robien)

 

AFP 05/10/06

Extraits

Le ministre de l'Education, Gilles de Robien, a [déclaré] jeudi au Sénat : "Je suis sûr que l'immense majorité de la communauté éducative est totalement loyale vis-à-vis des textes officiels, cependant je rappelle que tous les fonctionnaires ont le devoir de suivre les textes officiels", [il a ajouté] "D'ailleurs un inspecteur de l'Education nationale fait actuellement l'objet d'une procédure disciplinaire motivée par un manquement grave et caractérisé à ses obligations" Le ministère de l'Education nationale a confirmé à l'AFP que cette procédure avait été engagée "ces dernières semaines".

Interrogé par l'AFP, le principal syndicat des inspecteurs de l'Education nationale (IEN, inspecteurs du primaire), le Sien-Unsa, a assuré n'en avoir pas eu connaissance.
"Si c'est le cas, c'est un réglement de compte, il peut être sûr d'une levée de bouclier massive des inspecteurs", a prévenu Patrick Roumagnac, son secrétaire général.
AFP 05/10/06

Nouveau rappel à l'ordre de Robien aux enseignants de CP sur la lecture

 

AFP 05/10/06

Extraits

"La liberté pédagogique, c'est la loi, s'exerce dans le cadre des textes" officiels, a déclaré M. de Robien à l'Assemblée nationale, en réponse à une question de Philippe Vitel, député UMP du Var.

"Je rappelle très clairement que la fonction d'enseignant, ce n'est pas une profession libérale, ce n'est pas une profession indépendante, c'est une fonction publique avec une mission éminente", a-t-il ajouté.

Le ministre a évoqué les "résistances" qui ont accueilli sa circulaire sur la lecture proscrivant les méthodes globale ou assimilées, parlant de "méconnaissance, de mauvaise information, parfois de désinformation".

La pertinence de ce texte est décriée par la plupart des syndicats enseignants et par de nombreux chercheurs.

Ils ont par ailleurs observé que les programmes corrigés de CP prévoient toujours les deux approches d'apprentissage de la lecture syllabe/sens. AFP 05/10/06

Un colloque à Paris a mis en lumière la querelle sur les méthodes d'apprentissage.

Robien taxé de «simplisme pédagogique»

Libé 03/10/06

Extraits

Parmi les chantiers lancés par le ministre, la réforme de l'apprentissage de la lecture est l'un de ceux qui lui tiennent manifestement le plus à coeur. Il ne manque pas une occasion de vanter la nécessité de revenir à la bonne vieille méthode syllabique et de mettre au clou la globale. Pour mieux convaincre, il argue de travaux scientifiques.

Dans leur tract, les syndicats ­ seize organisations, dont la Ligue de l'enseignement, SUP'Recherche, le FSU... ­ estiment que Roland Goigoux est «écarté parce qu'il ne professe pas le simplisme pédagogique». Le Sien-Unsa, syndicat des inspecteurs de l'Education nationale, se demande, lui, si le ministre n'a pas décidé «d'en finir une bonne fois pour toutes avec l'intelligence». 

Comme chaque année depuis dix ans, Roland Goigoux devait intervenir cet automne dans la formation des inspecteurs. C'est le directeur de l'Esen, Jean David, qui a pris la décision de ne pas le reconduire. «J'ai quelques doutes sur sa loyauté», a-t-il expliqué, après avoir souligné que, dans un livre paru le mois dernier ( Apprendre à lire à l'école, Edition Retz), Roland Goigoux se permet de «critiquer les recommandations du ministère». 

Le chercheur assure au contraire que son dernier ouvrage visait «l'apaisement». Selon lui, la querelle entre méthode globale et syllabique est largement dépassée. Au-delà des déclarations intempestives du ministre, inspiré par des conseillers «revanchards et nostalgiques». Libé 03/10/06

L'éviction d'un formateur d'enseignants cristallise la querelle sur l'apprentissage de la lecture

 

Le Monde 03/10/06

Extraits

Depuis décembre 2005, M. de Robien prône l'abandon des méthodes globales, fondées sur une reconnaissance photographique des mots, et le retour à la méthode syllabique. Les trois principaux syndicats d'enseignants du primaire s'étaient déjà démarqués des propos du ministre, en rappelant que les deux méthodes, obsolètes, n'étaient quasiment plus appliquées.

Depuis, les programmes ont été légèrement revus, pour supprimer toute possibilité de recours à la méthode globale et réaffirmer l'importance du déchiffrage, mais sans aucune allusion à un quelconque retour à la méthode syllabique.

Considérant que les positions prises par Roland Goigoux, professeur à l'IUFM d'Auvergne, dans son dernier ouvrage (Apprendre à lire à l'école, Ed. Retz), allaient à l'encontre des orientations ministérielles, la direction de l'ESEN, soutenue par Gilles de Robien, a décidé de ne pas renouveler son séminaire sur la lecture. "Il est normal qu'un formateur de cadres ne puisse pas dire le contraire de ce qui est voulu par l'Etat".

Le principal syndicat des inspecteurs de l'éducation nationale (SIEN-UNSA) est sorti de sa réserve, dénonçant "une guerre contre l'intelligence".

"Les attaques permanentes, les propos contraires aux programmes de 2002 que nous considérons comme excellents, le rappel à l'ordre envers ceux qui ne sont pas dans la ligne officielle, la sanction contre un collègue professeur d'université qui n'a plus le droit de s'adresser à des cadres de l'éducation nationale : ça suffit !", estiment des formateurs d'IUFM. Le Monde 03/10/06

"Prof" sanctionné : action devant le Collège de France Nel Obs 02/10/06

Robien et la lecture: une centaine de formateurs quittent un séminaire AFP 02/10/06

Communiqué de 17 associations et syndicats

Communiqué du SIEN-UNSA

Enseignant évincé : la fronde s'organise

TF1-LCI 29/09/06

Extraits

"L'interdiction qui est faite à Roland Goigoux d'intervenir à l'Esen dans la formation des inspecteurs et les propos du ministre qui remettent en cause la recevabilité scientifique de ses connaissances, sont incompréhensibles", a expliqué dans un communiqué Jean-Emile Gombert. "Je m'insurge contre une mesure de censure politique d'un propos pédagogiquement cohérent et scientifiquement validé", a ajouté l'universitaire, en appelant ses collègues à "refuser toute éventuelle sollicitation à intervenir à l'Esen"

Cet appel au boycott semble d'autant plus significatif qu'il émane d'un universitaire qui est l'auteur, en tant que scientifique, de plusieurs textes "joints à la circulaire de M. de Robien sur l'enseignement de la lecture", comme il le rappelle lui-même. Et Jean-Emile Gombert d'enfoncer le clou : "En tant que spécialiste de l'apprentissage de la lecture, je peux certifier que les positions théoriques défendues par Roland Goigoux sont en accord avec les connaissances scientifiques actuelles, comme le sont également les programmes de 2002 qui ont été utilement précisés par le décret de mars 2006". Selon l'universitaire, "Apprendre à lire à l'école" montre "la pertinence des textes officiels".

C'est bien là que le bât blesse : s'il critique les propos du ministre de l'Education, Roland Goigoux affirme respecter strictement les textes : “Gilles de Robien affirme que la méthode syllabique est obligatoire. Les textes disent très clairement qu'il y a plusieurs manières d'enseigner.  L'enseignant estime donc avoir mis le ministre “face à ses contradictions”.  TF1-LCI 29/09/06

Un enseignant évincé par manque de “loyauté” ?

TF1-LCI 28/09/06

Extraits

Les auteurs d’Apprendre à lire à l'école [R. Goigoux et S. Cèbe] détaillent les différentes techniques utilisées par les enseignants pour apprendre à lire aux enfants. Problème : ils y montrent, selon Roland Goigoux, qu'il y a “un hiatus entre ce que dit le ministère et ce qu'il écrit”. “Gilles de Robien affirme que la méthode syllabique est obligatoire, explique le chercheur à LCI.fr. Les textes disent très clairement qu'il y a plusieurs manières d'enseigner. Ce qu'on me reproche aujourd'hui, c'est de ne pas être fidèle aux propos du ministre. Mais ma loyauté envers les textes est totale.

En décembre dernier, le ministre de l'Education monte à l'assaut de la méthode globale. Les enseignants peuvent soutenir qu'il y a belle lurette qu'ils ne l'utilisent plus, Gilles de Robien publie en janvier une circulaire l'interdisant au CP. En mars, un arrêté voit le jour. Surprise : il préconise “deux types d'approche complémentaires : analyse de mots entiers en unités plus petites référées à des connaissances déjà acquises, synthèse à partir de leurs constituants de syllabes ou de mots réels ou inventés”.

Le 6 septembre, lors d'une émission sur France Inter, Gilles de Robien et Roland Goigoux sont tous deux invités. L'enseignant estime avoir, comme dans son ouvrage, mis le ministre “face à ses contradictions”. Ce qui, dit-il, “l'a beaucoup agacé...

Gilles de Robien a apporté son soutien au directeur de l'Ecole supérieure de l'Education nationale. "C'est comme si un moniteur d'auto-école se comportait comme un chauffard dans une auto-école", a-t-il déclaré estimant que "le directeur de l'ESEN a pris la mesure qu'il convenait de prendre". TF1-LCI 28/09/06

Lecture : Robien soutient l'exclusion d'un formateur allant à l'encontre de ses directives AFP 27/09/06

Méthode globale : les parents font pression sur les enseignants

 

Le Figaro 28/09/06

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En prônant le retour à la méthode syllabique – le fameux B.A.-BA. – le ministre de l'Éducation nationale, Gilles de Robien, a mis le feu aux poudres. «Le jour de la réunion de rentrée, les parents m'ont intimé l'ordre d'exécuter les décisions ministérielles quand je leur ai expliqué que je n'utiliserais pas une méthode exclusivement syllabique», confie Jeanne, une enseignante parisienne, encore sous le choc d'une réunion de rentrée houleuse.

«Enseigner n'est pas une mécanique, affirme Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp, principal syndicat d'enseignants du primaire. L'apprentissage de la lecture a toujours été un sujet sensible. Nous savions que, cette année, il le serait un peu plus encore.»

12 [associations et] organisations syndicales, [ont] fait publier à 500 000 exemplaires un quatre-pages intitulé «Pas si simple d'apprendre à lire !» Un argumentaire à destination des enseignants qui constitue un véritable pied de nez au ministre.

Gilles de Robien, lui, n'a pas envie de badiner. Pour ne pas l'avoir compris, Roland Goigoux, un universitaire enseignant à l'École supérieure de l'éducation nationale (ESEN) de Poitiers, où il formait des inspecteurs de l'Éducation nationale, vient d'être sanctionné. Spécialiste de la lecture, il venait de publier un livre intitulé «Apprendre à lire à l'école» (Retz) dans lequel il émettait certaines réserves à l'égard de la méthode syllabique. Le Figaro 28/09/06

Un "prof" sanctionné après avoir exprimé sa position

Nel Obs 26/09/06

Extraits

"Le professeur Roland Goigoux est exclu de la formation des inspecteurs de l'Education nationale, on lui reproche des positions non conformes à la pensée d'Etat", s'est indigné le secrétaire général du SE-Unsa Luc Bérille.
Roland Goigoux n'a pas été reconduit comme enseignant à l'Ecole supérieure de l'Education nationale (ESEN) après avoir écrit un livre sur la lecture intitulé "Apprendre à lire à l'école" (Retz).

"Le directeur de l'ESEN m'a téléphoné pour m'informer qu'il mettait un terme à notre collaboration. Je devais intervenir dans la formation des inspecteurs sur la lecture à partir du 29 novembre, comme chaque année depuis dix ans" avait expliqué Roland Goigoux.

Le directeur de l'ESEN, Jean David, a confirmé cette décision: "A la lecture de son dernier ouvrage j'ai estimé que certains passages allaient à l'encontre des propos du ministre de l'Education" Nel Obs 26/09/06

Interdit de former des inspecteurs après avoir écrit un livre sur la lecture Vousnousils 26/09/06

Robien défend ses «bonnes méthodes»

Extraits

Pour éviter que 20% des enfants ne sachent toujours pas lire en entrant en sixième, il a prôné le retour de la méthode syllabique. Pour tenter de convaincre les enseignants encore réticents, le ministre a appelé à la rescousse les spécialistes des neurosciences pour lesquels, dit-il, «cette méthode est la plus conforme aux mécanismes cérébraux des débuts de l'apprentissage.» D'ailleurs, pour lui, les changements ne se discutent plus. Le débat est désormais «aussi vif qu'inutile. Car cette modification est pertinente et pragmatique.» Rompez ! Le Figaro 01/09/06

Apprendre à lire en CP : comment décoder la réforme

 

Extraits

Les parents des 800 000 écoliers qui rentrent en CP ont de quoi être perplexes. À la radio, le ministre explique que leurs enfants sont les premiers bénéficiaires de son importante réforme de l'apprentissage de la lecture.

Priorité au syllabique, au b.a.-ba rassurant de grand-papa. « C'est la mesure phare de la rentrée », clame Gilles de Robien.

Mais quand ils arrivent à la porte de la classe, les parents entendent les professeurs murmurer que la réforme ne va rien changer. « Dans la pratique de classe, très honnêtement, ça va être la même chose que l'année dernière », résume Patrick Roumagnac, du syndicat Unsa des inspecteurs du premier degré.

A partir des années 1990 L'idéologie s'estompe, place au pragmatisme. Le tout global, ou le tout « ideo-visuel », eux, sont périmés.

Pour {[le reste], l'imagination, l'exploration et la diversité des approches restent possibles. Le ministre a cependant posé des garde-fous, dans l'arrêté du 24 mars, modifiant les programmes : « Au début du CP, un entraînement systématique à la relation entre graphèmes (lettres) et phonèmes (sons) doit être assuré afin de permettre à l'élève de déchiffrer... »

Si une phrase du manuel - inchangé depuis l'an dernier - est un peu plus compliquée que « Léa va à vélo » : Il faut bien que les instituteurs éveillent l'intérêt des CP avec des histoires plus subtiles que celles du manuel de papy...

« Inutile d'être un expert de l'enseignement pour aider son enfant, insistent les spécialistes de la lecture Roland Goignoux et Sylvie Cèbe. Pour un parent, il est préférable de faire maladroitement que de ne rien faire du tout. » Ouest-France 31/08/06

Le débat sur la lecture n’est pas clos L'Humanité 29/08/06

Gilles de Robien : retour définitif à la méthode syllabique pour apprendre à lire

A.P. 28/08/06

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Le ministre de l'Education Gilles de Robien a annoncé lundi : «Il n'y a plus de débat, l'affaire est classée, maintenant les grands spécialistes de la question se sont prononcés: on utilise encore trop largement à l'école des méthodes qui sont inspirées de la méthode globale, semi-globale et autres. Eh bien! ces méthodes ne conviennent pas à tous les élèves», a déclaré Gilles de Robien sur RTL.
«C'est une décision collective, inspirée par les plus grands scientifiques internationaux», «une décision de bon sens», a insisté le ministre, car «on ne peut pas laisser une situation, même si l'expérience était intéressante, où il y a 20% de jeunes Français qui ne savent pas bien lire quand ils entrent en 6e».
«L'élève qui ne sait pas lire à la fin de son CP, il aura des difficultés et des risques d'échec scolaire, il risque d'être malheureux peut-être toute sa vie». «Donc insister sur l'importance de la lecture et des bonnes méthodes pour apprendre à lire, c'est favoriser l'égalité des chances».
A.P. 28/08/06

Robien a raison d'être têtu Le Figaro 29/08/06

Le difficile retour de la méthode syllabique Le Figaro 29/08/06

D r Wettstein-Badour : «Les syndicats font de la désinformation» Le Figaro 29/08/06

Apprentissage de la lecture : le ministre "confiant" dans les enseignants Le Monde 30/08/06

Voir aussi deux brefs "éclairages" de R. Goigoux et J. E. Gombert dans notre dossier lecture.

Lecture : cent ans après, Boscher plaît toujours

Ouest-France 17/05/06

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Au début du siècle dernier, Mathurin Boscher, maître à Saint-Barnabé, petit village de 1 083 âmes dans les Côtes-du-Nord, élabore la célèbre méthode éponyme d'apprentissage de la lecture. « Les instituteurs d'alors avaient peu de manuels utilisables dans des classes souvent surchargées, avec des élèves d'âges et de niveaux très différents », explique Marceau Ginesy, président du Comité pour le centenaire de la méthode Boscher.

Marie Marjot, enseignante aujourd'hui retraitée, a elle-même appris à lire avec la méthode Boscher : « En tant qu'enseignante, je n'ai pas utilisé la méthode. Parfois, j'ai cherché quelques exemples de mots en référence, mais pas davantage. La méthode est peu attrayante ».

Entre 80 000 et 100 000 exemplaires sont vendus chaque année. « Je crois que ce sont surtout les parents qui, confrontés aux difficultés de leurs enfants, achètent cette méthode facile d'utilisation »

Marie Marjot admet : « Il n'y a pas de méthode miracle. À l'École normale, on nous disait simplement : il n'y a pas de méthode qui empêche un enfant d'apprendre à lire. » Ouest-France 17/05/06

Best-seller de l'édition scolaire, la "Méthode Boscher" a 100 ans AFP 21/05/06

Lecture: apprentissage à des enfants en 7 jours réussi selon les initiateurs

 

AFP 30/04/06

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"Il s'agit d'une réussite totale, quatre des enfants sont capables de lire des phrases, quatre lisent des mots simples et les deux autres se sont bloqués devant l'huissier venu samedi constater, mais tous ont eu le déclic", ont déclaré à l'AFP la psycho-pédagogue suisse Claude Huguenin et son compagnon philosophe, Olivier Dubois.
"Il a fallu inventer des jeux pour arriver à les faire lire, la pression était forte et le résultat n'est pas le reflet exact de leurs réelles capacités. J'ai pris des mots isolés qu'ils n'avaient jamais vus pour éviter qu'ils récitent une phrase apprise", a ajouté Claude Huguenin.
L'expérience a été menée à l'école maternelle de Doussard où les enfants ont travaillé de manière ludique. Ils ne savaient pas lire et ne connaissaient pas la méthode de lecture intitulée "la planète des Alphas", qui repose sur l'idée de personnages qui ont la forme et émettent le son des lettres qu'ils représentent.
 AFP 30/04/06

Test réussi pour «La planète des Alphas» Le Figaro 02/05/06

Méthode de lecture : L'alphabet suisse Le Point 27/05/06

Apprendre à lire en sept jours : le pari fou de deux pédagogues

Le Figaro 20/04/06

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Un couple franco-suisse de pédagogues, créateur d'une méthode de lecture transformant l'apprentissage en jeu, veut prouver la semaine prochaine que l'on peut apprendre à lire à des enfants de 5 et 6 ans en sept jours. Pas un de plus !

Dix enfants ont été sélectionnés pour cette expérience menée sous contrôle d'huissier et devant les caméras de France 2 à la maternelle de Doussard, en Haute-Savoie. C'est dans cette commune que résident Claude Huguenin, 50 ans, une psycho-pédagogue suisse, et son compagnon, Olivier Dubois, un philosophe de 49 ans.

La méthode développée par Claude Huguenin s'intitule La Planète des Alphas. Elle est fondée sur un conte rédigé par Olivier Dubois, qui raconte aux enfants l'histoire des Alphas, des petits personnages qu'une méchante sorcière veut attraper. Pour lui échapper, les Alphas se transforment en lettres de l'alphabet. Ces personnages caractérisent également le son des lettres qu'ils représentent. Par exemple, «Monsieur O» est tout rond, il fait des bulles en poussant des «oooh !» admiratifs.

Renvoyant dos à dos les méthodes globale et syllabique, Olivier Dubois assure que, «si on adoptait notre méthode dans les écoles, on ferait baisser de 50 à 70% le taux d'illettrisme et on décèlerait la dyslexie dès 5 ans au lieu de 8».

 Le couple affirme que, en Suisse, La Planète des Alphas a été adoptée par beaucoup d'enseignants francophones. En France, plus de 20 000 profs, éducateurs et orthophonistes l'utiliseraient.

Pourquoi alors cette opération médiatique ? «Beaucoup d'adultes ont encore des doutes sur cette méthode. Nous voulons leur montrer comment elle fonctionne, répond Claude Huguenin. Nous faisons le pari que ces dix enfants qui ne savent pas lire pourront comprendre en sept jours le code de l'écriture. Ils ne pourront pas tout lire, mais ils sauront déchiffrer un texte simple ». Le Figaro 20/04/06

Pour les spécialistes, il n'y a pas de méthode miracle Le Figaro 20/04/06

D'autres méthodes que le b.a.-ba

 

Le Monde 11/03/06

Extraits

Le ministre de l'éducation nationale affirme que l'école pourrait mieux réussir l'enseignement de la lecture ; nous le pensons aussi. Il considère qu'il n'y a pas de lecture maîtrisée si l'élève ne manipule pas avec aisance "les correspondances entre les lettres et les sons" ; nous aussi.

Dès le début de l'année, nous mettons à la disposition de nos élèves les outils qui les rendent progressivement autonomes dans l'écriture de textes dont ils sont les auteurs. En rectifiant les programmes pour y énoncer l'obligation de pratiquer le "b.a.-ba" dès le début du CP, le ministre nous empêcherait d'emprunter cette voie originale et féconde qui vise à ce que les enfants s'approprient parallèlement la maîtrise des codes : le code grapho-phonologique certes, mais aussi le code orthographique.

L'usage précoce du "b.a.-ba" conduit en effet de nombreux élèves à produire d'emblée l'écriture des mots "comme on les entend" (par ex. : jé fé un cado a ma seur) plutôt que d'utiliser les outils qui les aident à développer leurs connaissances orthographiques, indispensables à une lecture aisée et à la compréhension des textes. Le Monde 11/03/06

Les programmes seront modifiés pour bannir la méthode globale

Le Monde 11/03/06

Extraits

"L'enseignement systématique et précoce du déchiffrage est la méthode la plus efficace pour apprendre à lire à un enfant, a déclaré [le ministre] devant les cadres de l'éducation nationale et les directeurs d'instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). Cela implique d'écarter résolument la mémorisation globale précoce de mots entiers, qui ne sont pas lus mais devinés."

Les programmes [de 2002] soulignaient que les méthodes globales "présentaient plus d'inconvénients que davantage" mais laissaient à chaque maître "une totale liberté de choix" de la méthode, commente-t-on au ministère, pour expliquer [des] modifications.

Les responsables des principaux syndicats d'enseignants (SNUipp-FSU, SE-UNSA, SGEN-CFDT), de mouvements pédagogiques, de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) et des universitaires ont tenu une conférence de presse pour dénoncer "les dégâts" suscités par la polémique sur la lecture qui jette "trouble et défiance vis-à-vis de l'école". "Le ministre joue sur du velours, utilisant les angoisses des familles pour manipuler l'opinion", a estimé Jean-Luc Villeneuve, du SGEN-CFDT.

Philippe Joutard, ancien recteur responsable de la commission qui a inspiré les programmes de 2002, a dénoncé "l'amateurisme" du ministre en rappelant "le travail considérable et la concertation" qui avait abouti aux nouveaux programmes du primaire. Le Monde 11/03/06

Polémique sur la méthode globale
Le b.a.-ba selon Robien
Que faire pour aider ces 15 à 20% d'enfants qui ne savent pas, ou si peu, lire en sixième ? Le ministre a tranché : dans les classes, on s'en tiendra au b.a.-ba

Nel Obs hebdo 09/03/06

Extraits

Le 3 janvier, dans sa circulaire «Apprendre à lire», le ministre de l'Education Gilles de Robien a interdit tout ce qui s'écarte du strict b.a.-ba. Un recadrage autoritaire.

Ce jeudi 9 mars, le ministre intervient devant les recteurs et inspecteurs de l'Education nationale lors d'un séminaire sur «Apprendre à lire à l'école primaire».

De 15 à 20% des élèves arrivent en sixième sans savoir lire. «Soit ils ne savent même pas déchiffrer, soit ils ânonnent sans comprendre ce qu'ils lisent», résume un inspecteur général de l'EN.

Le diable, c'est la méthode globale. «J'attends des maîtres qu'ils écartent résolument ces méthodes qui saturent la mémoire des élèves sans leur donner les moyens d'accéder de façon autonome à la lecture», écrit [le ministre] dans sa circulaire. «Un entraînement systématique à la relation entre lettres et sons doit donc être assuré afin de permettre à l'élève de déchiffrer, de relier le mot écrit à son image auditive et à sa signification.»

Sous couvert de bon sens, le ministre a vexé tout le monde. D'abord, il a l'air de soupçonner les instituteurs de ne pas faire leur boulot : «Lire et écrire deux ou trois heures par jour comme le recommandent les programmes, apprendre quotidiennement un ou deux mots nouveaux sera d'un grand profit», écrit-il. Les formations en IUFM, assurées par les chercheurs en éducation, devraient aussi être plus concrètes, écrit en substance le ministre.

Les éditeurs eux-mêmes sont priés de revoir leur copie. «Gilles de Robien nous a réunis à la mi-décembre pour nous demander d'expurger nos manuels des traces de méthode globale», s'exclame Marie-Noëlle Audigier, directrice générale chez Hatier. Ratus, Ribambelle, Abracadalivre, Crocolivre... A l'index ! La méthode globale devient un fourre-tout dans lequel le ministre jette toutes les recommandations de la recherche.
«Le ministre de l'Education fait la part belle aux mouvements les plus réactionnaires», regrette l'historien Antoine Prost. Des mouvements comme Sauver les Lettres ou SOS-Education.
Nel Obs hebdo 09/03/06

Apprentissage de la lecture: Gilles de Robien réaffirme la priorité absolue à la méthode syllabique

AP 09/03/06

Réponses aux ministres du gouvernement Villepin sur la manipulation des neurosciences.

Halte au bricolage scientiste

Jean-Pierre Sueur sénateur (PS) du Loiret et ancien ministre

Libé 09/03/06

Extraits

Il y eut Nicolas Sarkozy, dont on nous apprend qu'il s'inspire d'un rapport du député UMP Jacques-Alain Bénisti et d'un autre de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour préparer le dépistage des enfants dès l'âge de la crèche afin de repérer très précocement les futurs délinquants. Et voilà que Gilles de Robien annonce (Libération du 28 février) que les «neurosciences» permettent de «savoir désormais» que la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture est la «plus efficace», puisque les approches alternatives «contredisent directement les structures de fonctionnement du cerveau» et que les «signaux chimiques et électriques» (sic) du cerveau permettent désormais de «trancher» cette question.

Ce néoscientisme gouvernemental est inquiétant parce qu'il instrumentalise la science au profit de thèses qui sont autant de choix politiques a priori qui ne résultent en rien de données scientifiques.

Robien a décidé de pourfendre et d'interdire la méthode dite globale considérant sans doute qu'il y avait là un moyen simple de frapper l'opinion en flattant un apparent bon sens. La réalité, c'est que l'apprentissage de la lecture suppose nécessairement l'analyse et la synthèse, la décomposition et la reconstruction, la perception globale et signe à signe, etc. Robien serait bien en peine de nous expliquer comment les «signaux chimiques et électriques» du cerveau justifient absolument la méthode syllabique.

Dans la nouvelle doxa gouvernementale, le déterminisme règne sur les apprentissages, les perceptions, les comportements et les pensées.

Que la médecine, la psychiatrie, la psychologie, puissent être sollicitées à tous les âges de la vie, et cela dès le premier jour, c'est une évidence. Ce qui, en revanche, est inacceptable, c'est la visée prédictive. Considérer que l'on peut dès le plus jeune âge «détecter» le délinquant en puissance, c'est méconnaître le rôle des parents, des enseignants, des éducateurs, de la société... dans les années qui suivent. Le fichage des enfants et les théories prédictives témoignent d'un pessimisme désespérant. Libé 09/03/06

La maîtrise de la lecture, enjeu pour l'emploi notamment des femmes (Insee)

AFP 08/03/06

Extraits
L'enquête Information et vie quotidienne 2004 de l'Insee a étudié les compétences en lecture et écriture du français, calcul et compréhension orale de 10.000 personnes âgées de 18 à 65 ans
11% des femmes et 14% des hommes testés éprouvent des "difficultés graves ou assez fortes dans les domaines fondamentaux de l'écrit (écriture, lecture, compréhension d'un texte). Pour les personnes qui ont suivi leur scolarité en France, "le taux d'illettrisme est de 8% pour les femmes et de 11% pour les hommes".
L'étude note que cette différence entre hommes et femmes "s'inverse en calcul : 38% des hommes ont réussi plus de 80% des exercices, contre 26% des femmes" et "en compréhension orale, les résultats sont très proches : 15% des femmes et 14% des hommes ont des performances médiocres".
"La proportion de femmes ayant un emploi augmente régulièrement (avec leur maîtrise de l'écrit) : 42% quand elles ont de graves difficultés à l'écrit, 85% pour celles réussissant très bien les tests, en passant par 56% pour celles dont les difficultés sont partielles"
"31% des hommes en graves difficultés à l'écrit et 20% de ceux en difficultés assez fortes n'ont pas d'emploi, le taux est de 13% pour ceux dont les difficultés ne sont que partielles et décroît peu pour les niveaux de compétences en lecture plus élevés". AFP 08/03/06

Réforme de la lecture, démagogie du ministre

Éducation . Le projet d’arrêté portant sur les futurs programmes de CP a été révélé, hier. Syndicats et parents ont refusé de participer aux travaux.

 

L'Humanité 07/03/06

Extraits

Exit, donc, la possibilité de panacher les méthodes d’apprentissage de la lecture. Toute référence à des « programmes de travail équilibrés » est supprimée des textes réglementaires.

Désormais, les enseignants ne pourront aborder la lecture en CP que d’une seule et unique manière : le BA-Ba, à savoir le décodage lettre par lettre, puis syllabe par syllabe. « Au début du cours préparatoire, dictent les nouveaux programmes, un entraînement systématique à la relation entre graphèmes (écriture d’un son) et phonèmes (son d’une lettre) doit être assuré afin de permettre à l’élève de déchiffrer, de relier le mot écrit à son image auditive et à sa signification. » Tous les élèves devront maîtriser ces techniques à la fin du CP. Et surtout avant d’en passer à une méthode privilégiant l’accès au sens des mots, des phrases et des textes.

Quelques-uns, y compris à gauche, soutiennent le ministre dans sa démarche de valorisation de la syllabique. Permettant de déchiffrer même les mots inconnus, elle ne nécessite pas un bagage linguistique étoffé et serait, de ce fait, plus démocratique.

Avec une vocation similaire (garantir l’accès à la lecture pour tous), d’autres, très largement majoritaires, dénoncent l’interdiction absolue de recourir à une méthode (abusivement) appelée globale. Et alertent quant au danger du déchiffrage pur, lequel peut conduire les élèves à ânonner une phrase sans en comprendre le sens.

En agissant ainsi, le ministre ramène le problème de l’échec scolaire à celui seul de la méthode d’apprentissage. Ce qui est, de fait, un fâcheux raccourci. L'Humanité 07/03/06

Programmes modifiés : échec d'une réunion

 Nel Obs 06/03/06

Extraits

Trois syndicats enseignants (Sgen-CFDT, SE-Unsa et SNUipp-FSU) ainsi que la FCPE ont quitté la réunion au ministère de l'Education sur la modification des programmes.

Les protestataires "refusent de s'inscrire dans un simulacre de concertation". Ils ajoutent "qu'aucune expertise sérieuse n'a été conduite ni aucune évaluation des pratiques sur le terrain" et déclarent que la démarche "n'est qu'idéologique". Sur le fond, syndicats et parents soulignent que "le projet minore le fait que la lecture est une activité complexe et que les enfants ont des manières différentes d'y entrer".

Le déchiffrage comme seule base d'apprentissage a été mis en cause à la fin des années 60 parce qu'il ne garantissait pas la compréhension et les enseignants se sont mobilisés pour transformer leurs pratiques et améliorer les performances des élèves. Ce projet est un considérable retour en arrière" expliquent les protestataires.
Craignant que toute diversité soit impossible et qu'on "ouvre la voie au manuel unique", les signataires demandent la mise en œuvre d'une vraie évaluation scientifique de l'efficacité des méthodes et de "surseoir en attendant à toute modification des programmes".
Nel Obs 06/03/06

Robien réécrit les programmes scolaires
Un projet modifiant les programmes scolaires soumis lundi 6 mars par le ministre de l'éducation doit supprimer toute référence à la méthode globale

 

La Croix 05/03/06

Extraits

Le ministre expurge les programmes de tout ce qui pouvait encore faire référence aux méthodes globales. Les programmes de 2002 affirmaient de manière prudente qu’y avoir recours comportait « plus d’inconvénients que d’avantages ». Mais, semblant ménager la chèvre et le chou, ils ajoutaient aussitôt : « Il appartient aux enseignants de choisir la voie qui conduit le plus efficacement tous les élèves à toutes les compétences fixées par les programmes. »
C’est ce long passage dans lequel était également évoquée la méthode «naturelle» du pédagogue Célestin Freinet qui devrait être supprimé. à la place, les nouveaux programmes prévoient qu’un « entraînement systématique à la relation entre graphèmes et phonèmes doit être assuré » au CP.

Gilles de Robien avait annoncé le recours obligatoire à la « méthode syllabique », c’est-à-dire au déchiffrage façon b-a-ba qui était préconisé par la célèbre méthode Boscher.

les nouveaux programmes, qui seront applicables dès la rentrée prochaine, n’imposent certes pas le recours exclusif au déchiffrage.
Mais « ils restreignent la grande diversité des pratiques des professeurs qui répond justement à la grande diversité des élèves. On va tout droit vers la préconisation d’un manuel d’apprentissage unique », s’inquiète Philippe Niemec (SE-Unsa)

Le député de la Somme Alain Gest (UMP) a écrit le 7 février dernier aux maires de sa circonscription. Le député affirme dans ce courrier que la nouvelle circulaire prévoit l’abandon de la méthode semi-globale «au profit d’un retour à la méthode syllabique». En tant que maire, rappelle Alain Gest «vous avez la responsabilité de l’achat des manuels scolaires (…) qui impliquent le choix d’une des deux méthodes».
À Montpellier, c’est le recteur Christian Nique qui a réuni tous ses inspecteurs d’académie début février pour leur préciser que certains manuels aujourd’hui largement utilisés (Ratus de Hatier ou Gafi de Nathan) pourraient être désormais interdits. « Des listes noires de manuels circulent actuellement sur Internet », confie, très inquiet, un éditeur scolaire.

« L’obligation d’enseigner le déchiffrage dès le début du CP serait un net progrès pour la minorité d’enfants qui actuellement n’en bénéficieraient pas », écrivent les chercheurs. Ils récusent également le simple retour au b.a.-ba. Les méthodes qui « semblent optimales, initient l’enfant non seulement au déchiffrage, mais également à la morphologie, à la syntaxe, à la compréhension des textes ayant un sens ainsi qu’à l’écriture ». La Croix 05/03/06

Lecture, le faux «départ syllabique»

Jean-Noël Obert, instituteur

 

Libé 04/03/06

Extraits

On sait, «on en a la preuve», dit le ministre Gilles de Robien (Libération du 28 février), que «la méthode à départ syllabique est plus efficace» pour apprendre à lire. J'attendais bien davantage que cette affirmation, pour le moins simpliste.

J'ai eu le temps de vérifier que les vingt-cinq ou trente «zones grises» et leurs «100 milliards de neurones» n'arrivaient pas égales sur le plan du réseau chimique et électrique ou tout au moins sur leur aptitude, leur envie d'être «titillées» par ce problème existentiel qu'est l'apprentissage de la lecture.

Le sens, le sens de ce que l'on fait, de ce que l'on dit, de ce que l'ona à lire a toujours été mon objectif d'instituteur en sachant que c'est l'enfant qui apprend, pas moi.

Alors, «la méthode à départ syllabique» avec son florilège de phrases aussi niaises les unes que les autres (Lili a vu la lune, Riri a ri, Momo a mal, Papa a une pipe, Pipo a fait pipi...) et qui bercent hélas encore des classes entières sous le sourire béat d'enseignants fiers de leurs trouvailles, non merci ! Libé 04/03/06

Les neurosciences apportent des réponses cruciales en matière d'éducation, de soins, de savoir.

Le cerveau, puits de sciences

Gilles de Robien ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Libé 28/02/06

Extraits

Comment apprenons-nous ? Quelles sont les meilleures façons d'apprendre ? Ce furent mes premières questions à mon arrivée au ministère. Des questions essentielles car la mission première de l'école ­ faut-il le rappeler ? ­ est de transmettre des connaissances. Pas n'importe lesquelles ! Les connaissances fondamentales, qui seules permettent de prendre son envol dans l'immense univers du savoir. Les connaissances qui permettent aussi de trouver une place dans la société, de devenir un citoyen responsable... et de contribuer à la réussite de notre pays.

Sous le nom de «neurosciences cognitives», ces sciences nouvelles commencent à apporter des réponses fermes ­ confirmant bien souvent nos connaissances empiriques ­ et l'explication rigoureuse qui nous manquait.

Nous savons par exemple désormais, grâce aux neurosciences, pourquoi certaines méthodes de lecture sont moins efficaces dans les premiers pas vers la lecture : elles contredisent directement les structures de fonctionnement du cerveau dans l'exercice du décodage. Bref, on sait désormais non seulement que la méthode à départ syllabique est plus efficace, mais l'on sait pourquoi. On en a la preuve. Plus aucune fausse science ne pourra révoquer l'expérience.

Les recherches en cours nous éclaireront demain sur la mémoire, le calcul, le raisonnement, ou sur les meilleurs moyens d'«apprendre à apprendre». Elles nous éclaireront d'autant plus qu'elles se compareront à l'expérience directe des enseignants. A nous, pouvoirs publics, d'organiser ces échanges pour en tirer des voies de progrès pour nos enfants. Libé 28/02/06

Quand le ministre « simplifie » l’apprentissage de la lecture

Hélène Romian, ex-chercheuse à l’Institut national de recherche pédagogique, réseau École du PCF

 

L'Humanité 07/02/06

 

Extraits

La circulaire ministérielle « Apprendre à lire », qui impose aux enseignants de CP - et aux éditeurs de manuels - une méthode syllabique purifiée d’« approches globales », est une première, qui va à l’encontre du principe de respect des libertés pédagogiques dans le cadre des instructions officielles, dont le ministre prend le contre-pied.

Quels lecteurs, quels électeurs-citoyens, quels travailleurs l’école a-t-elle pour mission de former ?

Pour le ministre, le futur est dans le rétroviseur et la négation de toutes les avancées post-68. Son choix minimaliste de la restauration d’une méthode centrée exclusivement sur le « b + a = ba » et le déchiffrage n’est pas neutre pédagogiquement et politiquement. C’est faire entrer les élèves dans un rapport à la langue écrite - et à l’école - basé sur la soumission à des savoirs abstraits, hermétiques, sans rapport avec leur expérience langagière, révélés et imposés par autorité, qui ne feront sens que plus tard - ou jamais. Les approches globales pratiquées par les maîtres, et recommandées par les instructions, contrebalancent justement ce déficit de sens.

Sachant que les enfants des « héritiers » ont ce qu’il faut hors de l’école pour pallier les déficits de sens des apprentissages syllabiques exclusifs. Sachant que les élèves en échec scolaire le sont souvent en lecture, et qu’ils sont en majorité issus de milieux populaires. Sachant que le rapport des enfants de milieux populaires aux savoirs abstraits sur la langue est souvent difficile. Sachant que les élèves en difficulté de lecture à l’entrée en sixième ont beaucoup plus de problèmes de compréhension que de déchiffrage.Quels seraient les effets prévisibles d’un retour à un « b + a = ba » pur et dur ?

Aux dernières nouvelles, [le ministère] a entrepris de mettre les formations sur l’apprentissage de la lecture au pas : suppression : d’un stage prévu à l’École des cadres de l’éducation nationale de Poitiers au motif que le discours de l’intervenant R. Goigoux, professeur d’université, est « non pertinent », et remplacement par un « séminaire officiel ». Même chose pour les stages de formateurs et d’enseignants. Les corps d’inspection sont rappelés au « devoir d’obéissance ». Du jamais vu ! Nous sommes entrés dans l’ère de la pédagogie officielle imposée. L'Humanité 07/02/06

Un chercheur s'estime empêché de faire cours

 

Le Monde 04/02/06

 

Extraits

Les sceptiques de la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture prônée par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, ont-ils encore voix au chapitre ?

Le doute est permis pour Roland Goigoux professeur en sciences de l'éducation à l'université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand-II) et spécialiste reconnu de l'apprentissage de la lecture. Jeudi 26 janvier, l'universitaire apprend que le module de formation sur les questions de lecture dont il est chargé depuis dix ans à l'Ecole supérieure de l'éducation nationale (ESEN) est supprimé.

"Est-ce que c'est le fait que je montre qu'il n'y a pas de méthode idéale qui gêne ? A-t-on peur que mes prises de position personnelles dans un débat citoyen biaise mon enseignement ?", interroge M. Goigoux. Pour [lui], au-delà de la suspicion sur la qualité de son travail, cette décision nie "tout esprit critique des inspecteurs qui pourraient suivre ce module et pose la question de la place de l'université dans la formation des cadres de l'éducation nationale".

l'école avait demandé à M. Goigoux, il y a une quinzaine de jours, de modifier son module. Il avait été en outre suggéré à l'enseignant d'y faire intervenir un inspecteur général de l'éducation nationale et un universitaire, qui ne s'était pas fermement exprimé sur la circulaire de M. de Robien.

"J'avais accepté ce panachage car les personnes en question me paraissaient intéressantes, explique Roland Goigoux. Apparemment, cela n'a pas suffi à rassurer l'éducation nationale. Que cette institution puisse penser que ses futurs cadres auraient besoin d'une explication de texte "officielle" me paraît aller à l'encontre du discours de professionnalisme et de responsabilisation qu'elle dispense par ailleurs." Le Monde 04/02/06

Robien a globalement des difficultés à lire les rapports défavorables

Le ministre déforme les conclusions d'une étude sur l'apprentissage de la lecture

Libé 10/01/06

Extraits

Présentant sa circulaire «anti-méthode globale» (Libération du 6 janvier), le ministre de l'Education se réfère à un rapport commun de l'Inspection générale et de l'Observatoire national de la lecture (ONL), dont il a distribué un court extrait. Or l'intégralité de ce rapport, intitulé L'apprentissage de la lecture à l'école primaire révèle une problématique bien différente. L'opposition «méthode globale» versus «méthode syllabique» y est en effet qualifiée de «dépassée».

Ce rapport articule en fait «le véritable enjeu [de l'apprentissage de la lecture] ailleurs», notamment autour de la pratique des enseignants. Dès la maternelle, selon le rapport, l'enseignement serait insuffisamment individualisé : «Les moments de langage sont le plus souvent proposés au groupe classe rassemblé et renforcent, de fait, les compétences des élèves qui les possèdent déjà.»

Idem au niveau du cours préparatoire, où la critique porte surtout sur la mise en oeuvre : «L'enseignement de l'identification des mots est le plus souvent insuffisant (temps trop court, supports mal adaptés en particulier lorsque l'apprentissage se fait sur des albums).» L'articulation déchiffrer-comprendre serait aussi mal assurée : «Le travail de compréhension se limite souvent à la découverte plus ou moins guidée du texte utilisé pour l'apprentissage du déchiffrage.»

Quant au CE1, censé garantir «le passage du déchiffrage à la lecture courante», il tendrait à devenir «une classe de différenciation», où les meilleurs seraient entraînés vers des activités de niveau CE2 et au-delà, tandis que d'autres peinent «du fait d'un entraînement insuffisant en CP». «Les disparités de compréhension (...) sont devenues gigantesques. Le devenir des élèves en difficulté moyenne se joue dans cette classe.»

Toutes les propositions du rapport de l'Inspection générale et de l'ONL portent sur la formation des personnels et non sur la querelle des méthodes. Libé 10/01/06

Lire le rapport de l’Observatoire national de la lecture et de l’Inspection généralede l’éducation nationale (Groupe de l'enseignement primaire) : L’apprentissage de la lecture à l’école primaire

Lecture: les inspecteurs interpréteront la circulaire "avec discernement" AFP 09/01/06

La lecture est l'affaire des enseignants Le Monde 11/01/06

(voir le texte intégral de cette pétition)

La querelle des globalistes et des syllabistes Le Monde 17/01/06

Interdire la méthode globale : ridicule  

Pierre Boutan, maître de conférences en sciences du langage à l’IUFM de Montpellier

L'Humanité 06/01/06

Extraits

Voici que déferlent en éducation des vagues incessantes et préoccupantes de demandes qui visent à chercher uniquement dans le passé la solution des problèmes : retour à un collège différencié, à des écoles séparées pour les filles et les garçons, à l’habit uniforme pour tous les élèves, dénonciation des sciences de l’éducation - inutiles - et des Instituts universitaires de formation des maîtres, retour à la dictée, réduction des ZEP, apprentissage à quatorze ans, mise en avant du « rôle positif » de la colonisation... Il s’agit bien de l’activation, dans le domaine scolaire, de perspectives réactionnaires et souvent même obscurantistes.

Le moment où le paradis scolaire a été perdu ? Il va de soi que c’est 1968...

Parmi les débats qu’a suscités la lecture, on retiendra celui-ci : faut-il s’en tenir à l’apprentissage d’abord des lettres, puis de leurs combinaisons, de la syllabe au mot puis à la phrase et enfin au texte ? C’est apparemment « de bon sens », puisque l’on commence par la plus petite difficulté pour aller vers la plus grande... Mais les hommes des Lumières cherchent à faciliter les apprentissages en utilisant l’intelligence de l’élève en même temps que sa mémoire, en allant « du connu à l’inconnu » (Condillac). D’où la mise en avant du « mot entier » : car le mot correspond à un repère reconnu par l’enfant, et qui, contrairement aux lettres, a du sens. L’approche « globale » en lecture ne fut jamais en usage important dans les écoles françaises. Apprendre à lire nécessite d’avoir des activités de va-et-vient entre « unités de bas niveau » (qui n’ont pas de sens, soit les syllabes et les lettres) et « unités de haut niveau » (qui ont du sens, soit les mots et au-delà). Le grand changement contemporain, c’est de traiter l’apprentissage de la lecture non plus réduit au seul CP, mais gradué depuis les débuts de l’école maternelle jusqu’au secondaire.

Quant à évoquer la période d’avant 1968 comme idyllique (sans « méthode globale »...), c’est oublier qu’alors près du quart des élèves redoublait le CP, que plus de la moitié avait un an de retard à la fin de l’école primaire, et que moins de 20 % arrivaient au bac... C’est tout l’intérêt des débats actuels que de discuter non plus, comme il y a quarante ans, de la différence entre élèves « doués et non doués », mais des conditions dans lesquelles on peut faire reculer la variable de l’origine sociale dans la source des échecs. L'Humanité 06/01/06

A la lecture, de Robien impose le b.a.-ba
Une circulaire rendue publique jeudi 5 janvier interdit de recourir aux méthodes "semi-globales" ou mixtes en cours préparatoire

La Croix 06/01/06

Extraits

« Le but de ce texte est clair, a-t-il expliqué. Je veux établir une bonne fois pour toutes, de manière parfaitement explicite, quel cheminement appliquer pour apprendre à lire aux enfants. Je veux dire aussi clairement quel type de démarche doit être résolument écarté. Cela n’avait jusqu’ici jamais été fait. »

« Ne jouons pas sur les mots, a averti hier Gilles de Robien, ces méthodes à départ global sont très couramment utilisées encore aujourd’hui. »

Au CP, où se réalise l’apprentissage de la lecture, l’exclusivité est désormais accordée au « décodage et à l’identification des mots conduisant à leur compréhension ». La reconnaissance des mots nécessite « des exercices systématiques de liaison entre lettres et sons et ne saurait résulter d’une mise en mémoire de la photographie de la forme des mots qui caractérise les approches globales de la lecture, souligne Gilles de Robien. J’attends donc des maîtres qu’ils écartent résolument ces méthodes qui saturent la mémoire des élèves. »

« Les parents qui achètent chaque année 100 000 exemplaires d’une célèbre méthode syllabique ne le font pas sans raison », a glissé Gilles de Robien.

De nombreux chercheurs s’entendent sur le fait que l’apprentissage de la lecture requiert la mise en place simultanée de compétences. Certes, le décodage graphème/phonème est indispensable, mais aussi le travail sur la compréhension, le sens du mot et des textes. Se contenter du décryptage alphabétique représente un exercice aussi fastidieux que d’imposer des gammes répétées à un enfant sans lui faire écouter Mozart. Plutôt que de tracer une méthode unique, les « recommandations adressées aux enseignants devraient insister sur ce qu’ils n’ont pas le droit de ne pas enseigner », explique Roland Goigoux.La Croix 06/01/06

Robien publie sa circulaire interdisant la méthode globale de lecture AFP 05/01/06

Un adieu définitif à la méthode globale Nel Obs 05/01/06

Gilles de Robien : tous les enfants "lecteurs" en fin de CE1 Le Monde 06/01/05

Abandon de la méthode mixte : globalement démago L'Humanité 06/01/06

Le texte de la circulaire "Apprendre à lire"

Conférence de presse du ministre sur la lecture

Méthode globale : Robien sort sa circulaire

Un mois après avoir fustigé cet apprentissage de la lecture, le ministre officialise aujourd'hui la nouvelle méthode à suivre

 

Le Figaro 05/01/06

Extraits

«Dans les IUFM, certains professeurs continuent à se référer à des exercices dont on sait pourtant qu'ils ne donnent pas de résultats», explique-t-on au ministère. Le document devrait s'appuyer sur les «bonnes pratiques» qui permettent le mieux d'avancer. «On va les observer, les comparer et on en tirera des conclusions, classe par classe et élève par élève.» [Il] insiste sur la nécessité pour les parents d'être clairement informés par l'enseignant sur la méthode employée : «Ils doivent pouvoir accompagner leur enfant dans son apprentissage de la lecture à chaque étape».

Le ministre de l'Education nationale avait affirmé il y a quelques semaines s'appuyer sur des études d'experts (orthophonistes, chercheurs), qui rendraient les méthodes globales – qualifiées de «nocives» et de «criminelles» par Gilles de Robien – responsables de l'accroissement du nombre de cas de dyslexie. Ses détracteurs accusent le ministre de «donner un coup d'épée dans l'eau», de mener un combat contre une méthode «abandonnée depuis belle lurette», de remettre en cause la liberté pédagogique des enseignants. En décembre, le ministre de l'Education nationale a pris soin de rencontrer les éditeurs et l'association des maires de France (AMF), qui financent l'achat des manuels scolaires en primaire. Objectifs : s'assurer qu'ils se conformeront aux nouvelles directives, applicables dès la rentrée 2006. Une exigence rappelée aux éditeurs dans la circulaire. Il leur est demandé d'éditer des manuels qui correspondent davantage aux exigences du ministère. Le Figaro 05/01/06

L'offensive de Gilles de Robien vise à discréditer les valeurs d'égalité et de démocratisation du savoir.

Les fantômes de la méthode globale

André Ouzoulias professeur de philosophie à l'IUFM de Versailles, spécialiste des difficultés dans l'apprentissage de la lecture

Libé 04/01/06

Extraits

Il est pleinement connu du ministre de l'Education nationale, comme des professionnels de l'enseignement, que la quasi-totalité des enfants en grande difficulté en lecture au-delà du CP ont été instruits selon des méthodes syllabiques. Les difficultés en lecture ne relèvent pas toujours d'une identification malhabile des mots écrits, mais concernent au moins autant la compréhension des textes. La méthode idéovisuelle n'a été pratiquée, à partir de la fin des années 70, que par une toute petite minorité de maîtres et a quasiment disparu du paysage pédagogique. «la méthode syllabique pure» de M. Boscher n'avait pas la magie que lui prêtent ses partisans : à l'apogée de sa diffusion, au milieu des années 1960, plus de 30 % des enfants redoublaient le CP ! C'est également l'époque du «boum de la dyslexie».

Avec la campagne contre la «méthode globale», il ne s'agit pas de travailler à une plus grande efficacité de l'école et à l'intérêt des enfants, mais de faciliter la mise en oeuvre d'un programme politique de refondation de l'éducation, en réaction contre les valeurs d'égalité, de solidarité, d'éducabilité et de démocratisation du savoir. Pour cela, il faut discréditer les pédagogues et l'idée même de pédagogie.

Ceux qui prônent la «syllabique pure», ne s'intéressent guère aux problèmes pratiques qu'elle pourrait poser. Selon eux en effet, si des élèves échouent malgré tout avec cette méthode, ce n'est pas la faute de celle-ci, cela tient au fait qu'ils ne peuvent pas apprendre à lire normalement parce qu'ils sont dyslexiques. la difficulté en lecture est médicalisée, renvoyée en dehors de l'école.

Les autres revendications des partisans de la syllabique pure ne peuvent que susciter l'effroi. Outre «la suppression de la méthode globale d'apprentissage de la lecture et de tous ses dérivés actuellement utilisés dans les écoles primaires (méthode mixte, méthode par hypothèse, méthodes à départ global)», ils demandent de «faire des classes qui soient socialement hétérogènes, mais intellectuellement homogènes ; supprimer le collège unique [...]; créer un examen d'entrée en sixième [...]; réformer les IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres), qui sélectionnent les futurs enseignants sur leur conformité idéologique avec les pédagogistes officiels (...) ; limiter le pouvoir des syndicats d'enseignants...». Pour rétablir l'ordre moral et protéger les enfants des idées «décadentes» incarnées par des rats ou des sorcières dans les méthodes de lecture, ils invitent les parents à demander aux maires le refus de financer certains manuels (ils donnent la liste des ouvrages mis à l'index) et à renvoyer des cartons de protestation aux éditeurs.

Ces revendications constituent également le programme de certains réseaux de l'actuelle majorité et du ministre lui-même. Celui-ci n'a-t-il pas décidé de recevoir les éditeurs pour leur demander de faire le ménage dans leurs catalogues ? N'a-t-il pas reçu le président de l'Association des maires de France pour demander aux communes de ne plus financer les méthodes jugées inefficaces ? C'est une rupture historique avec les principes républicains et laïcs. Ces principes veulent en effet que les maîtres soient libres de choisir leurs outils à condition de viser effectivement les objectifs formulés par les programmes officiels. En contrepartie, leur travail est contrôlé par des inspecteurs et non par les notables ou des groupes de parents. Libé 04/01/06

Apprentissage de la lecture : un appel à plus de "sérieux"

 

Le Monde 04/01/06

Extraits

Ranimée par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, qui a déclaré, le 7 décembre 2005, qu'il fallait "abandonner une fois pour toutes la méthode globale ou assimilée", la polémique sur l'apprentissage de la lecture devait connaître un nouvel épisode, mardi 3 janvier, avec la publication d'un appel émanant des principaux syndicats d'enseignants (SNUipp-FSU, SE-UNSA, SGEN-CDT), de mouvements pédagogiques, de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) et d'universitaires. Les auteurs réclament "des réponses sérieuses" sur l'apprentissage de la lecture, "loin des affirmations passéistes et approximatives de l'actuel ministre de l'éducation nationale".

Ecartée par les programmes de l'école élémentaire de 2002, la méthode globale "n'est pratiquement plus utilisée dans les écoles" et "la majorité des manuels de lecture enseignent les correspondances entre les lettres et les sons dès les premiers jours du cours préparatoire", affirment les auteurs de l'appel, qui dénoncent "la description caricaturale" qui est faite de la situation dans les écoles.

Alors que M. de Robien affirme que l'abandon de la méthode globale permettra en deux ans de ramener le pourcentage d'écoliers qui ne savent pas lire à l'entrée au collège de 15 % à "11 % ou même à 8 %", les signataires considèrent que "le déchiffrage n'est pas le principal problème" puisque "11 % des élèves ne comprennent pas les textes qui leur sont proposés bien qu'ils sachent déchiffrer". Le Monde 04/01/06

« Je suis un pur pragmatique »

Extraits

Lorsque je reçois un rapport qui récapitule quelque 200 études réalisées par des scientifiques et faisant état des avancées en matière de neurosciences, il me faut trois jours pour décider d'une circulaire interdisant la pratique de la méthode globale en matière d'apprentissage de la lecture... Je compte sur les effets de cette circulaire pour faire baisser le nombre d'illettrés en 6e. Je suis un pur pragmatique.

Cette maison est souvent plus formelle que pratique. Je respecte la liberté pédagogique, dont la loi dit qu'elle s'exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre; mais j'assume ma responsabilité et j'estime que cette liberté s'arrête où commence le danger pour les enfants. Entre 80000 et 100 000 manuels scolaires sont vendus chaque année qui reposent sur la méthode globale ou assimilée!

Le Monde de l’éducation Janvier 2006

Méthode globale : les éditeurs de manuels de lecture chez Robien

AFP 14/12/05

Extraits
"J'ai vu mardi les maires de France et aujourd'hui les éditeurs pour leur confirmer ma décision d'abandonner les méthodes globales, semi-globales et assimilées. Je les ai prévenus par courtoisie et à cause de leur rôle éminent, c'est maintenant à chacun d'entre eux de prendre leur responsabilité", a déclaré le ministre.
Si la méthode globale pure et dure n'est plus utilisée depuis 25 ans et ne se trouve donc dans aucun manuel, certains privilégient encore une méthode mixte avec découverte de mots parallèle au décodage des lettres et syllabes.
Ce sont celles auxquelles le ministre s'attaque: "Certes, elles donnent l'illusion de savoir lire très tôt puisque l'enfant sait reconnaître immédiatement une petite collection de mots mais rapidement la mémoire est saturée et la lecture se transforme en un exercice de devinettes", a-t-il dit.
Du côté des éditeurs scolaires, on affirme qu'il ne devrait pas être question de changer les manuels car "ils sont tous conformes aux programmes en vigueur et comportent les deux volets exigés: déchiffrage et compréhension". AFP 14/12/05 Méthode globale: Robien insiste Nel Obs 27/12/05

Quelques vérités sur l'apprentissage de la lecture

Alain Bentolla Linguiste, professeur à Paris-V, auteur de Tout sur l'école (O. Jacob).

Nous devons affirmer avec force que le but de la maîtrise des relations grapho-phonologiques constitue un incontournable de l'apprentissage ; mais ajouter aussitôt que son but est d'accéder au sens des mots «inélus» et non pas seulement au bruit des mots

Le Figaro 14/12/05

Extraits

Le français écrit est un système alphabétique ; cela signifie qu'entre les lettres et groupes de lettres et les sons qui leur correspondent il existe des relations de régularité qui permettent dans plus de 80% des cas de prévoir le son que sous-tend chaque lettre ou groupe de lettres. Maîtriser les liens entre lettres et sons permet donc à l'élève de reconstituer l'image phonique du mot et ainsi d'interroger son dictionnaire mental oral ; celui-là même qui permet à cet enfant de 6 ans de comprendre les mots quand on lui parle.

On comprend alors l'importance décisive de la quantité et de la qualité du vocabulaire qu'un enfant possède avant qu'il apprenne à lire. Certains enfants n'ont en effet pas eu la chance de bénéficier d'une médiation à la fois bienveillante et exigeante. Ces enfants ne possèdent qu'un nombre très restreint de mots, ces enfants en insécurité linguistique risquent d'en déduire qu'il n'y a jamais de sens derrière l'image phonique qu'ils ont construite. ce n'est donc pas le fait de déchiffrer qui est responsable d'une lecture dépourvue d'accès au sens, mais c'est le déficit du vocabulaire oral qui empêche l'enfant d'y accéder.

Le déchiffrement, que nous avons qualifié de «nécessaire», n'est pas une fin en soi ; il doit, par une progressive automatisation, conduire un enfant à une identification «orthographique» des mots qui le libérera progressivement du passage par le déchiffrage des mots. Plus l'enfant sera habile au déchiffrage, plus vite il s'en libérera pour devenir un lecteur expert pour qui l'oralisation ne constituera qu'un recours exceptionnel.

Si l'on refuse d'accepter que l'entrée au collège ne soit pour certains un jeu de massacre dans lequel chaque discipline dénoncera leur insuffisance, on doit dire avec force que l'apprentissage de la lecture ne peut se concevoir que dans la continuité. Certes, le CP en constitue un maillon essentiel, mais c'est à l'école maternelle de «livrer» des enfants maîtrisant suffisamment la langue orale ; c'est au cycle 3 de les mener sur le chemin de la compréhension des textes ; c'est au collège de les initier à la lecture de chaque discipline. Le Figaro 14/12/05

Gilles de Robien veut en finir au plus vite avec la méthode globale

Après avoir rencontré, hier, les maires de France, qui financent l'achat des manuels dans le primaire, Gilles de Robien voit aujourd'hui les éditeurs

Le figaro 14/12/05

Extraits

Pour Gilles de Robien il s'agit d'indiquer «une bonne fois pour toutes, de manière parfaitement explicite, ce qui est recommandé comme cheminement méthodique pour apprendre à lire aux enfants». Une circulaire sera éditée avant la fin de la semaine. Mais pas question, pour lui, d'un strict retour en arrière. «Je ne suis pas un passéiste qui veut des coups de règle sur les doigts et des séances entières de récitations de syllabes».

«Un bon départ en lecture et en écriture, comme les chercheurs d'aujourd'hui le préconisent, consiste à partir du son et de l'écriture du son, pour aller vers la lecture et l'écriture de la syllabe, puis du mot, puis du texte», suggère-t-il. Une méthode appelée «phonème-graphème» définie par les travaux de Jonathan Grainger, directeur du laboratoire de psychologie cognitive du CNRS et de l'université Aix-Marseille-I, et ceux de Liliane Sprenger-Charolles, directrice de recherches au laboratoire d'études sur l'acquisition et la pathologie du langage chez l'enfant de l'université Paris-V. «Mes travaux de recherche portent sur l'adulte et le lecteur expert», nuançait hier Jonathan Grainger soulignant qu'en le citant, le ministre était «un peu hors de propos».

Aujourd'hui, c'est au tour des éditeurs d'être reçus Rue de Grenelle. Objectifs : entériner sa décision d'interdire «toute méthode d'apprentissage qui s'apparente à la méthode globale, semi-globale ou assimilée».

Renoncer totalement à l'approche globale serait, selon les éditeurs, un «non-sens». Le figaro 14/12/05

M. de Robien accusé de se tromper de cible sur la lecture

 

Le Monde 13/12/05

Extraits

"Cela fait plus de vingt ans qu'il n'est plus sorti une méthode globale de lecture, [déclare] Marie-Noëlle Audigier, présidente de l'association Savoir Livre, qui regroupe six éditeurs de manuels scolaires : Belin, Bordas, Hachette, Hatier, Magnard et Nathan. Quoi qu'il en soit, nous sommes là pour respecter les programmes et les circulaires du ministère, et nous nous y conformerons."

Introduite dans les années 1970, la méthode globale pure visait à corriger les méfaits de la méthode syllabique qui conduisait une partie des élèves à ânonner des textes sans les comprendre. Consistant à visualiser et à reconnaître des mots dans leur globalité, elle a rapidement fait la preuve, elle aussi, de ses insuffisances.

Actuellement, tous les spécialistes s'accordent, y compris au ministère, pour dire que les enseignants qui persisteraient à utiliser une méthode globale pure sont très rares.

Nul ne sait précisément ce qui se passe dans les classes de CP. "Les pouvoirs publics ont toujours refusé de financer une étude qui aurait permis de faire l'inventaire des pratiques et de les mettre en rapport avec les résultats des élèves", déplore Roland Goigoux, professeur en sciences de l'éducation à l'université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand-II) et spécialiste de l'apprentissage de la lecture. Certains enseignants partent du syllabique. D'autres commencent par un travail sur le sens fondé sur la reconnaissance des mots. "La grande majorité commence par les deux voies d'emblée, considère M. Goigoux. Ce qui importe, c'est de ne négliger aucune des composantes du savoir-lire."

On considère que 15 % des élèves quittent l'école élémentaire sans bien maîtriser la lecture : 4 % ne savent pas déchiffrer, les 11 % restant déchiffrent mais ne comprennent pas ce qu'ils lisent. "Je prends le pari que, d'ici deux ans, on peut ainsi réduire le pourcentage d'écoliers qui ne savent pas lire : passer à seulement 11 % ou même 8 %", a déclaré le ministre.

Alain Bentolila, linguiste et conseiller scientifique de l'Observatoire de la lecture, affirme : "Le ministre appuie sur un point qui n'est pas sans intérêt, mais son discours est partiel et biaisé. Il repose sur deux idées fausses : celle que tout se joue au CP, à partir du choix d'une méthode de lecture."

Les prémisses de l'échec apparaissent dès la grande section de maternelle. En arrivant au CP, un élève moyen connaît quelque 1 200 mots, tandis qu'un élève en grande difficulté n'en connaît que 300. "Il échoue non pas parce qu'on ne lui a pas appris à déchiffrer, mais parce que ses possibilités lexicales ne lui permettent pas d'atteindre son but, explique M. Bentolila. C'est la maîtrise linguistique qui est en cause."

Pour Roland Goigoux, rien ne permet d'affirmer que les méthodes d'enseignement de la lecture sont en cause. "Sinon, comment expliquer que le chiffre de 4 % de non-lecteurs en sixième grimpe à 11 % dans les zones d'éducation prioritaire, alors que les méthodes de lecture utilisées sont les mêmes ?" Le Monde 13/12/05

L'apprentissage de la lecture corrigé
Les modalités de l'abandon de la méthode globale doivent être précisées cette semaine. Cette décision fait débat

La Croix 11/12/05

 

 

Extraits

Le ministre s’appuie sur une étude complète et inédite dont les conclusions prouveraient l’efficacité des «méthodes syllabiques». Or, les auteurs de ce rapport, resté confidentiel, ne se sont pas reconnus dans les propos de Gilles de Robien. «Après un travail de fond qui fait la synthèse de plus de trente ans de recherche, nous sommes parvenus à un bilan mesuré. L’opposition entre le syllabique et le global est aujourd’hui largement dépassée. De nombreuses avancées ont été faites et nous sommes parvenus à un consensus sur les bonnes pratiques», explique Son président, Erik Orsenna.

Concrètement, l’une des clés de l’accès à la lecture repose sur la maîtrise des mécanismes et des codes qui permettent de faire le lien entre les graphèmes (les lettres ou les groupes de lettres) et les phonèmes (les sons). Cependant, apprendre à déchiffrer est indispensable mais pas suffisant. Le rapport remis au ministère insiste donc sur trois points : l’apprentissage passe à la fois par l’identification des mots, la compréhension du sens et l’entrée dans le texte.

En 2003, une «conférence de consensus» [disait] «La seule méthode qu’on doive écarter est la méthode dite idéo-visuelle parce qu’elle refuse le travail systématique sur la correspondance» entre les lettres et les sons, » Toutefois[les experts] refusaient de trancher entre deux grandes «familles de méthodes» : celles qui partent du sens du texte pour aller vers un décodage phonétique et celles qui font le chemin inverse.

Les déclarations de Gilles de Robien ont fait «beaucoup de bruit pour rien», regrette Alain Bentolila, membre de l’ONL*. «Le cours préparatoire est un moment important et la méthode d’apprentissage compte. Mais affirmer que le problème de la lecture se réduit à cela ressemble à un slogan pour brosser les parents dans le sens du poil.»

Erik Orsenna prévient : «Si le ministre décide de suivre une politique contre ses experts, j’en tirerais toutes les conséquences. Sur un dossier aussi technique, il serait scandaleux de prendre la lecture des enfants en otage de combats idéologiques.» La Croix 11/12/05

M. de Robien accusé de se tromper de cible sur la lecture Le Monde 13/12/05

Robien réitère son opposition à la méthode globale et à « Toute méthode qui s'apparente de près ou de loin à la méthode globale » AFP 13/12/05

* Un exemple de travail de l'ONL « Les troubles de l‘apprentissage de la lecture »

Robien fait sa pub sur le dos de la méthode globale

Alors que cette façon d'apprendre à lire est déjà écartée des programmes, le ministre attise la polémique

Libé 10/12/05

 

Extraits

La Fédération nationale des orthophonistes s'est inquiétée du lien établi par Robien entre méthode globale et «épidémie de dyslexie», indiquant qu'«il n'existe aucune étude menée par des orthophonistes, validée scientifiquement, mettant en évidence des liens de causalité entre méthodes de lecture et pathologies du langage écrit».

Côté chercheurs, Michel Fayol, qui fut instit pendant douze ans, explique : «La mise en place systématique et régulière d'activités favorisant la conscience phonologique, associées à d'autres induisant la connaissance des lettres de l'alphabet, améliore rapidement et durablement l'apprentissage. Mais on sait bien que cet apprentissage ne concerne qu'une partie des difficultés faisant obstacle à l'acquisition de l'écrit (...). Aussi est-il important, notamment dans les milieux défavorisés, de mettre en place des activités d'acculturation : narration, lecture de petites histoires, etc.»

Les programmes ont fait ce choix d'articuler l'apprentissage du code et du sens, pour ne pas retomber dans l'ornière qui avait condamné la syllabique pure : des enfants sachant déchiffrer en ânonnant sans comprendre ce qu'ils lisent.

Pour [les Le Bris,  Boutonnet,  Capel, ou Brighelli] on ne parle pas avec les opposants à la syllabique pure qui sont décrits, au fil des livres qu[‘ils] publient, comme des «Khmers rouges» ou des «gardes rouges de la cu-culture»... Ces ouvrages présentent d'ailleurs la caractéristique d'être presque exclusivement autoréférencés et leurs bibliographies ne s'aventurent guère en dehors du cercle des écrits «amis». Les parents entendent volontiers ces dénonciations. Chacun est sommé de choisir son camp sans que le dialogue puisse se nouer. Ainsi les manuels Ratus ou Gafi (les plus utilisés en classe) sont réputés globalistes par les syllabistes purs. Libé 10/12/05

L'apprentissage syllabique permet-il des progrès rapides ?*

Un lien de causalité entre méthode globale et dyslexie n'est pas établi

 

* Le titre original a été modifié car il était partiellement contradictoire avec l’article (Le responsable du site)

 

Le Figaro 09/12/05

Extraits

La science s'invite dans le débat sur les méthodes de lecture. «A l'heure actuelle, les recherches en neurosciences ne sont pas assez avancées pour valider ou invalider telle ou telle pratique», tient à souligner Franck Ramus, du laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistiques au CNRS, pour qui il y a «une surinterprétation des résultats de la recherche».

Selon une centaine d'études nord-américaines et deux ou trois en France, «Plus l'apprentissage des correspondances entre les lettres et les sons démarre tôt, comme dans la méthode syllabique, plus les progrès vont être rapides, poursuit ce chercheur. Alors que la méthode globale a pour principe de ne pas l'inculquer et que la semi-globale la retarde.»

«Dire qu'il est plus efficace d'apprendre à lire grâce à des méthodes syllabiques du fait d'arguments reposant sur de nouvelles découvertes dans le domaine des neurosciences est un peu fallacieux», résume Franck Ramus, pour qui il n'y a pas non plus d'«épidémie de dyslexie» liée à la méthode globale. La Fédération nationale des orthophonistes est du même avis : «Il n'existe à ce jour aucune étude menée par des orthophonistes, validée scientifiquement, mettant en évidence des liens de causalité entre méthodes de lecture et pathologies du langage écrit.» Le Figaro 09/12/05

Les orthophonistes démentent tout lien entre dyslexie et méthode globale Le Monde 13/12/05

Robien veut abandonner la méthode globale et provoque une polémique

 

AFP 07/12/05

 

Extraits

Le ministre de l'Education nationale Gilles de Robien a provoqué une polémique en déclarant la guerre à la méthode globale d'apprentissage de la lecture, enseignants et parents d'élèves ironisant sur un combat contre une méthode abandonnée "depuis belle lurette"

"Il faut revenir aux méthodes syllabiques et signifier aux inspecteurs qu'ils doivent cesser de sanctionner les enseignants pratiquant la méthode syllabique", a-t-il dit sur RMC.

Le ministre a même fait état d'études d'orthophonistes selon lesquelles "la dyslexie était provoquée par une approche globale de la lecture" et de scientifiques déclarant que "le cerveau était constitué de telle façon que l'apprentissage syllabique était meilleur".

"Cette méthode n'est plus utilisée du tout et partir en guerre contre elle témoigne d'un amateurisme inquiétant", a déclaré à l'AFP le président de la FCPE, Georges Dupon-Lahitte.

"Ce ministre semble avoir besoin de parler pour exister et il ne fait que reprendre le discours aussi faux qu'éculé de ses prédécesseurs et il est gênant de voir de telles contre-vérités colportées au plus haut niveau dans l'éducation", a-t-il conclu.

AFP 07/12/05 Voir plus bas : La guerre des méthodes est finie

Haro sur la «méthode globale» Libé 09/12/05

Lecture : Robien enterre la méthode globale Le Figaro 09/12/05

Questions à... Fabrice Murat, chercheur à l'Insee
Que montre votre étude sur l'illettrisme ?

Libé 08/10/05

Extraits

12 % de la population vivant en France est dans une situation préoccupante : ils peuvent avoir des difficultés pour occuper un emploi ou se déplacer dans le métro. En restreignant l'étude aux personnes ayant été scolarisées en France, 16 % ont des difficultés partielles ou marquées, et 9 % sont dans une situation préoccupante. Pour ces dernières, on peut parler d'illettrisme, puisque c'est un terme qui s'applique aux personnes ayant des difficultés fortes à lire et à écrire alors qu'elles ont été scolarisées en France. Ce sont souvent des gens qui n'ont pas dépassé le primaire.

Les femmes ont de meilleurs résultats que les hommes en lecture : 11 % sont en grave difficulté, contre 14 % pour les hommes. Mais en calcul, les résultats sont plutôt en leur défaveur : 16 % des femmes ont des performances médiocres, contre 11 % des hommes.

La plupart des illettrés savent faire quelques petites choses : déchiffrer, écrire quelques mots, repérer des informations dans un texte. Seulement 1 ou 2 % des personnes habitants en France seraient totalement incapables de lire ou d'écrire. Libé 08/10/05 L'enquête note également une évolution en fonction de l'âge et va à l'encontre des théories sur la "baisse du niveau" des élèves en France. En effet, les personnes âgées de 18 à 29 ans ont de meilleurs résultats que les générations plus âgées, que ce soit en lecture, calcul ou compréhension orale. Ainsi en lecture, seulement 7% des personnes âgées de 18 à 29 ans éprouvent des difficultés graves ou importantes, contre 22% des 60-65 ans. Nel Obs 0710/05

L’étude est téléchargeable (format *.pdf)

Global, syllabique ou autres, les modes d'apprentissage de la lecture ont fait la paix.
La guerre des méthodes est finie

Roland Goigoux professeur des universités à Clermont-Ferrand et directeur d'un laboratoire de recherche sur l'enseignement.

 

Libé 02/09/05

Extraits

On trouve aujourd'hui moins de 10 % d'instituteurs qui utilisent des méthodes syllabique, globale ou mixte. Rappelons que cette dernière, majoritaire dans les années 60, n'était qu'une simple juxtaposition des deux précédentes (une brève phase de mémorisation de mots suivie d'une longue étude syllabique) ; elle a quasiment disparu sous cette forme et c'est une erreur de conserver le nom de «mixte» pour désigner tout ce qui n'est ni syllabique ni global.

L'immense majorité des 35 000 instituteurs chargés de l'apprentissage initial de la lecture utilisent d'autres méthodes, forgées progressivement dans les pays francophones au cours des trente dernières années.

Si elles ont fait la preuve de leur efficacité, elles présentent cependant un défaut majeur, celui de n'avoir pas de nom, pas même un qualificatif qui permettrait de les regrouper et de les distinguer des trois précédentes..

Nous proposons de qualifier ces méthodes d'«intégratives», parce qu'elles visent à développer simultanément, et en interaction, toutes les compétences requises pour lire et écrire. Les méthodes intégratives se distinguent donc à la fois des méthodes syllabique et mixte, qui se consacrent exclusivement au déchiffrage des mots (B + A = BA) et de la méthode globale qui retarde ou rend aléatoire l'étude des relations entre lettres et sons.

Si les méthodes intégratives ont progressivement supplanté les approches syllabique et mixte, c'est parce que celles-ci délaissaient des pans entiers de l'apprentissage : les activités d'écriture y étaient rares, l'étude de phrases complexes et de textes cohérents renvoyée au cours élémentaire, et l'accès à la littérature de jeunesse.

La lecture à haute voix réalisée par l'enseignant permet en effet l'accès à des récits culturellement et linguistiquement riches, qui dépassent les capacités de lecture autonome des élèves. On sait que ce travail, s'il est régulier et systématique, participe activement à l'accroissement du vocabulaire des élèves et à leur familiarisation avec la langue écrite.

À l'entrée au collège aujourd'hui, les deux tiers des élèves, ceux qui décrocheront le baccalauréat huit ans plus tard, sont d'excellents lecteurs qui accèdent à une compréhension fine des textes, sachant lire l'implicite entre les lignes.

La guerre des méthodes a fait long feu. Certes, des réglages et des améliorations restent nécessaires (notamment dans la formation initiale des maîtres), mais il est incontestable que les principaux équilibres ont été trouvés.

Il est donc urgent de consacrer les efforts et l'intelligence de tous à la résolution des problèmes qui demeurent sans réponse : comment mieux prendre en charge les 4 % d'élèves en grande difficulté qui terminent leur scolarité primaire sans savoir lire ? Comment améliorer les performances de ceux (12 %) dont les compétences en lecture sont insuffisantes à la sortie de l'école élémentaire pour leur permettre d'envisager des études secondaires avec confiance ?  Libé 02/09/05

Lecture
La guerre des méthodes

 

L'Express 06/06/05

Extraits

Syllabique, globale, mixte: quelle est la meilleure technique pour apprendre à lire aux enfants?

En France, les instituteurs, qui bénéficient en théorie, et dans les textes, d'une totale «liberté pédagogique», n'ont pas de consignes sur le sujet. La majorité des manuels - qu'ils choisissent, aussi, librement - défendent la méthode dite «mixte», c'est-à-dire globale au départ puis, au fil des pages et des mois, syllabique, ce qu'on appelle le décodage: b + a = ba.

Selon le ministère de l'Education nationale, environ 1 jeune sur 10 manifeste vers l'âge de 17 ans des difficultés réelles en lecture, «particulièrement graves» pour la moitié d'entre eux. A la fin de l'école primaire, à peine un tiers des élèves ont des performances prouvant une maîtrise complète des compétences en compréhension écrite et orale fixées par les programmes. 15% sont en difficulté, voire en grande difficulté.

A coup de livres, de pétitions ou de conférences, instituteurs, parents d'élèves et orthophonistes, regroupés pour certains dans des associations, expliquent que la seule bonne technique est de partir des petites unités, soit les syllabes, pour aller vers le mot. Les enfants, notamment ceux issus des milieux les plus défavorisés, auraient besoin d'une démarche structurée et mécanique pour démarrer dans la lecture. C'est la méthode dite «syllabique».

Les défenseurs des méthodes mixtes, soit les spécialistes en sciences de l'éducation, les chercheurs et les formateurs, estiment quant à eux que cette technique est responsable de l'ânonnement. Les difficultés des élèves ne peuvent s'expliquer uniquement par un choix de méthode, ajoutent-ils: il faut prendre en compte d'autres causes d'échecs, comme le contexte sociologique, culturel et familial de l'enfant.

Les programmes de 2002 condamnent explicitement les méthodes globales, qui incitent les enfants à photographier les mots en essayant de dégager le sens du texte. Popularisées au début du XXe siècle par Ovide Decroly, un neuropsychiatre belge, celles-ci ont explosé dans les années 1970, sous l'impulsion de l'Association française pour la lecture (AFL).

Avoir tout misé sur le contenu en faisant l'impasse sur l'apprentissage de l'alphabet était une erreur. «En 1995, on a fait une enquête sur 1 000 jeunes de 17 ans choisis parmi ceux qui avaient présenté des lacunes aux tests de repérage de l'illettrisme, raconte Alain Bentolila. Ils devaient lire un texte et relater ce qu'ils en avaient compris. Plus de 700 ont raconté une histoire apparemment cohérente, mais qui n'avait rien à voir avec le texte. Si on avait mené cette étude dans les années 1960, on aurait sûrement eu 70% d'ânonneurs, qui n'auraient pas mieux compris.»

Une conférence de consensus, «L'enseignement de la lecture à l'école primaire», a [conclu] : tout est bon sauf les techniques purement globales (appelées également «idéo-visuelles»).

Les pratiques de l'enseignant jouent un grand rôle dans les résultats de l'élève. L'expérience, la motivation et la connaissance des enfants font battre le cœur de l'instit d'un côté ou de l'autre. L'Express 06/06/05

François Fillon lance la bataille de la lecture

Le Figaro 03/02/05

 

Extraits

Après la circulaire envoyée à l'automne aux enseignants de collège, les incitant à se servir largement des dictées, récitations et autres rédactions - des méthodes «qui ont fait preuve de leur efficacité», avait-il alors expliqué - son projet de loi d'orientation sur l'école prévoit qu'aucun élève ne devra quitter le système scolaire sans posséder le socle fondamental des connaissances.

«La maîtrise de la lecture est la clef indispensable de la construction personnelle», a-t-il expliqué. Or, «le constat est connu et ne souffre pas d'équivoque : 15% des élèves qui entrent en 6e ont des difficultés à suivre une scolarité normale».

«Il ne s'agit pas de s'immiscer dans les initiatives des maîtres», affirme le ministre. Mais il est urgent, selon lui, d'établir au moins «un état des savoirs sur les méthodes d'apprentissage de la lecture».

François Fillon a confié une mission à l'écrivain Erik Orsenna, héraut de la langue française et de sa grammaire (il a publié l'an dernier Les Chevaliers du subjonctif, chez Stock), et à Dominique Borne, doyen de l'Inspection générale. «J'attends d'eux qu'ils définissent les contenus d'une formation initiale et continue des professeurs sur l'enseignement de la lecture. Sur la base de leurs travaux, je définirai alors les orientations afin que les méthodes plus efficientes soient appliquées»

Un premier travail allant dans ce sens avait déjà été effectué en 2003 par des enseignants et des chercheurs «il n'y a pas une méthode ni une forme de progression unique», concluaient les experts, mais «si l'enseignant part d'un texte, il faut impérativement qu'il descende jusqu'au déchiffrage des lettres et s'il démarre par la méthode syllabique, il doit absolument aller au-delà du mot». En d'autres termes, chaque méthode a ses avantages dès lors qu'elle est intelligemment appliquée. Le Figaro 03/02/05

Fillon: des mesures pour améliorer l'apprentissage par tous de la lecture AFP 02/02/05

François Fillon, ministre de l'Education, face à sa première rentrée:
«Encourager lecture, dictée et récitation au collège»

Libé 31/08/04

Extraits

Sur la maîtrise du français au collège, je prépare une circulaire qui vise à remettre fortement au goût du jour les exercices traditionnels qui ont fait la preuve de leur efficacité. La lecture, la dictée, la récitation, la rédaction, tous les exercices qui demandent un effort personnel.
Je sais que ces réponses sont classiques, mais le système a connu trop d'innovations pédagogiques mal assimilées dont le résultat a finalement déçu. On ne peut pas avoir une école qui ne fasse pas appel à l'effort et à l'évaluation. De la même façon, j'ai entendu un véritable cri du coeur en faveur du retour à l'autorité.
Je ne défendrai pas une loi de rupture par rapport à la loi d'orientation de 1989.
Libé 31/08/04 Voir aussi : Les cinq priorités de François Fillon Libé 31/08/04 et Le grand retour de la dictée Le Parisien 31/08/04

La ghettoïsation sociale engendre aussi une insécurité linguistique, ce qui a pour effet l'isolement accru des cités.
Pour la langue, ça craint grave

Alain Bentolila professeur de linguistique à l'université Paris-V Sorbonne

Libé 24/08/04

Extraits

Plus d'un jeune Français sur dix, après douze ans au moins passés dans les murs de l'école de la République, se trouve dans une situation d'insécurité linguistique globale. Echec scolaire, errance sociale, voilà où conduit l'incapacité de mettre en mots sa pensée avec précision et de recevoir celle de l'Autre avec exigence.

Depuis plus de trente ans, nous avons accepté ­ et parfois aveuglément encouragé ­ le regroupement dans des lieux enclavés, de populations qui avaient en commun d'être pauvres et pour la plupart de venir d'un ailleurs estompé et confus. Ces cités, peu à peu abandonnées, sont devenues des ghettos dans lesquels les liens sociaux sont très relâchés et la solidarité quasi inexistante. L'école, elle-même enclavée, n'y donne pas les moyens d'en sortir.

La ghettoïsation sociale induit un tel degré de proximité et de connivence que la réduction des moyens linguistiques utilisés apparaît comme une juste adaptation du poids des mots au choc amorti de photos mille fois vues. La ghettoïsation sociale engendre l'insécurité linguistique qui ferme à double tour les portes du ghetto : cycle infernal qu'une école elle-même enclavée, se révèle incapable de briser. Libé 24/08/04

L'instituteur dénonce les méthodes d'apprentissage « qui ne marchent pas »

'J'ai ressorti les vieux livres'

Ouest-France 26/04/04

Extraits

Directeur de l'école publique de Médréac, en Ille-et-Vilaine, Marc Le Bris :  publie son premier livre : Et vos enfants ne sauront pas lire ni compter. Un pamphlet sans concession pour alerter les parents et dénoncer « la faillite programmée de l'école française ».

J'ai connu l'école d'avant 1970. Je me rappelle comment ça se passait dans la classe où j'étais élève. Aujourd'hui, deux gamins sur dix qui entrent en 6e ne lisent pas. Ce n'était pas le cas avant 1970. Je dénonce l'idéologie dominante qui impose une pédagogie qui ne fonctionne pas. J'ai analysé les méthodes utilisées : naturelle, par devinette, par hypothèse... je sais que ça ne marche pas.

J'ai ressorti les vieux livres. Je prétends que la méthode « B-A ba » a du bon. Aujourd'hui, la méthode Boscher, méthode syllabique par excellence, se vend au rayon parascolaire à 100 000 exemplaires par an.

Il ne faudra pas 10 ans, mais 20 ou 30 pour récupérer le déficit. Ouest-France 26/04/04

Apprendre à lire - La grande angoisse

Le Point 04/03/04

Extraits

La plupart des élèves en échec en CP le sont encore en début de CE2. Ce sont les mêmes 10 % d'élèves en échec au primaire qu'on retrouve traînant leur ennui et leur révolte au collège, avant d'en sortir sans diplôme ni qualification. Tout se joue bien au CP.

Selon les maîtres, [la méthode « à départ global »] permet aux enfants de découvrir tout de suite la finalité véritable de la lecture : non pas ânonner, mais lire immédiatement des textes et en comprendre le sens.

Selon Marc Le Bris, instituteur du Finistère, auteur d'un pamphlet intitulé « Et vos enfants ne sauront pas lire... ni compter » (chez Stock), cette méthode n'est pas moins dangereuse que la globale pure. Des associations catholiques proches de l'intégrisme militent pour le rétablissement de la méthode syllabique, le bon vieux b.a.-ba.

Jean Foucambert, auteur, dans les années 80, d'un livre: « L'école de Jules Ferry, un mythe qui a la vie dure » accorde bien volontiers que la méthode syllabique a permis l'alphabétisation de tous les petits Français avant guerre. Mais, selon lui, alphabétiser n'est pas lire. Lire, c'est comprendre.

En décembre, pour rassurer tant les maîtres que les parents, l'INRP tentait un exercice original : une conférence de consensus. Tous les spécialistes sont en effet tombés d'accord pour affirmer que déchiffrer ne suffit pas. Le Point 04/03/04

Illettrisme

Un abus de langage?

L'Express 06/11/03

Extraits

L'emploi du terme illettrisme est souvent inapproprié la formule est facile pour souligner les grosses difficultés en lecture que 15% des élèves rencontrent à leur entrée au collège. Mais elle est aussi parfaitement abusive, Luc Ferry n'hésite pas à viser les 6-10 ans avec son plan de lutte contre l'illettrisme - «On ne peut absolument pas utiliser le mot illettrisme pour des petits qui sont encore en pleine phase d'apprentissage, rappelle Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme [ANLCI]. Ce terme ne doit pas servir à enfermer les gens dans une catégorie, et encore moins des enfants!» Combien la France compte-t-elle d'illettrés adultes? L'Insee avance le chiffre de 5,4%. Mais ce pourcentage comprend les personnes dont le français n'est pas la langue maternelle. Selon les chiffres militaires, 6% des jeunes de 17 ans à 18 ans, en 2001-2002, éprouvaient de très grandes difficultés à lire des mots ou des phrases isolés. L'Express 06/11/03

Les clés du combat contre l'illettrisme

Bertrand GIROD DE L’AIN

Le Figaro 01/11/03

 

Extraits

L'unanimité est désormais faite sur le constat : ce collège qui, en unifiant les scolarités postprimaires, devait «produire» l'égalité de chances, est un échec. Les élèves qui ne maîtrisent pas la lecture et l'écriture à l'entrée en sixième s'enfoncent dans l'échec et la révolte.

Le ministre a le mérite d'exposer, sans soupirs, sa thèse sur le retour nécessaire à la «transmission des savoirs». Définir la mission et le travail pédagogique des professeurs, uniquement, en terme de «transmission» est un net recul par rapport à la réforme de 1989, élaborée par Lionel Jospin. Il y était question de «transmettre et de faire acquérir connaissances et méthodes de travail». La différence n'est pas mince car elle débouche sur deux conceptions de la mission des professeurs du secondaire. Selon l'une, le professeur n'est responsable que de la qualité de sa «transmission», c'est-à-dire de son cours. Selon l'autre, c'est l'acquisition par les élèves qui est essentielle.

Quoi faire pour ces élèves sortant en grande difficulté de lecture en fin du primaire et qui vont «couler» face aux langages savants des professeurs spécialisés du collège ? il s'agit de construire des situations d'écoute de ces «malentendants» en les plaçant dans des situations où ils auront le désir de «s'exprimer». Il s'agit, donc, d'identifier des «situations pédagogiques» pouvant être offertes dès la classe de sixième et offrant les mêmes possibilités du «faire pour comprendre» que l'apprentissage. On pourrait donc mettre en place, dès la classe de sixième, des cursus fondés sur le même type d'alternance que les Maisons familiales rurales : une première période serait consacrée à l'exercice à temps plein d'une de ces activités. Ces élèves faibles ou illettrés pourraient gagner une première réussite malgré leur handicap d'expression. Le Figaro 01/11/03